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fans; tout le monde, trouvant des peaux ou des laines dans fes troupeaux, il n'y auroit plus une dépenfe immenfe à faire pour les habits; les grands, qui aiment toujours le luxe & qui ne le pourroient trouver que dans leur pays, encourage roient les pauvres au travail. Je dis que cette nation feroit plus floriffante, à moins qu'elle ne devint barbare: chofe que les loix pourroient prévenir.

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Confidérons à préfent le Japon. quantité exceffive de ce qu'il peut recevoir, produit la quantité excelfive de ce qu'il peut envoyer: les chofes feront en équilibre comme fi l'importation & l'exportation étoient modérées; & d'ailleurs cette efpece d'enflure produira à l'état mille avantages: il aura plus de confommation. plus de chofes fur lefquelles les arts peuvent s'exercer, plus d'hommes employés, plus de moyens d'acquérir de la puiffance: il peut arriver des cas où l'on ait befoin d'un fecours prompt, qu'un état fi plein peut donner plutôt qu'un autre. Il eft difficile qu'un pays n'ait des chofes fuperAues mais c'eft la nature du commerce de rendre les chofes fuperflues utiles; & & les utiles néceffaires. L'état pourra donc donner les chofes néceffaires à un plus grand nombre de fujets.

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Difons donc que ce ne font point les nations qui n'ont befoin de rien, qui perdent à faire le commerce; ce font celles qui ont befoin de tout.

Ce ne font point les peuples qui fe fuffifent à eux-mêmes, mais ceux qui n'ont rien chez eux, qui trouvent de l'avantage à ne trafiquer avec perfonne (i).

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LIVRE

(i) Mr. de MONTESQUIEU paroit aimer les paradoxes. Dans un ouvrage tel que celui-ci, il convient pourtant de parler clair: rien n'y eft plus déplacé que les jeux de mots. Un pays, (dit notre Auteur pag. 329) qui envoie toujours moins de marchandises ou de denrées qu'il n'en » reçoit, fe met lui-même en équilibre en s'ap"pauvriffant " Ce paffage ne fignifie rien, à moins qu'il ne foit placé - là pour nous dire, qu'un pays qui tire d'un autre pays pour une valeur au deffus de celle dont elle le fournit, doit s'appauvrir à la longue; & en ce cas ce pasfage ne dit qu'une chofe que tout le monde fait. Mr. de MONTESQUIEU en conclut >> que ce ne font donc point les nations qui n'ont befoin de rien qui perdent à faire le commerce; que ce font celles qui ont befoin de tout. Ce ne font point, » (ajoute-t-il) les peuples qui fe fuffifent à euxmêmes, mais ceux qui n'ont rien chez eux, qui trouvent de l'avantage à ne trafiquer avec perfonne". Et avec quoi des peuples qui n'ont rien trafiqueroient-ils ? N'accufons pas Mr. le Préfident d'avoir manqué la vérité : car il est évident qu'on ne peut pas fuppofer une nation capable de fournir à toutes les autres de fon propre fonds, de quoi compenfer

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Des loix, dans le rapport qu'elles ont avec le commerce, confidéré dans les révolutions qu'il a eues dans le monde.

CHAPITRE PREMIER.

Quelques confidérations générales.

UOIQUE le commerce foit ju jet à de grandes révolutions, il peut arriver que de certaines caufes phyfiques, la qualité du terrein ou du climat, fixent pour jamais fa nature. Nous

un befoin auffi énorme que celui du tout; & que ceux, qui n'auroient rien chez eux, devroient néceffairement trouver de l'avantage à ne trafiquer avec perfonne, parce que n'ayant aucune valeur qui put balancer celle des marchandifes qu'ils recevroient,

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Nous ne faifons aujourd'hui le commerce des Indes que par l'argent que nous y envoyons. Les Romains (*) y portoient toutes les années environ cinquante millions de fefterces. Cet argent, comme le nôtre aujourd'hui, étoit converti en marchandifes qu'ils rapportoient en occident. Tous les peuples qui ont négocié aux Indes, y ont toujours porté des mé1 taux, & en ont rapporté des marchandifes.

C'est la nature même qui produit cet effet. Les Indiens ont leurs arts, qui font adoptés à leur maniere de vivre. Notre luxe ne fauroit être le leur, ni nos befoins être leurs befoins. Leur climat ne leur demande, ni ne leur permet prefque rien de ce qui vient de chez nous. Ils vont en grande partie nuds; les vêtemens qu'ils ont, le pays les leur fournit convenables; & leur religion qui a fur eux tant d'empire, leur donne de la répugnance pour les cho

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vroient, il ne leur refteroit que de payer par leur perfonne, Faloit-il, pour avoir le plaifir de ne rien dire entortiller des vérités fi fimples dans un affemblage confus de paroles? A la rigueur, il eft faux qu'un peuple qui n'a rien chez foi trouve de l'avantage à ne trafiquer avec personne : à pro. prement parler ce peuple manque d'un avantage, & il cherchera à fe l'acquérir en fuppléant par fon induftrie à ce que la nature lui a refufé. (R. d'un A.) (*) Pline, Liv. VI, chap. XXIII.

fes qui nous fervent de nourriture. Ils n'ont donc befoin que de nos métaux qui font les fignes des valeurs, & pour lesquels ils donnent des marchandises que leur frugalité & la nature de leur pays leur procure en grande abondance. Les auteurs anciens qui nous ont parlé des Indes, nous les dépeignent (†) telles que nous les voyons aujourd'hui, quant à la police, aux nieres & aux mœurs. Les Indes ont été, les Indes feront ce qu'elles font à préfent; & dans tous les temps, ceux qui négocieront aux Indes y porteront de l'argent & n'en rapporteront pas.

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CHAPITRE II.

Des peuples d'Afrique.

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A plupart des peuples des côtes de l'Afrique font fauvages ou barbares. Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays prefque inhabitables. féparent de petits pays qui peuvent être habités. Ils font fans induftrie; ils n'ont point d'arts; ils ont en abondance des métaux précieux

qu'ils

(†) Voyez Pline, Liv. VI. ch. XIX; & Strabon, Liv. XV.

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