Mais le bruit des sanglots, Là, point d'or, point de pierre: Au sein de l'Eternel De gloire elle est parée; Prie et blâme le ciel! Son étroite chaumine Vierge, repose en paix Elle n'est plus la jeune fille; 1844. AUTREFOIS. Jadis on voyait la richesse Pour mieux jouir on vend ses rentes... Ah! qu'on était simple autrefois! Le temps mûrissait la science, Le travail était un devoir : 1844. CHANSON PATRIOTIQUE. Dans ce banquet patriotique, Unis sous le même drapeau, Dédions un refrain nouveau. Saint Jean-Baptiste nous protége, Peu fier des pompes souveraines Au bord natal, celui qu'il aime, Quand sur lui, muette victime, De nos pères sur ce rivage Mais qu'importe que l'on sévisse, De ses maux perdant la mémoire, F. M. DEROME. 1844. À MA SŒUR. L'ADIEU FRATERNEL. Tu vas quitter notre vallée ombreuse, Sous son manteau de lierre. Fais tes adieux aux belles matinées, Aux champs, aux fleurs, à l'oiseau des buissons; Là-bas, vois-tu, plus de douces chansons; L'oiseau se tait, les roses sont fanées. Oh! pour moi, j'aime mieux Sous son manteau de lierre. Tu penseras à notre bonne mère, Des pleurs alors viendront mouiller tes yeux; Oh! pour moi, j'aime mieux Notre pauvre chaumière, Sous son manteau de lierre. 1844. LA TOUSSAINT. Avez-vous entendu à votre réveil les sinistres tintements de nos cloches, semblables aux tristes mélodies d'une voix plaintive? Avez-vous entendu à la première pâleur du jour les sourds mugissements des vents à travers les feuillages, comme les derniers soupirs d'une lente agonie?....... Avez-vous remarqué le hêtre jauni qui se courbait vers la terre, comme le vieillard affaissé qui s'incline dans la poussière? Ce soleil radieux qui lutte avec le nuage noir des tempêtes, ne vous semble-t-il pas comme la gloire du monde obscurcie par les passions orageuses de la vie? Cette feuille d'automne qui tombe lentement et comme à regret de l'arbre qui l'a nourrie, ne vous représente-t-elle pas le jeune homme d'une année de vigueur et de gloire qui meurt aux espérances d'un long avenir?..... Là-bas au bout noir de l'horizon, j'ai vu un fantôme! Il était languissant comme le moribond, livide comme le cadavre! Sa figure était décharnée; ses yeux étincelants comme ceux de la bête fauve qui cherche sa proie! De ses mains longues et osseuses il semblait vouloir se cramponner à des ombres qui fuyaient devant lui comme l'éclair. Ces ombres étaient les richesses et les délices de la terre! II prêtait l'oreille de tout côté; il entendait comme le bruit des flots d'une mer mugissante; la calomnie et la noire envie !...... Hélas! ce fantôme je ne le reconnus que trop! C'était l'homme, c'était vous, ô mes amis ! c'était moi-même ! Il a tressailli quelque temps ! puis il s'est agité un instant comme le tigre qui lutte avec les dernières angoisses de la mort; puis il est tombé; il a passé comme le dernier rayon du soleil couchant!...... Tel est l'homme! Ainsi passera le monde !............ Mes pensées sont sombres et tristes comme la forêt qui se dépouille de ses habits de splendeur; comme l'astre radieux qui se cache derrière le voile sombre des orages; comme l'oiseau exilé qui chante ses adieux et laisse ses affections! Mes pensées sont sombres et tristes comme le terrible jour où la mort célèbre sa fête, proclame son triomphe sur les débris de ses lauriers! Je me suis levé; j'ai entendu la cloche qui, il y a vingt ans, annonça mon existence ! j'ai marché lentement, lentement comme la monotonie lugubre de sa voix!...... J'ai marché !...... Dieu !...... J'ai rencontré le vieillard qui chancelait sur le bâton de ses ancêtres; la jeune fille qui touchait à peine la terre de son pas léger; l'homme riche et orgueilleux qui repose sur des lits d'or; le misérable aventurier qui s'endort sur le grabat du pauvre pélerin; le monarque qui commande à la terre; l'esclave obscur qui plie sous le joug du tyran ;... je leur ai demandé à tous où ils allaient; ils m'ont tous répondu Nous allons prier pour les morts!...... Prier pour les morts!...... Avez-vous entendu?...... J'ai vu un enclos isolé. Puis une porte étroite; un vieux pin brisé par les tempêtes. Au milieu de cet enclos, il me sembla voir un spectre bi |