D'UN ESSAI SUR LES POÈTES BUCOLIQUES, Fier: François Jules. M. SERVAN DE SUGNY. PARIS. J. C. BLOSSE, LIBRAIRE, COUR DU COMMERCE, N° 7, F. S. G. - M DCCC XXIX. THEOCRITE fut cité, de son vivant, comme le premier des poètes bucoliques; la postérité a confirmé ce jugement de ses contemporains. On a rendu justice à Bion et à Moschus, qui furent ses émules, et non pas ses rivaux dans la poésie pastorale: on a loué l'élégance de leur style, le charme de leurs pensées; mais on leur a trouvé de la manière, de la prétention, du mauvais goût, sorte de défauts qu'il est impossible d'excuser dans un genre de composition qui demande tant d'abandon et de naïveté. On remar que trop rarement chez eux les beautés de leur modèle, et trop souvent les défauts qu'il n'a pas. Qu'on ne croie point, cependant, qu'en ma qualité de traducteur, je regarde Théocrite comme un auteur parfait : il a des défauts sans doute; mais ce sont de ces imperfections qu'on pardonne facilement, parce qu'elles ont de la grâce, et que la grâce fait tout passer 1. Le plus judicieux critique de l'antiquité, dont le nom est devenu un éloge, Quintilien, reproche à la muse de Théocrite un peu de rusticité; mais c'est après avoir déclaré que ce poète est admirable dans son genre 2. Ce reproche de rusticité est fondé sur quelques traits heureusement fort rares, mais qui feraient La grâce est tout, avec elle tout passe. 2 Inst. orat., lib. 10, Aulu-Gelle (lib. 9) trouve dans les vers de Théocrite une admirable douceur. Je ne citerai point tous les auteurs qui en ont fait l'éloge: cette liste serait trop longue; je remarquerai seulement que Servius, commentateur de Virgile, a déclaré Théocrite est supérieur à Bion, à Moschus et à tous les autres poètes bucoliques. que |