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Interea, longum cantu solata laborem,
Arguto conjux percurrit pectine telas,
Aut dulcis musti vulcano decoquit humorem,
Et foliis undam trepidi despumat aheni.
At rubicunda ceres medio succiditur æstu,
Et medio tostas æstu terit area fruges.
Nudus ara, sere nudus: hiems ignava colono.
Frigoribus parto agricolæ plerumque fruuntur,
Mutuaque inter se læti convivia curant.
Invitat genialis hiems, curasque resolvit :
Ceu pressæ cùm jam portum tetigere carinæ,
Puppibus et læti nautæ imposuere coronas.

Sed tamen et quernas glandes tum stringere tempus, Et lauri baccas, oleamque, cruentaque myrta; Tum gruibus pedicas, et retia ponere cervis, Auritosque sequi lepores, tum figere damas Stuppea torquentem Balearis verbera fundæ, Cùm nix alta jacet, glaciem cùm flumina trudunt.

Quid tempestates autumni et sidera dicam? Atque ubi jam breviorque dies et mollior æstas, Quæ vigilanda viris, vel cùm ruit imbriferum ver, Spicea jam campis cùm messis inhorruit, et cùm Frumenta in viridi stipulâ lactentia turgent?

Sæpe ego, cùm flavis messorem induceret arvis Agricola, et fragili jam stringeret hordea culmo,

Leur compagne près d'eux, partageant leurs travaux,
Tantôt d'un doigt léger fait rouler ses fuseaux,
Tantôt cuit dans l'airain le doux jus de la treille,
Et charme par ses chants la longueur de la veille.
Mais c'est en plein soleil, dans l'ardente saison,
Qu'au tranchant de la faux on livre la moisson,
Que sur l'épi doré le fléau se déploie.

Donne aux soins les beaux jours, et l'hiver à la joie.
L'hiver, tel qu'un nocher qui plein d'un doux transport
Couronne ses vaisseaux triomphants dans le port,
Tranquille sous le chaume, à l'abri des tempêtes,
L'heureux cultivateur donne ou reçoit des fêtes:
Pour lui ces tristes jours rappellent la gaîté;
Il s'applaudit l'hiver des travaux de l'été.

Alors même sa main n'est pas toujours oisive;

De l'arbre de Pallas il recueille l'olive;

Le myrte de Vénus lui cède un fruit sanglant,
Et le laurier sa graine, et les chênes leur gland.

Les flots sont-ils glacés, les champs couverts de neige?
Il tend des rets au cerf, prend l'oiseau dans un piége,
Ou presse un lièvre agile, ou, la fronde à la main,
Fait siffler un caillou qui terrasse le daim.

D'autres temps, d'autres soins. Dirai-je à quels désastres De l'automne orageux nous exposent les astres,

Quand les jours sont moins longs, les soleils moins ardents;
Ou quels torrents affreux épanche le printemps,
Quand le blé d'épis verts a hérissé les plaines,
Et des flots d'un lait pur déjà gonfle ses veines?
L'été même, à l'instant qu'on liait en faisceaux
Les épis jaunissants qui tombent sous la faux,

Omnia ventorum concurrere prælia vidi,

Quæ gravidam latè segetem ab radicibus imis
Sublimè expulsam eruerent; ita turbine nigro
Ferret hiems culmumque levem stipulasque volantes.

Sæpè etiam immensum coelo venit agmen aquarum, Et foedam glomerant tempestatem imbribus atris Collectæ ex alto nubes; ruit arduus æther, Et pluviâ ingenti sata læta boumque labores Diluit; implentur fossæ, et cava flumina crescunt Cum sonitu, fervetque fretis spirantibus æquor. Ipse Pater, mediâ nimborum in nocte, coruscâ Fulmina molitur dextrâ ; quo maxima motu Terra tremit, fugêre feræ, et mortalia corda Per gentes humilis stravit pavor: ille flagranti Aut Atho, aut Rhodopen, aut alta Ceraunia telo Dejicit; ingeminant austri, et densissimus imber; Nunc nemora ingenti vento, nunc littora plangunt.

Hoc metuens, coeli menses et sidera servą,
Frigida Saturni sese quò stella receptet,
Quos ignis coelo Cyllenius erret in orbes.

In primis venerare deos, atque annua magnæ

J'ai vu les vents, grondant sur ces moissons superbes,
Déraciner les blés, se disputer les gerbes,

Et, roulant leurs débris dans de noirs tourbillons,
Enlever, disperser les trésors des sillons.

Tantôt un vaste amas d'effroyables nuages,

Dans ses flancs ténébreux couvant de noirs orages,
S'élève, s'épaissit, se déchire, et soudain

La pluie à flots pressés s'échappe de son sein;
Le ciel descend en eaux, et couche sur les plaines
Ces riantes moissons, vains fruits de tant de peines;
Les fossés sont remplis ; les fleuves débordés
Roulent en mugissant dans les champs inondés ;
Les torrents bondissants précipitent leur onde,
Et des mers en courroux (58) le noir abîme gronde.
Dans cette nuit affreuse, environné d'éclairs,
Le roi des dieux s'assied sur le trône des airs:

La terre tremble au loin sous son maître qui tonne :
Les animaux ont fui (59); l'homme éperdu frissonne;
L'univers ébranlé (60) s'épouvante.... le dieu,
D'un bras étincelant dardant un trait de feu,
De ces monts si souvent mutilés par la foudre,
De Rhodope ou d'Athos met les rochers en poudre,
Et leur sommet brisé vole en éclats fumants:
Le vent croît, l'air frémit d'horribles sifflements;
En torrents redoublés les vastes cieux se fondent;
La rive au loin gémit, et les bois lui répondent.
Pour prévenir ces maux, lis aux voûtes des cieux;
Suis dans son cours errant le messager des dieux;
Observe si Saturne (6) est d'un heureux présage:
Surtout aux dieux des champs présente un pur hommage.

Sacra refer Cereri, lætis operatus in herbis,
Extremæ sub casum hiemis, jam vere sereno :
Tunc agni pingues, et tunc mollissima vina,
Tunc somni dulces, densæque in montibus umbræ.
Cuncta tibi Cererem pubes agrestis adoret ;
Cui tu lacte favos et miti dilue baccho;
Terque novas circum felix est hostia fruges,
Omnis chorus et socii comitentur ovantes,
quam
Et Cererem clamore vocent in tecta : neque
Falcem maturis quisquam supponat aristis,
Quàm Cereri, tortâ redimitus tempora quercu,
Det motus incompositos, et carmina dicat.

antè

Atque hæc ut certis possimus discere signis, Estusque pluviasque et agentes frigora ventos, Ipse pater statuit quid menstrua luna moneret, Quo signo caderent austri, quid sæpè videntes Agricolæ propiùs stabulis armenta tenerent. Continuò, ventis surgentibus, aut freta ponti Incipiunt agitata tumescere, et aridus altis Montibus audiri fragor, aut resonantia longè Littora misceri, et nemorum increbrescere murmur. Jam sibi tum curvis malè temperat unda carinis, Cùm medio celeres revolant ex æquore mergi, Clamoremque ferun ad littora; cúmque marinæ In sicco ludunt fulicæ; notasque paludes Deserit atque altam supra volat ardea nubem.

Sæpè etiam stellas, vento impendente, videbis Præcipites coelo labi, noctisque per umbram

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