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Et ceux qui de Capène habitent les forêts,
D'un monarque invincible innombrables sujets,
Dans un ordre guerrier alignant leurs phalanges,
Marchoient, suivant ses pas et chantant ses louanges:
A leurs chants, on croiroit entendre dans les cieux
Dé cygnes argentés un chœur mélodieux,
Qui, revenus le soir de leurs verts pâturages,
Et glissant doucement à travers les nuages,
Ont quitté le Caïstre ou les roseaux fangeux
Qui bordent d'Asia les flots marécageux,
Et du son de leur voix et du bruit de leurs ailes
De loin font retentir les rives paternelles.

A leur nombre on croit voir, non des rangs de soldats
Sous leurs armes d'airain s'avançant à grands pas,
Mais ces essaims ailés, enfans des eaux profondes,
Qui, de la haute mer abandonnant les ondes,
S'élançent dans les airs en bruyans tourbillons,
Obscurcissent les cieux de leurs noirs bataillons,
Et, poussant vers la terre un cri rauque et sauvage,
Comme an nuage épais vont s'abattre au rivage.

Voyez le noble auteur d'un nom cher aux Romains, Ce Clausus qui, sorti du vieux sang des Sabins,

III.

22

Claudia nunc a diffunditur et tribus et gens

quo

Per Latium, postquam in partem data Roma Sabinis.
Una ingens Amiterna cohors, priscique Quirites,
Ereti manus omnis, oliviferæque Mutuscæ;
Qui Nomentum urbem, qui rosea rura Velini,
Qui Tetrica horrentes rupes; montemque Severum,
Casperiamque colunt, Forulosque, et flumen Himellä;
Qui Thybrim Fabarinque bibunt; quos frigida misit
Nursia, et Hortinæ classes, populique Latini;
Quosque secans infaustum interluit Allia nomen :
Quam multi Libyco volvuntur marmore fluctus,
Sævus ubi Orion hibernis conditur undis;
Vel quàm sole novo densa torrentur aristæ,
Aut Hermi campo, aut Lyciæ flaventibus arvis.
Scuta sonant, pulsuque pedum conterrita tellus.

De leur race guerrière, à vaincre accoutumée,

Forme une armée immense, et vaut seul une armée, Depuis que Rome antique en ses jours triomphans Associa son peuple aux droits de ses enfans,

Le Tibre voit encor briller du même lustre

Et sa tribu nombreuse et sa famille illustre :

Sous lui marche Amiterne et ses nombreux essaims,
Les Cures d'où naîtront les Quirites romains,
Érétum, Mutusca dont le peuple héroïque
Quitte pour le laurier son arbre pacifique,
Ceux dont le Vélino baigne les champs heureux,
Ceux qui de Tétricum peuplent les rocs affreux,
Ceux qui bordent l'Himelle, ou qu'éleva Nomente,
Que nourrit Caspérie, ou que Forule enfante,
Ceux qui boivent le Tibre et le clair Fabaris,
Et des froids Nursiens les soldats aguerris,
Les bataillons d'Horta, les bandes valeureuses
Qu'enfermoient des Latins les cités populeuses,
El ceux que de ses flots, fameux par nos destins,
Sépare l'Allia, nom fatal aux Romains.
Leur nombre égale aux yeux les vagues que
L'orageux Orion quand sa course s'achève,

soulève

Hinc Agamemnonius, Trojani nominis hostis, Curru jungit Halesus equos, Turnoque feroces Mille rapit populos : vertunt felicia Baccho

Massica qui rastris, et quos de collibus altis
Aurunci misère patres, Sidicinaque juxta
Æquora, quique Cales linquunt, amnisque vadosi
Accola Vulturni, pariterque Saliculus asper,
Oscorumque manus. Teretes sunt aclydes illis
Tela, sed hæc lento mos est aptare flagello;
Lævas cætra tegit; falcati comminus enses.

Nec tu carminibus nostris indictus abibis, (Ebale, quem generasse Telon Sebethide nympha Fertur, Teleboùm Capreas quum regna tenereț

Les épis lyciens du soleil colorés,

Et ceux
que voit mûrir l'Hermus aux flots dorés:
Leurs pas, leurs boucliers retentissent ensemble;
L'air au loin en frémit, et la campagne tremble.

Puis vole sur son char un fils d'Agamemnon, Halésus, qui de Troie abhorre encor le nom. Sur ses pas ont couru cent peuples redoutables, Ceux dont Massique emplit les coupes délectables, Massique à qui Bacchus prodigue ses bienfaits, L'Aurunce descendu de ses rudes sommets, Le Sidicin des mers bordant l'humide plage, Ceux qu'envoya Calès, ceux que sur son rivage Rassemble le Vulturne aux courans sablonneux, Et l'âpre Saticule, et les Osques nombreux Dont le long fouet, sifflant dans leur main intrépide, De loin à l'ennemi lance un trait plus rapide; Leur bras d'un cuir durci se fait un bouclier, Leur glaive offre de près son croissant meurtrier, Toi-même, illustre chef d'une ligue fatale, Toi-même dans mes vers tu revivras, bale, Ebale qu'ont produit, pour l'honneur de leur nom, La nymphe Sébéthis et le vieux roi Télon,

22.་་

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