mérite, et le plus complet de cette famille si heureusement douée, à ce que disent ceux qui l'ont connu, mais qui ne nous a rien laissé par écrit, M. de Maistre fut accablé de tristesse; ses idées devinrent plus sombres; mais ses hautes facultés intellectuelles ne s'affaiblirent pas un seul instant; jamais non plus la tristesse ne le poussa jusqu'au découragement, et quand il dit, écoutant le bruit sourd des révolutions, et prévoyant les dissentimens qui allaient éclater, entre les gouvernements de l'Italie et les populations : Je meurs avec l'Europe, c'est sans doute des vieilles formes politiques qu'il veut parler; car, une régénération religieuse du monde, une explosion divine, le triomphe de l'Église, il n'a jamais cessé de l'espérer et de le prédire.

Archéologie.

DICTIONNAIRE D'ÉPIGRAPHIE CHRÉTIENNE,

PUBLIÉ PAR M. Z***.

Deux volumes in-4°. 1853. Prix: 15 francs 1.

Lorsque le cardinal Scipion Maffeï mit au jour, en 1749, son savant ouvrage intitulé: Museum Veronense, 1 vol. in-folio, et dont il fit la dédicace au pape Renoît XIV, il eut l'heureuse idée de proposer à Sa Sainteté de former une Collection d'inscriptions chrétiennes. Ce Pape, à qui la science est redevable de tant d'encouragemens, reconnut l'utilité du genre de collection dont lui parlait le cardinal, et fonda de suite, dans la Bibliothèque vaticane, un Musée chrétien, où il ordonna de transporter tous les monumens de ce genre; mais malgré les ordres du saint Pontife, on ne put réunir que 140 pierres, qui furent placées sous les fenêtres de la Bibliothèque... Maffeï projetait de consacrer une partie de son ouvrage aux inscriptions chrétiennes, mais la mort vint mettre à néant un si beau projet.

Joseph Bianchini, aidé de son neveu Antoine Bianchini, essaya de réaliser le plan du musée chrétien conçu par Maffei... Mais après des travaux qui durent être considérables pour réunir tous les matériaux de son important ouvrage intitulé: Demonstratio historiæ ecclesiasticæ... comprobata monumentis3, Bianchini et son

1 A la Librairie catholique de M. l'abbé Migne, à Montrouge.

'P.-J. Bianchini était membre de la Congrégation de l'Oratoire de Rome vers la fin du 17° siècle. Dans l'approbation, en tête du or volume de son ouvrage, il y est dit que la première pensée de ce savant travail appartient à François Bianchini ou Blanchini, qui vivait sous les papes Alexandre VIII, Clément XI, Innocent XIII et Benoît XIII, et qui a publié la magnifique édition du Liber Pontificalis d'Anastase, dont nous avons rendu un compte détaillé dans les Annales de philosophie chrétienne, t. x1, p. 33 (1re série). Trois volumes in-fol. Romæ 1754, dont la Bibliothèque Mazarine, à Paris, ne possède que l'atlas sous le n° Nous lui donnons notre exemplaire

par testament.

neveu ne purent aller au delà des 3 premiers siècles, dont l'histoire forme 3 vol. in-f. de texte d'une prodigieuse érudition et 6 grandes planches gravées, offrant 911 monumens chrétiens et païens mis en parallèle, les inscriptions y occupent une large place, ce qui existe doit faire vivement regretter ce qui n'a pu être réalisé1. La gloire d'un musée spécial, qui remplit dignement le but qu'on se proposait, était réservée au pape Pic VII, qui, à force de soins et de recherches, parvint à réunir assez d'inscriptions chrétiennes pour couvrir les deux murailles de l'Atrium construit par Jules II et par lequel on arrive à la Bibliothèque vaticane, à droite sont placées les inscriptions païennes, à gauche les inscriptions chrétiennes... On regrette que ces pierres ne soient pas classées dans un ordre chronologique... Mais comment classer ainsi plus de 1100 monumens qui ne sont venus que successivement et qu'il a fallu fixer au musée à mesure de leur arrivée dans cette collection. Zaccaria avait promis de publier une collection d'inscriptions chrétiennes... On n'en connaît que le programme inséré dans son Thesaurus Theologicus, 12 vol. in-4", 1762, et qui se trouve reproduit dans le 5e volume du Cursus Theologiæ, donné par l'abbé Migne en 1835.

Avant Zaccaria, Bosio, Aringhi, Boldetti et quelques autres avaient publié une suite d'inscriptions chrétiennes des catacombes, c'est comme la séve du Christianisme; mais il restait toujours à publier une collection d'inscriptions chrétiennes prises dans tous les pays pour servir de preuve authentique à l'universalité de la foi catholique. M. l'abbé Migne, dont l'infatigable activité tend à combler toutes les lacunes et à populariser toutes les branches des sciences au point de vue catholique, vient de publier deux volumes qui offrent l'ensemble de ce genre de collection tumulaire.

