Fecisti et patrios foedasti funere vultus. At non ille, satum quo te mentiris, Achilles Degeneremque Neoptolemum narrare memento: 540 545 Nunc morere. Hoc dicens, altaria ad ipsa trementem 550 marquer un but à atteindre, mais exprimer une action accomplie. L'infinitif ainsi construit est considéré comme le régime à l'accusatif du verbe facere. Cf. Lucrèce, III, 100: « Quod faciat nos Vivere cum « sensu. » 539. Fadasti. Assister à la mort d'un homme était une souillure; cf. Æn. VI, 610. Mais l'action de Pyrrhus ajoute encore à l'indignation de Priam qui est couvert du sang de son fils. Funere. Suppléez filii, qui est facilement suggéré par l'épithète patrios. 540. Satum. Cf. G. I, 278: « Eumenia desque satæ. » 541. Talis in hoste. Cette locution n'est pas la même que talis in hostem. L'al·latif donne plus de généralité à la pensée. Talis in hostem signifierait qu'il ne fut pas tel à l'égard d'un ennemi; talis in hoste veut dire i ne fut pas tel que toi en général; il fut meilleur, et il le montra quand il eut affaire à un ennemi. Cf. la longue note de Forbiger citant Kritz, ad Sall. Catil. 9, 2. Voyez aussi Madvig, Lat. Sprachlehre, $230, a, Anm. 1. Jura, les droits d'un suppliant, droits que protége Jupiter, Zec Ικέσιος. Fidem, la bonne foi qui lui est due. 542. Erubuit, il respecta, c'est-à-dire il rougit d'outrager. Properce, III, 12, 20, construit erubescere avec l'accusatif : « Fera tur non fratres erubuisse deos. » — Sepulchro, Datif, ad sepeliendum. 544. Telum imbelle, sine ictu, un trait sans force, qui ne pénètre point. Cf. Valér. Flaccus, I, 759: a Ferrumne capessat « Imbelle atque ævi senior gestamina priama. » Homère, Iliade, XI, 390, a dit dans le méme sens : Κωφὸν γὰρ βέλος ἀνδρὸς ἀνάλκιδος οὐτιδανοῖο. 545. Rauco ære. L'airain du bouclier qui rend un son sourd. Cf. Claudien, Guerre de Gildon, 433: a Raucosque re« pulsus Umbonum, » — Repulsum. Suppléez est. 546. Tous les manuscrits ont et summo, excepté un seul de second ordre, qui a e summo. Heyne préférait cette leçon; Ribbeck écrit et summo; Ladewig ex summo. 547. Referes, ibis ont ici à peu près le sens de l'impératif. Cf. En. IX, 742: «Hic etiam inventum Priamo narrabis « Achillem. >>> 548. Tristia, c'est-à-dire sæva, crudelia. 549. Degeneremque Neoptolemum. Ces mots servent de régime à narrare, aussi bien que tristia facta. Il n'est pas nécessaire de suppléer esse. Narrare hominem se dit pour narrare mores hominis. Cf. Velleius Paterculus, I, 29: a Sed operis « modus paucis eum narrari jubet. » 550. Sénèque, Troyennes, 44, imite ce passage: «Vidi execrandum regiæ cædis « nefas, Ipsasque ad aras majus admissum « scelus acidis armis : cum ferox sæva << manu Coma reflectens regium torta ca«put, Alto nefandum vulneri ferrum abdidit; Quod penitus actum cum recepisset « libens, Ensis senili tinctus e jugulo rediit, » α Traxit et in multo lapsantem sanguine nati, Sorte tulit, Trojam incensam et prolapsa videntem 555 Ac lateri capulo tenus abdidit. Cf. Ovide, Métam. IV, 720 : « Ferrum curvo « tenus abdidit hamo.. 554. J'ai admis la ponctuation de Ribbeck, Haupt et Ladewig. Sorte seul n'a guère de sens. Au contraire, sorte fatorum, c'est le sort que fixent les destins à chaque homme, le lot qu'ils lui attribuent. Fatorum se trouve éloigné du mot dont il est le régime pour être placé en tête de la phrase; c'est en effet l'idée qui fixe le plus l'attention, 555. Tulit, c'est-à-dire abstulit. Cf. Bucol. V, 34: « Postquam te fata tulerunt, »> 557. Construisez Regnatorem Asiæ, superbum quondam tot populis terrisque. Cf. En. II, 504; V, 268. Cicéron, de Divinat. I, 40, dit déjà : Priamus, rex ་་ 560 «<< Asiæ. » Litore. Le cadavre de Priam, suivant une certaine tradition qui, d'après Servius, avait été adoptée déjà par Pacuvius, fut traîné sur le rivage et abandonné sans sépulture. Le même Servius croit, avec assez de raison, voir ici une allusion au sort de Pompée. Cf. Manilius, IV, 64: << Priamumque in litore truncum Cui nec «< ‹ Troja rogus. » Sénèque, Troyennes, 142: << Sigea premis litora truncus, » — Ingens. Cf. Homère, Iliade, XXIV, 477: Πρίαμος μέγας. 