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moins délicate: elle a pour objet de savoir si l'impôt doit avoir pour seule mesure les besoins de l'état, ou si (abstraction faite de ces besoins ), il est utile de l'étendre autant que peut le supporter l'agriculture et l'industrie. Nous nous contentons d'indiquer ce probleme ce sera au lecteur à puiser dans les sources pour se mettre à même de le résoudre, c'est-à-dire, de décider si l'affirmative est vraie ou erronée, et, dans la première hypothèse, de faire les calculs néces saires pour la mettre utilement en pratique.

CHAPITRE X X I.

De l'agriculture, de l'industrie et du commerce.

S 1.

L'agriculture est le fondement de la richesse nationale, parce que c'est elle qui alimente les habitans, attire et soutient l'industrie et le commerce, et qui avance la plus grande partie des charges publiques. Un état d'une petite étendue peut à toute rigueur y suppléer par les produits de son industrie : mais cela est impossible à une grande nation; et cette vérité n'exige point de preuve. Pour faire prospérer l'agriculture il lui faut protection, encouragement, faveur et liberté. Il faut la

considérer comme la base de l'ordre social, puisqu'elle est fondée sur la propriété ; elle est par conséquent inhérente au premier objet de lois publiques et privées.

$ 2.

:

L'industrie est l'émule de l'agriculture elles s'attirent et se soutiennent réciproquement; elles demandent donc la même attention, les mêmes encouragemens de la part du gouvernement: mais la balance entre ces deux objets est difficile à tenir : elle exige une grande connoissance de la situation intérieure de l'État, de l'étendue de sa culture, de ses ressources, de sa population; de ses contacts, du génie de ses habitans (55).

S 3.

Le commerce est l'intermédiaire entre l'agriculture, l'industrie et le consommateur; il ménage le temps à ces trois classes, et facilite les échanges. La liberté est de son essence : la gêne réglementaire l'effraye, le fait languir, et finit par le détruire, ou bien elle introduit la fraude.

S 4.

La liberté exige une libre circulation dans l'intérieur cette règle n'admet pas d'excep: tion; toutes celles qu'on pourroit se permettre

seroient une erreur, une violation des p mières notions de l'économie politique. marchés publics lui sont favorables; ils s même très utiles, parce qu'ils provoqu la concurrence, et préviennent le renché sement et le monopole, qui est un régi destructeur de l'industrie.

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On peut dire la même chose du systên prohibitif à l'égard du commerce extérieu en effet, ce systême influe sur les exporta tions de la nation qui l'a adopté, parce qu contrarie les échanges, qui sont la véritabl base du commerce; il établit un monopol sur le consommateur, qui doit être le premie objet de la sollicitude des gouvernemens il opère le relâchement dans la fabrique e en-même-temps la hausse des prix; il provoque des représailles, la malveillance, de l'aigreur; et de - là à une rupture il n'y a qu'un bien petit intervalle à franchir. De plus il favorise le commerce interloppe qui, abstraction faite de son immoralité, nuit enmême-temps au commerce légitime et au fisc: d'ailleurs il est d'autant plus dangereux, qu'il est à-peu-près impossible de l'empêcher, et que les moyens de surveillance exigent une dépense perdue excédant le préjudice qu'éprouve le

trésor public. Je ne mets pas en ligne de compte les vexations, les procédés arbitraires, les infidélités, les friponneries, etc. toutes ces vérités sont fondées sur l'expérience.

Je sais bien que de tout temps l'intérêt personnel a réclamé contre ces principes libéraux; mais cet intérêt est rarement établi sur les mêmes bases que l'intérêt public, quoiqu'il en prenne le masque: celui-ci doit embrasser la masse totale de la société, et non se borner à des classes particulières qui se disent la nation, pour arracher des privilèges, et s'enrichir à ses dépens.

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Quant au systême à adopter pour fixer équitablement les droits d'entrée, je m'abstiens d'en parler, parce que les détails dans lesquels je serois obligé d'entrer m'écarteroient de mon sujet; je me borne à observer que la principale mesure à prendre est d'empêcher les bénéfices du fraudeur, il en est une autre pour dissiper le préjudice qu'on pourroit craindre de la concurrence étrangère, c'est le perfectionnement des manufactures nationales, l'encouragement à donner à celles qui par ce moyen sont en état de prospérer; celles qui ne le sont pas, c'està-dire, qui n'ont point de capitaux et qui'

sont à-peu-près ruinées par le vice radical de leur établissement, doivent être abandonnées; car on seroit forcé de les soutenir aux dépens du consommateur et de la nation; et cependant ce sont en général ces derniers qui crient le plus haut en faveur du monopole.

CHAPITRE XXII.

De la Propriété.

SI.

On appelle communément propriété, le droit exclusif de posséder une chose ou d'en user, et d'en disposer à son gré. Les propriétés sont ou mobiliaires ou foncières; il n'est question ici que de ces dernières.

S 2.

La propriété n'a point existé dans l'état primitif du monde; et elle n'est pas plus inhérente à la nature humaine que l'hérédité: originairement les hommes ne possédoient pas plus que les animaux ne possèdent aujourd'hui; la terre étoit commune à tous, et n'appartenoit à personne. Lorsque la culture est devenue nécessaire pour la subsistance de l'homme chacun affectionnoit naturellement le terrein qu'il avoit défriché à la sueur de son front, et qui lui offroit le fruit et la récompense de ses

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