Un jeune professeur de l'école des Chartes, dont la modestic a voulu garder l'anonyme, vient de mettre à exécution la haute pensée qui a préoccupé taut d'hommes savans, qui se sont succédé à de longues années d'intervalle sans pouvoir réaliser un travail qui

1 Voir un compte rendu dans le Journal des Savans, 1741, p. 735; 1745, p. 117; 1750, p. 308; 1758, p. 506.

demandait plus de tems qu'ils n'en pouvaient disposer au milieu de longs et laborieux travaux et à une époque qui n'offrait pas les nombreux matériaux qui ne sont connus que depuis peu d'années. Inutile de dire en quoi la science épigraphique est une science de première ligne, et l'un des plus beaux fleurons de l'archéologie. M. Charles Lenormant, de l'Institut, l'a bien caractérisée dans un discours qui sert d'introduction à la 1re année de la Revue archéologique de Paris.

Le nouveau Dictionnaire que vient de publier M. Migne est très-facile à consulter. Toutes les inscriptions qui y figurent sont classées dans l'ordre alphabétique des Noms des villes ou des ordres religieux et militaires, d'abbayes, monastères, églises cathédrales, chartreuses, etc.

Le 2o volume n'est pas moins intéressant que le premier. C'est le même plan, la même distribution de matières. On y trouve la continuation de l'article qui offre les inscriptions recueillies dans tous les monumens religieux qui existaient autrefois dans Paris et ses environs. Cet article est du plus grand intérêt.

Nous nous permettrons de signaler ici une erreur qui existe colonne 82 de ce 2e volume, c'est au sujet du nom du sculpteur François Anguier, à qui l'on doit le magnifique tombeau de Jac

1 Cette importante publication, fondée en 1844 par M. Leleux, libraireéditeur, à Paris, conduite avec une sagacité bien remarquable, est parvenue aujourd'hui à son x1o volume malgré les difficultés de tous genres attachées à ce genre de publication. M. Leleux s'occupe en ce moment de la rédaction d'une Table générale des matières des 10 premières années de sa Revue, qui fait autorité depuis longtems.

Nous signalerons à cette occasion l'important Rapport de M. Egger, sur le plan du Recueil général des inscriptions latines, projeté par le Ministre de l'instruction publique en 1845 (voir t. , p. 106 à 113) de cette Revue. On y trouve aussi le résumé des grands travaux entrepris sur cette matière par plusieurs savans, tels que Seguier, Muratori, Gruter, Boeckh, et quelques

autres...

2

Pour être dans la vérité, nous devons ajouter que Anguier fut aidé dans son œuvre par un autre sculpteur français, nommé Prieur.

IV SÉRIE, TOME IX. - N° 49; 1854. (48′ vol. de la coli.)

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ques de Thou, et qui y est deux fois nommé à tort Auguière (sans doute par suite d'une faute typographique essentielle à rectifier).

P. 383 et suiv. Nous avons remarqué une assez longue dissertation sur le célèbre manuscrit de la Bibliothèque de Reims, connu sous le titre de Texte du sacre, qui, heureusement, a échappé, comine par miracle, à l'auto-dafé des vandales de 93. On sait que la 1re partie de ce manuscrit est d'une haute importance pour ceux qui étudient la langue slavonne. L'auteur du Dictionnaire d'épigraphie donne les détails les plus étendus sur ce précieux monu

ment.

Nous nous étonnions que l'auteur eût oublié de citer les mots Cimetières, Catacombes, Cryptes, et notamment Campo Sancto. Le 2o volume a comblé en partie cette fâcheuse lacune... Pour les inscriptions du Campo Sancio, l'auteur renvoie à notre Dictionnaire iconographique des monumens, etc., 1. Nous sommes forcé de récuser l'honneur qu'il nous fait de ce travail, nous ne donnons réellement à l'article Campo Sancto que l'analyse des peintures et des monumens sculptés (voir p. 201 de notre 1 volume). Pour les inscriptions, objet d'un travail spécial, nous ne pouvions les indiquer; il faut recourir, pour les connaître, à l'ouvrage de Lasinio, Description du Campo Sancio, 1 vol. gr. in-fol., texte en italien, Florence 1828, orné de planches magnifiques. On en trouve quelques-unes reproduites dans cet autre ouvrage de Lasinio fils, Raccolta di Sarcophagi, urne e altri monumenti di sculptura del Campo Sancto, etc., vol. in-4", Pisa 1814.

Quant aux inscriptions des catacombes de Rome, elles se trouvent reproduites en grande partie dans le 2e volume, au mot Rome, où l'on voit de curieux détails sur les Catacombes.

L'auteur a reproduit en plusieurs colonnes (depuis page 425 jusqu'à page 550) du beau recueil d'inscriptions chrétiennes que S. E. le cardinal Maï avait insérées dans le tome V de ses Scrip

tores veteres.

1 Deux volumes in-8° publiés en 1845 par M. Leleux, libraire-éditeur, et dont le titre exact est : Dictionnaire iconographique des monumens de l'antiquité chrétienne et de ceux du moyen age servant à prouver l'état de l'art et de la civilisation depuis Byzance jusqu'à l'époque dite la renaissance, e tc