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Progeniem nidosque fovent: hinc arte recentes
Excudunt ceras, et mella tenacia fingunt.

Hinc ubi jam emissum caveis ad sidera cœli Nare per æstatem liquidam suspexeris agmen, Obscuramque trahi vento mirabere nubem, Contemplator; aquas dulces et frondea semper Tecta petunt : huc tu jussos asperge sapores, Trita melisphylla, et cerinthæ ignobile gramen : Tinnitusque cie, et Matris quate cymbala circùm. Ipsæ consident medicatis sedibus; ipsæ

Intima more suo sese in cunabula condent.

Sin autem ad pugnam exierint (nam sæpè duobus Regibus incessit magno discordia motu), Continuòque animos vulgi et trepidantia bello. Corda licet longè præsciscere; namque morantes Martius ille æris rauci canor increpat, et vox Auditur fractos sonitus imitata tubarum.

On

n la voit s'oubliant pour sa postérité, Intasser sans relâche et la cire odorante 't du miel savoureux la liqueur transparente. Lorsqu'enfin vous verrez les timides essaims. lager sous un ciel pur, et flotter incertains alancés par les vents tels qu'un léger nuage; uivez des yeux leur vol : l'eau, la fraîcheur, l'ombrage, En sont toujours le terme. Ayez soin d'y porter Des parfums dont l'odeur puisse les arrêter. rottez quelques paniers de thim et de mélisse; Que l'air aux environs s'ébranle et retentisse D'un bruit confus de voix et d'instrumens d'airain, Dans l'osier parfumé, tout se blotit soudain. l'effroi cesse, la faim réveille l'industrie, Et de l'essaim déjà la ruche est la patrie.

Mais souvent la discorde en vient troubler la paix: Deux Rois en deux partis divisent les sujets.

Cout s'anime aux combats : un sourd et long murmure De la guerre civile est l'infaillible augure.

Tome IX.

Sur la Prosodie de la langue française

et la Versification mètrique.

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Il n'est pas très-commun de bien écrire en français. Il est encore plus rare de lire parfaitement, quoique la vue ait alors le temps d'avertir la voix des syllabes que celle-ci va prononcer. Mais une chose plus rare qu'on ne peut le dire et le croire, c'est de bien parler.

Pour bien parler, il ne suffit point que le sténographe qui vous écoute ait à rendre un discours où l'ordre, la clarté, la raison, la précision, se revêtent, selon le sujet, d'élégance, de grâce, d'énergie, d'éloquence, et ne s'écartent jamais de la correction grammaticale: conditions que tout le monde ne remplit pas, que nul homme peut-être ne remplit toujours. Il faut encore que la prononciation de ce discours avec lui d'une parfaite harmonie, qu'auc ne s'y trouve éloigné dans aucup labes de la mesure déterminée

qui entre plus qu'on ne pens tion de ce mot.

On trouve quelques ba notre langue est sans pro arbitraire, et quelques sement beaucoup de jeu ceux-ci ne deviendront

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n'est pas une grande perte. Mais la chose est absurde. Toute langue est parlée selon ses règles, son génie, l'étymologie et le sens des termes. qu'elle emploie.

Il n'est pas une langue dont toutes les syllabes soient de la même mesure. On a distingué nettement dans le latin des longues, des bréves, et ce qu'on a jusqu'à présent appellé des douteuses. Cette dernière expression est trèsimpropre. Il ne peut y avoir rien de douteux dans les bonnes façons de parler, ou de prononcer on parle, on prononce bien ou mal. Une syllabe qui n'est ni bréve ni longue n'est pas douteuse; puisqu'on ne doute point qu'elle n'a ni l'une ni l'autre des qualités extrêmes. Qu'estelle donc? elle est moyenne (1).

(1) Il est vrai qu'on trouve, dans Virgile même, des syllabes employées quelquefois comme longues et quelquefois comme breves.

Il faut observer sur elles que dans toutes les langues il y a des syllabes bréves par elles-mêmes, qui deviennent longues par leur position devant ou après d'autres syllabes. Elles ne sont pas pour cela douteuses, ni même variables; puisque ce changement est soumis à des loix invariables.

Il est aussi arrivé aux meilleurs Poètes de manquer à la règle; par une licence, c'est-à-dire une paresse, qui a toujours êté fort rare chez eux.

Le grand Racine n'a pas corrigé ce vers:

« Visir, songez à vous, je vous en averti, »

où la conjugaison a êté violée, et une syllabe bréve substituée à la longue que la grammaire exigeait.

Une faute, quel que soit l'homme qui l'ait commise, n'est pas une autorité.

Nous ne sommes pas certains que toutes les longues et toutes les bréves du latin aient eu exactement la même mesure. Quand nous la leur donnons, il y a de fortes raisons de croire que nous prononçons mal, et que nous affligerions l'oreille de Virgile: un goût délicat, un sentiment poëtique peuvent discerner dans ses vers outre quelques moyennes, des demi-longues et des demi-bréves qu'il rapproche et mélange, dont il balance et proportionne les mésures, selon l'idée qu'il veut peindre, et l'émotion qu'il lui plaît de nous donner.

Le Grec, plus abondant et plus harmonieux

que le Latin, a aussi une prosodie, non moins régulière, mais plus accentuée, plus variée. Quoique dégénèré dans la prononciation des Grecs modernes, dont les savans néanmoins remontent plus aisément que nous à la langue de leurs Ancêtres, on y reconnaît fort bien des longues, des bréves, des très-longues, des trèsbréves, des demi-longues, des demi-bréves et des moyennes. C'est ce qu'expriment, dans notre manière de peindre les tems qu'occupent les sons notés, la ronde, la blanche, la noire, la croche ou moyenne, la double, la triple', la quadruple croche. Et c'est un avantage aussi remarquable dans notre Français, qui n'est point assez estimé, que dans le Grec qui parmi les langues est la belle

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