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Il faut savoir encore interroger les cieux *. L'Arcture, les Chevreaux, le Dragon lumineux, Sont pour le laboureur d'aussi fideles guides

Que pour
l'adroit nocher qui, sur des mers perfides,
Implorant son pays, la terre, et le repos,
Du détroit de Léandre ose affronter les flots.
Observe donc leur cours. Sitôt que la Balance **
Du travail, du repos, du bruit, et du silence,
Rendra l'empire égal, et du trône des airs
Entre l'ombre et le jour suspendra l'univers,
Avant que des vents froids le souffle la resserre,
Tandis qu'elle est traitable, on façonne la terre :
De tes taureaux nerveux aiguillonne les flancs;
Seme l'orge, le lin, les pavots nourrissants;
Ne quitte point le soc: hâte-toi; les tempêtes
Vont verser les torrents suspendus sur nos têtes.
Sitôt que dans nos champs Zéphire est de retour,

On

y seme la feve; et quand l'astre du jour (11), Ouvrant dans le Taureau sa brillante carriere, Engloutit Sirius (12) dans des flots de lumiere, Les sillons amollis reçoivent les sainfoins, Et le millet doré (13) redemande tes soins. Préferes-tu des blés dont les gerbes flottantes Roulent au gré des vents leurs ondes jaunissantes? Attends jusqu'au lever (14) de la Couronne d'or. Plusieurs jettent leurs grains quand Maïa luit encor: Mais la terre à regret reçoit cette semence,

Antè tibi Eoæ Atlantides abscondantur,
Gnosiaque ardentis decedat stella Corona,

Debita quàm sulcis committas semina, quàmque credere terræ.

Invitæ properes anni spem

Multi ante occasum Maïæ cœpere: sed illos
Expectata seges vanis elusit aristis.

Si verò viciamque seres vilemque faselum,
Nec Pelusiaca curam aspernabere lentis ;
Haud obscura cadens mittet tibi signa Bootes:
Incipe, et ad medias sementem extende pruinas.
Idcirco certis dimensum partibus orbem
Per duodena regit mundi sol aureus astra.
Quinque tenent cœlum zona; quarum una corusco
Semper sole rubens, et torrida semper ab igni:
Quam circum extrema dextrâ lævâque trahuntur
Cæruleâ glacie concretæ atque imbribus atris:
Has inter mediamque, duæ mortalibus ægris
Munere concessæ divûm, via secta per ambas,
Obliquus quà se signorum verteret ordo.

Mundus ut ad Scythiam Rhipæasque arduus arces
Consurgit, premitur Libya devexus in austros.
Hic vertex nobis semper sublimis: at illum
Sub pedibus Styx atra videt, Manesque profundi.
Maximus hîc flexu sinuoso elabitur Anguis

* Deux autres, s'écartant d'une égale distance,
Siege de noirs frimas, bornent ce globe immense;

Et de maigres épis trompent leur espérance.
La faisole à tes soins a-t-elle quelque part?
Jusqu'à l'humble lentille abaisses-tu ton art?
Attends que dans les cieux (15) disparoisse l'Arcture,
Et poursuis jusqu'au temps où regne la froidure.
Pour régler nos travaux, pour marquer les saisons,
L'art divisa du ciel les vastes régions.

Soleil, ame du monde, océan de lumiere,

Douze astres différents partagent ta carriere.
Cinq zones (16) de l'olympe embrassent le contour:
L'une des feux brûlants est l'aride séjour;

Deux autres, qu'en tout temps attriste la froidure *,
Des deux poles glacés ont formé la ceinture :
Mais, entre ces glaçons et ces feux éternels,
Deux autres ont reçu les malheureux mortels,
Et dans son cours brillant bornent l'oblique voie
Où du dieu des saisons la marche se déploie.

Le globe vers le nord (17) hérissé de frimas
S'éleve, et redescend vers les brûlants climats.
Notre pole des cieux voit la clarté sublime ;
Du Tartare profond l'autre touche l'abyme.
Calisto (18), dont le char craint les flots de Téthys,

Mais, entre ces glaçons et ces feux éternels,
Deux autres ont reçu les malheureux mortels,
Et terminent l'espace où la ligue écliptique
S'étend obliquement jusqu'au double tropique.

Circùm ; perque duas in morem fluminis Arctos,
Arctos oceani metuentes æquore tingi:

Illic, ut perhibent, aut intempesta silet nox
Semper et obtentâ densantur nocte tenebræ ;
Aut redit a nobis Aurora, diemque reducit;
Nosque ubi primus equis Oriens afflavit anhelis,
Illic sera rubens accendit lumina Vesper.

Hinc tempestates dubio prædiscere cœlo
Possumus, hinc messisque diem tempusque serendi;
Et quando infidum remis impellere marmor
Conveniat ; quando armatas deducere classes,
Aut tempestivam sylvis evertere pinum.

Nec frustra signorum obitus speculamur et ortus,
Temporibusque parem diversis quattuor annum.
Frigidus agricolam si quando continet imber,
Multa, forent quæ mox cœlo properanda sereno,
Maturare datur: durum procudit arator
Vomeris obtusi dentem; cavat arbore lintres;
Aut pecori signum, aut numeros impressit acervis: `
Exacuunt alii vallos furcasque bicornes,
Atque Amerina parant lentæ retinacula viti:
Nunc facilis rubeâ texatur fiscina virgâ;
Nunc torrete igni fruges, nunc frangite saxo.
Quippe etiam festis quædam exercere diebus
Fas et jura sinunt: rivos deducere nulla

* Plusieurs font à loisir, durant les jours d'orage,

Vers les glaces du nord brille auprès de son fils;
Le Dragon les embrasse ainsi qu'un fleuve immense.
Le pole du midi, noir séjour du Silence,

N'offre aux tristes humains qu'une éternelle nuit :
Peut-être en nous quittant Phébus chez eux s'enfuit;
Et lorsque ses coursiers nous soufflent la lumiere,
Pour eux l'obscure nuit commence sa carriere.

Le globe ainsi connu t'annonce les saisons; Quand il faut ou semer, ou couper les moissons, Abattre le sapin destiné pour Neptune,

Aux infideles mers confier sa fortune:

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Et ce n'est pas en vain que ces astres brillants
En quatre temps égaux nous partagent les ans.
Plusieurs font à loisir, retenus par l'orage
Ce qu'il faudroit hâter sous un ciel sans nuage:
Ils aiguisent leur soc, ils comptent leurs boisseaux;
Creusent une nacelle, ou marquent leurs troupeaux;
Préparent des liens à leurs vignes naissantes;
Taillent des pieus aigus, des fourches menaçantes;
La meule met en poudre ou le feu cuit leurs grains,
Et le jonc en panier s'arrondit sous leurs mains.
Les fêtes même, il est un travail légitime:
Ne peut-on pas alors sans scrupule et sans crime
Tendre un piege aux oiseaux, embraser des buissons,

Ce qui des jours sereins déroberoit l'usage:

Ils aiguisent leur soc....

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