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Dans ce vaste jardin, par ses flots embelli,
Il épanche une urne féconde;

Bientôt, ruisseau stérile, et sans cesse affaibli,

Il court, dans la fange et l'oubli,
Cacher l'opprobre de son onde.

Ah! le peuple français repousse avec horreur
Ces flétrissantes destinées.

Liberté, chez les rois va porter la terreur;
Parmi nous répands le bonheur,
Comme en tes premières journées!

De la plaine de Mars où sont les jeux charmans?
Où sont les fêtes solennelles

Qui, dans la France entière, au milieu des sermens,
Voyaient, par mille embrassemens,

S'unir nos cités fraternelles!

Le soleil, souriant à notre liberté,
Hâtait le lever de l'aurore,

Et, sur l'autel sacré planant avec fierté,
De son immortelle clarté

Dorait l'étendard tricolore.

La nuit succède au jour, et le crêpe du deuil
Couvre nos villes désolées;

La licence aujourd'hui triomphe avec orgueil;
La liberté marche au cercueil;

Les lois l'accompagnent voilées.

Vulcain, vainqueur du Xante, au fond de ses roscaux

Portait la flamme dévorante;

Ainsi le fanatisme, agitant ses flambeaux,
Embrâse et soulève les eaux

De la Loire et de la Charente.

Philippe, c'est ainsi qu'en tes champs inhumains
De Jule on vit l'image errante,

Le diadême au front, le glaive entre les mains,
Combattre les derniers Romains

Et la république expirante,

Quand Brutus, ne voulant ni régner ni servir,
Voyant Rome à jamais flétrie,
Accusant la vertu qui le faisait périr,
Confondit son dernier soupir

Avec celui de la patrie!

De la France éperdue infortunés enfans,
Contemplez sa douleur amère;

Déposez votre rage et vos glaives sanglans;

Ne vous battez plus dans les flancs
De votre déplorable mère.

O terre des Gaulois, redoutables remparts,
Champs fortunés, douce contrée,

Bords chéris d'Apollon, de Cérès et de Mars,
Terre hospitalière des arts,

Sois libre, opulente, adorée!

Tous les rois sont armés pour déchirer ton sein;
A leurs yeux rien ne peut t'absoudre;

Mais bientôt, si tu veux mériter ton destin,
Le colosse républicain

Réduira tous les rois en poudre.

Imprimant sur ton sol un pied profanateur,
Ils osent te porter la guerre;

Ils trouveront la mort : peuple triomphateur,
Qu'à ton souffle exterminateur

Ils disparaissent de la terre!

Mais plus de sang français; laisse frapper les lois: Leurs vengeances sont légitimes;

Peuple républicain, n'imite point les rois

Dont la fureur a tant de fois

Puni les crimes par des crimes!

Renais chez les mortels, aimable égalité;

Viens briser le glaive anarchique: Revenez, douces lois, justice, humanité; Sans les mœurs point de liberté, Sans vertu, point de république.

DITHYRAMBE

SUR

LA FÉDÉRATION.

1793.

VIVE à jamais, vive la liberté!

Reçois nos vœux, chère et sainte patrie: Nous jurons d'obéir, de donner notre vie Pour nos lois, pour l'égalité;

Que la France entière s'écrie:

Vive à jamais, vive la liberté!

Habitans des cités, habitans des campagnes,
Peuple vaillant, peuple vainqueur,

Accourez, amenez vos enfans, vos compagnes;
Chantez la liberté, chantez votre bonheur!

Autrefois, vous courbiez la tête.
Sous le joug des grands et des rois;
Ce jour vous a rendu vos droits;
Conservez bien votre conquête;

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