1843. À SAINT JEAN-BAPTISTE. Noble patron dont on chôme la fête, Parmi les peuples prend un nom, Et pour toujours il prend un nom, Au ciel un saint qui pour lui veille et prie. F. R. ANGERS. 1843. ADIEUX À UNE AMIE. En m'éloignant des lieux qui m'ont vu naître, Du bord natal j'éprouve encor les charmes: J. M. DEROME. 1843. VÉRITÉ. Près du vieux chène assis, sur la montagne sombre, La nuit succède au jour, de la nuit naît l'aurore; Vas-tu combler mes vœux? L'avenir est si beau... J'ai fixé mes regards sur la verte campagne ; De tes champs, des moissons la vie est dans ma main..." L'aigle d'un vol rapide a traversé la nuée; Le murmure du peuple y meurt en arrivant, Je vais bâtir ma hutte, et seul dans la nature, Dit le Seigneur. Ρ. Ητοτ (1). 1844. LA PRESSE. Le sujet à traiter dont j'ai fait choix, pour me conformer à la règle de notre club (2), est la presse périodique politique de notre pays; sujet assez délicat, comme vous voyez, puisqu'il ne s'agit de rien moins que d'une des principales puissances de nos sociétés modernes libres; puis (1) M. Huot est étudiant en droit à Québec. (*) Cet écrit a été lu à une société littéraire portant le nom de Club Social. sance dont le pouvoir est si bien établi, si bien senti, qu'on l'a appelé le quatrième état sous le système gouvernemental britannique. D'autres l'ont appelé une magistrature, un apostolat, l'associant, la comparant à ce qu'il y a de plus vénérable parmi les choses de la terre, et à ce qui nous est envoyé de plus élevé d'en haut. Et si l'on considère quelle est la mission de la presse, mot par lequel, pour plus de brièveté, je désignerai la presse périodique politique ou le journalisme, si l'on considère, dis-je, quelle est la mission de la presse, on trouvera que ces désignations ou qualifications n'ont rien du tout d'exagéré. En effet qui s'adresse à un auditoire plus nombreux, plus respectable que la presse, et qui parle aux hommes d'intérêts plus graves, plus multipliés? Qui est appelé à traiter de vérités plus salutaires, plus utiles? Qui a de plus sublimes vertus à prêcher, et une cause plus sainte à défendre, que celle de la liberté, du bonheur du monde, résumé des devoirs de la presse? On admire et jamais on ne cessera d'admirer les grandes figures de Démosthènes, de Socrate, et de ces fiers tribuns de Rome, qui entretenaient les deux plus célèbres nations de l'ère ancienne de leurs intérêts et besoins politiques. On voudrait avoir vécu du temps de ces grands citoyens, pour avoir eu l'avantage de les entendre et les voir à l'œuvre de leur haute et sublime mission. Eh! messieurs, cette mission n'était autre que celle dont sont aujourd'hui chargés nos écrivains politiques, nos journalistes. La presse a remplacé le forum, la place publique, qui était chez les anciens le seul moyen qu'on eût de parler au peuple. Aujourd'hui l'homme animé de patriotisme harangue, agite les masses sans sortir de son étude, et sans que le peuple sorte de ses foyers. Le moyen, le procédé est changé, mais le sujet et le but sont les mêmes; c'est-à-dire que la presse aujourd'hui parle au peuple et l'entretient des mêmes choses, et pour le même objet, que le fesaient autrefois Démosthènes, Socrate et les tribuns de Rome. J'irai même plus loin, et je crois que l'on ne me taxera pas d'exagération, lorsque je dirai que la mission du journaliste se rattache à ce qu'il y a de plus vénérable dans l'antiquité, et ici je n'entends rien moins que les prophètes du peuple de Dieu, dans ce que leur mission avait de temporel, en autant qu'elle se rapportait aux intérêts temporels. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler leur sublime dévouement pour les libertés du peuple, et leurs luttes contre la tyrannie du dedans et du dehors. Oh! ne craignons pas de trop relever la mission de la presse. Plus on sentira la dignité de l'état de journaliste, plus ceux qui y sont engagés chercheront à le bien remplir, et plus les peuples seront exigeants sur les qualifications de ceux qui se mettent à la tête de la presse. Et peut-on l'être trop, quand on réfléchit à l'influence immense de l'engin puissant de la presse sur les destinées des nations? Et l'a-t-on été assez dans notre pays depuis trente à quarante ans que la presse a pris un rôle dans nos affaires politiques? et c'est là que j'en voulais venir. Cette haute magistrature, ce sublime apostolat, ce quatrième état dans le gouvernement, entre quelles mains se sont-ils trop souvent trouvés? Ici ma tâche devient pénible, mais j'aurai le courage de dire ma pensée. Heureux si je puis contribuer tant soit peu à une réforme, à laquelle on n'a pas encore pensé, et qui est peut-être la plus importante de toutes, la première à faire; celle qui doit former le fondement de toutes les autres; celle sans laquelle les autres ne pourront que difficilement s'opérer. Cette réforme est d'autant plus pressante que nous entrons sous un nouvel ordre de choses, sous un système de gouvernement régulier, et cela après ce qu'on peut véritablement appeler une révolution. Pendant un demi-siècle nous nous étions trouvés dans une position telle que nous n'avions d'autre alternative, d'autre devoir, presque, que de faire au gouvernement une opposition constante et systématique, opposition sur tout, opposition partout, opposition toujours. Il s'agissait d'user, de détraquer un système de gouvernement |