558. Sine nomine. Cf. Valér. Flaccus, IV, 184: « Quibus adverso sub vulnere a nulla Jam facies, nec nomen erat. » 559. Circumstetit horror. Cf. Homère, Iliade, XVIII, 22: Tov o' ayεoç veçέin ἐκάλυψε μελαίνα. imago Me subiit. » Ovide, Tristes, 1, 3, I : « Cum subit illius tristissima noctis imago. » 562. Creusa. Créuse, fille de Priam et d'Hécube, femme d'Énée. 563. Et direpta domus. La dernière syllabe de domus est allongée par l'effet de la césure et de la pause. Cf. Lucien Muller, de Re metrica, 328. p. Casus Iuli, les hasards auxquels Iule était exposé.— Iulus. Cf. En. I, 267. Respicio et, quæ sit me circum copia, lustro. [Jamque adeo super unus eram, cum limina Vestæ Tyndarida aspicio; dant clara incendia lucem 564. Copia. Suppléez sociorum. Quand il s'agit de soldats, copia, au singulier, désigne généralement une troupe peu nombreuse et en désordre. 565. Saltu. Il faut se rappeler qu'Énée a combattu du haut du toit (v. 458 et suiv.). Mais l'incendie a gagné cette partie du palais de Priam, et ses compagnons se sont précipités pour y échapper, ou bien ils ont péri dans les flammes, 566. Egra, épuisés. 567. Le passage qui s'étend de ce vers au vers 588 manque dans les manuscrits principaux et les plus anciens. Servius ne l'interprète pas. Mais il dit qu'après le vers 566 se trouve un passage que Tucca et Varius, les exécuteurs testamentaires de Virgile, ont omis dans leur édition. Ces vers se trouvent en effet en contradiction avec ce qui est rapporté, En. VI, 511 et suiv. Toutefois, par le caractère du style, ils sont dignes du reste de l'ouvrage, et d'ailleurs si on les supprime, certaines parties de ce qui suit perdent leur sens. Comme Ribbeck, je les ai placés entre crochets, pour indiquer qu'ils ne faisaient point partie de l'édition donnée immédiatement après la mort du poète. — Adeo, ainsi placé après jamque, donne à ce mot une valeur restrictive, et sert à indiquer un moment précis, en gree on yɛ. Cf. Hand, Tursellinus, t. I, P. 146. Super unus eram, Tmèse pour unus supereram; cf. Bucol. VI, 6. 565 570 575 574. Invisa, échappant aux regards. Cette acception de invisus est assez rare. Les vers suivants sont imités d'Euripide, Oreste, 1132 et suiv. 575. Subit ira. Cf. plus haut, v. 562. — Ira,un désir violent produit par la colère, 576. Sceleratas pœnas. Selon Heyne pœnas a scelerata sumptas; selon Wunderlich, pœnas sceleris. Je préfère le sens indiqué par Ladewig et Wagner: Un désir violent, produit par la colère, de tirer d'Hélène un châtiment, qui eût été pour moi un crime. Tuer une suppliante au pied des autels eût en effet souillé le bras d'Enée; aussi est-il arrêté par sa mère. Il a donc reconnu depuis ce qu'avait de criminel cette action. 577. Scilicet a ici un sens ironique. Aspiciet partoque ibit regina triumpho Conjugiumque domumque patres natosque videbit, Non ita. Namque, etsi nullum memorabile nomen Ultricis flammæ et cineres satiasse meorum. Cum mihi se, non ante oculis tam clara, videndam Salluste, Catilina, LI, 10, offre un mouvement tout semblable à celui-ci : « Scilicet « quem res tanta atque tam atrox non per«<< movit, eum oratio accendet. Non ita <<< est. » - Mycenas Cf. EÆn. I, 650. 578. Ibit regina. Cf. Ovide, Épîtres, XVI, 331: « Ibis Dardanias ingens regina « per urbes, » Stace, Theb. II, 362 : « Ge<< minas ibis regina per urbes. » Claudien, Epithalame d'Honorius, II, 279: « In medios ibis regina Sigambros. 