sur les Jours. Cette division naturelle, mais arbitraire, a été adoptée par des Commentateurs & des Editeurs. Dans les éditions de Daniel Heinsius, imprimées in-4°. en 1603, le texte est divisé en trois parties, savoir; celle des Travaux, épycê, en deux livres numerotés par A & B; & celle des Jours, ruepôv, en un livre séparé, mais sans lettre numérique. Les Scholies en sont arrangées suivant cette division. Salvini l'a suivie dans sa traduction en vers italiens : il en fait deux Livres qu'il intitule : 1 Lavori e le Giornate ; mais il en sépare les Jours sous ce titre : 1 Giorni ďHesiodo Ascreo. La première partie est la seule que j'aye traduite ou imitée. C'est un Ouvrage de morale dont les préceptes excellens peuvent convenir à toutes les professions, principalement aux cultivateurs, sans leur rien apprendre cependant de l'art du labourage. Le Poëte n'entre en matière qu'au premier vers du se cond Livre, Πληλαδων ατλαγενέων επιτελλομενάων αρκεθ' άματα Commence à moissonner quand les Pleiades se lèvent. Les leçons qu'il donne à son frère Persès, ne sont qu'une espèce de calendrier rustique dont Virgile a pris plusieurs traits; il en a rendu littéralement quelques - uns qu'il valoit mieux expliquer que traduire mot à mot, tels, entre autres, que cet axiome choquant d'agriculture, s'il falloit l'entendre dans son sens rigoureux. Laboure nu , sème nu, moissonne nu (1) ou sans habits, suivant la traduction mitigée de M. l'Abbé Bergier ; ce que Virgile a traduit ainsi avec l'exactitude la plus littérale : Nudus aru , sere nudus , demi-vers auquel un plaisant qui n'étoit pas un sot, ajouta cet hémistiche: Habebis frigora febrem. Des laboureurs qui sèmeroient nuds ou en chemise, ne vieilliroient pas à ce métier. Je pense qu'en vers comme en prose, toute proposition isolée doit s'entendre & s'expliquer par elle-même sans interprétation ni commentaire. Après avoir débité succinctement des préceptes superficiels d'agriculture, mêlés néanmoins de peintures agréables, Hésiode passe (1) Γυμνόν σπείρειν, γυμνόν δε βρωτεϊν, Γυμνόν δ'αμάθαι. Βιβλ. β. ν. 2. aux détails encore plus secs de la navigation La seconde moitié du Poëme d'Hésiode pourra se satisfaire sur cela dans l'excellente traduction en prose qu'a faite M. l'Abbé Bergier de toutes les Poésies d'Hésiode, avec des notes un peu systématiques, mais pleines d'érudition & d'agrément. La partie intitulée les Travaux , est vraiment digne d'un grand Poëte par la beauté des images & par l'harmonie des vers. J'ai cru pourtant devoir la resserrer. L'abondance y dégénère en répétitions & en longueurs. que la Le début en est pompeux sans enflure. Le ton philosophique y perce dès les premiers vers, sur-tout dans le tableau: des deux pouvoirs opposés qui forment les inclinations des hommes, & qui décident de leur bonheur ou de leur malheur. Rien n'est plus beau description des cinq différens âges du monde; car il en compte cinq, & non pas quatre , comme M. Rollin ( 1 ) l'a dit par inadvertence. L'épisode de Pandore est charmant. Ce Poëme enfin, depuis l'invocation jusqu'au commencement de la seconde partie , est un des plus recommandables monumens de la Poésie Grecque. Hesiode s'y est élevé au-dessus de lui-même. Sa versification n'est guère inférieure à celle d'Homère. Ses préceptes sont lumineux & justes. Il a souvent de ces vers sententieux qu'on retient aisément par coeur , & qui renferment des traits de morale ou des vérités utiles. Comme Homère & comme Virgile, il respecte par-tout la Religion & les moeurs. Il n'est ni licencieux ni impie. Ce sont-là les Poëtes qu'on peut appeller Philosophes. (1) Hist. anc. tom. II, pag. 618. topillo LES TRAVAUX ET LES JOURS, POEME TRADUIT OU IMITÉ Τ Ι LIVRE PREMIER. ILLES du Dieu puissant qui régit l'univers, C'est lui, c'est ce grand Dieu dont la foudre est la voix, Qui parmi les éclairs nous prononce ses loix, Qui sait nous enrichir au sein de l'indigence, Du riche trop superbe écraser l'opulence, Humilier les grands, terrasser leur fierté, |