Lettres persanes: suivies de Arsace et Ismémie et de Pensées diverses

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Garnier frères, 1866 - France - 431 pages
 

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Page 54 - D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor, et qu'il en ait besoin de deux , il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient.
Page 422 - Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime.
Page 177 - Vous pourrez trouver de l'esprit et du bon sens chez les Espagnols ; mais n'en cherchez point dans leurs livres. Voyez une de leurs bibliothèques , les romans d'un côté , et les scolastiques de l'autre : vous diriez que les parties en ont été faites , et le tout rassemblé par quelque ennemi secret de la raison humaine. Le seul de leurs livres qui soit bon est celui qui a fait voir le ridicule de tous les autres...
Page 70 - Cela me fit résoudre à quitter l'habit persan, et à en endosser un à l'européenne pour voir s'il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d'admirable.
Page 237 - Le grand tort qu'ont les journalistes , c'est qu'ils ne parlent que des livres nouveaux ; comme si la vérité étoit jamais nouvelle ! Il me semble que , jusqu'à ce qu'un homme ait lu tous les livres anciens, il n'a aucune raison de leur préférer les nouveaux.
Page 431 - XIV, ni pacifique, ni guerrier : il avoit les formes de la justice , de la politique, de la dévotion , et l'air d'un grand roi. Doux avec ses domestiques, libéral avec ses courtisans , avide avec ses peuples , inquiet avec ses ennemis, despotique dans sa famille, roi dans sa cour, dur dans ses conseils, enfant dans celui de conscience, dupe de tout ce qui joue le prince, les ministres, les femmes et les dévots; toujours gouvernant, et toujours gouverné, malheureux dans ses choix , aimant les...
Page 79 - Le café est très en usage à Paris : il ya un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons, on dit des nouvelles ; dans d'autres, on joue aux échecs. Il y en a une où l'on apprête le café de telle manière qu'il donne de l'esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n'ya personne qui ne croie qu'il en a quatre fois plus que lorsqu'il y est entré. Mais ce qui me choque de ces beaux esprits...
Page 69 - ... cent lorgnettes dressées contre ma figure : enfin, jamais homme n'a tant été vu que moi. Je souriais quelquefois d'entendre des gens, qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : " II faut avouer qu'il a l'air bien persan.
Page 53 - Un homme qui vient après moi et qui me passe me fait faire un demi-tour, et un autre qui me croise de l'autre côté me remet soudain où le premier...
Page 54 - Ce que je dis de ce prince ne doit pas t' étonner : il y a un autre magicien plus fort que lui, qui n'est pas moins maître de son esprit, qu'il l'est lui-même de celui des autres. Ce magicien s'appelle le pape : tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu'un ; que le pain qu'on mange n'est pas du pain, ou que le vin qu'on boit n'est pas du vin ; et mille autres choses de cette espèce.

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