579. Wagner, Forbiger, Dübner tiennent ce vers pour interpolé et imité du v. 269, En. XI: « Invidisse deos patriis ut << redditus oris Conjugium optatum et pu«chram Calydona viderem, » On s'appuie sur des contradictions qu'il semble renfermer avec la legende d'Hélène. Toutefois, avec Haupt et Ladewig, je ne vois pas de raisons bien fortes de le supprimer plutôt que le reste du passage. Conjugium est pour conjugem; cf. Æn. XI, 270. - Patres équivaut à patrem et matrem; cf. v. 457, soceros. Enfin il n'importe guère que Léda soit morte à cette époque et que Tyndare seul vive encore, qu'Hélène n'ait encore qu'une fille, Hermione, et que Nicostrate soit né plus tard. Il y a dans ce vers un mouvement pathétique qui convient à la situation, et qui peut faire concevoir comment Virgile ne s'est pas astreint à rendre ses termes précis. 581. Occiderit, arserit. Les Grecs et les Latins se servent des deux futurs pour 580 585 590 585. Nefas est ici pour nefariam mulierem, comme on voit souvent scelus employé pour scelestum hominem. Panas sumpsisse merentis est pour sumpsisse a merente. La locution est d'ailleurs un peu insolite. Wagner fait de merentis un accusatif pluriel qu'il rapporte à pœnas et qu'il explique ainsi Sumi merentes, merito sumendas. 586. Laudabor sumpsisse. Cf. Cicéron, Pro Milone, 18: «Liberatur Milo, non eo « consilio profectus esse. » 587. Ultricis flammæ, d'une vengeance dont il est avide. Flamma sert à désigner une passion violente, surtout un vif désir, Explere est construit avec le génitif comme implere, Æn. I, 215. 589. Viden lam, c'est-à-dire ut viderem obtulit. 590. Per noctem. On a cru voir nne contradiction avec le v. 569, dant clara Alma parens, confessa deam qualisque videri 595 600 incendia lucem. Mais on peut admettre que la clarté divine au milieu de laquelle se montre Vénus, tranche sur toutes les clartés, celle de l'incendie, celle de la lune, comme le jour sur la nuit. C'est là cette opposition que le poëte a voulu marquer, et c'est ce que prouve le rapprochement de ces mots pura per noctem in luce. Refulsit. Expression déjà employée en parlant de l'éclat qui entoure Vénus, En. I, 402. Cette apparition semble imitée de celle de Pallas se laissant voir aux seuls yeux d'Achille, Iliade, I, 194. 591. Confessa deam. Cf. Ovide, Metam. III, 1 : <<< Jamque deus, posita fallacis a imagine tauri, Se confessus erat. » XI, 264: « Exhibita estque Thetis. Confessam amplectitur heros. » XII, 601 : « (Apollo) «< fassusque deum. » 592. Qualisque et quanta. Expressions usitées pour exprimer la majesté des dieux dans leurs apparitions. On pourrait traduire ainsi Telle et aussi majestueuse qu'elle se laisse voir, etc. Cf. Ovide, Metam. III, 235: Quantusque et qualis ab alta Ju none excipitur, tantus talisque rogato « Det tibi complexus. » Homère, parlant de l'admiration de Priam pour Achille, se sert d'une locution analogue, Iliade, XXIV, 629 : Θαύμαζ' Αχιλήα, Οσσος την οἷός τε. Dextraque prehensum. Cf. Homère, Itade, I, 361: Xεipi té μiv κατέρεξεν. 595. Quonam nostri tibi cura recessit. Cf. G. IV, 324 : « Quo tibi nostri Pulsus <<< amor? » Nostri cura. En négligeant Anchise, Énée offense Vénus. 596. Non est pour nonne. Cf. Bucol. III, 17. 597. Superet. Cf. Bucol. IX, 27. Conjuxne. Les poëtes placent quelquefois les enclitiques que, ve, ne, à une place différente de celle qu'exige l'ordre des mots en prose. Ils les rejettent après la seconde, et même les font précéder de mots avec lesquels le rapport ne s'établit pas directement. Cf. Zumpt, Lat. Gramm. $358. Creusa. Cf. v. 562. 600. Tulerint, Même sens que abstulerint. Cf. v. 555.- Hauserit, aurait percé. Cf. En. X, 314. Lucrèce, V, 1323 : a Tauri.... Et latera ac ventres hauribant «<supter equorum Cornibus. »Tite-Live, VII, 10: << Uno alteroque subinde ictu << ventrem atque inguina hausit, » Homère, Iliade, XV, 517 : διὰ δ ̓ ἔντερα χαλκός ἄφυσσεν. 601. Tibi doit se joindre evertit et non pas à invisa. Ce pronom joue le même rôle que Æn. I, 261. Voici le sens : Ce n'est pas l'odieuse beauté de la fille de Tyndare, ce n'est point Pâris proclamé par les Grecs l'auteur coupable de la guerre, c'est la puissance des dieux qui a renversé Troie. Cf. Homère, Iliade, III, 164: 05 τί μοι αἰτίη ἐσσί· θεοί νύ μοι αἴτιοί εἰσιν. Odyssee, I, 34η : Οὐ νύ τ' ἀοιδοὶ Αἴτιοι, ἀλλά ποθι Ζεὺς αἴτιος. |