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armes bas. C'est ainsi que, même parmi les peuples les plus barbares, la sagesse l'emporte sur la colère, et les Muses sur le dieu Mars. » (DIOD. DE SICILE, liv. v, trad. de Terrasson.) « Apud universos autem fere «< tria hominum sunt genera quæ in singulari habentur honore: bardi, «vates et druidæ : horum bardi hymnos canunt, poetæque sunt; vates « sacrificant et naturam rerum contemplantur; druidæ præter hanc philosophiam etiam de moribus disputant. » (STRAB., lib. IV.)

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J'ai rendu par eubages ovάtɛıç,' du grec de l'édition de Casaubon, et que le latin rend par vates. Je ne vois pas pourquoi l'on veut, sur l'autorité d'Ammien, qui traduit à peu près Strabon, que le mot vates soit passé dans le grec au temps de ce géographe. Strabon, qui suivait peutêtre un auteur latin, et qui ne pouvait pas traduire ce mot vates, l'a tout simplement transcrit. Les Latins de même copient souvent des mots grecs qui n'étaient pas pour cela passés dans la langue latine. D'ailleurs, quelques éditions ordinaires de Strabon portent euhage et eubage. Rollin n'a point fait de difficulté de s'en tenir au mot eubage.

Ammien Marcellin, confirmant le témoignage de Strabon, dit que les bardes chantaient les héros sur la lyre, que les devins ou eubages cherchaient à connaître les secrets de la nature, et que les druides, qui vivaient en commun, à la manière des disciples de Pythagore, s'occupaient de choses sublimes, et enseignaient l'immortalité de l'âme. (AMM. MARCELL., lib. xv.)

Page 155. O île de Sayne, etc.

On a trois autorités pour cette île: Strabon, liv. IV, Denys le Voyageur, v. 570; et Pomponius Méla. Comme je n'ai suivi que le texte de ce dernier, je ne citerai que lui. « Sena in Britannico mari, Osismicis ad<< versa littoribus, Galici numinis oraculo insignis est: cujus antistites, « perpetua virginitate sanctæ, numero novem esse traduntur: Barrige<< nas vocant, putantque ingeniis singularibus præditas, maria ac ventos << concitare carminibus, seque in quæ velint animalia vertere, sanare « quæ apud alios insanabilia sunt, scire ventura et prædicare: sed non << nisi deditas navigantibus, et in id tantum ut se consulerent profectis. (POMPONIUS MEL., III, 6.)

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Strabon diffère de ce récit, en ce qu'il dit que les prêtresses passaient sur le continent pour habiter avec des hommes. J'avais, d'après quelques autorités, pris cette île de Sayne pour Jersey; mais Strabon la place vers l'embouchure de la Loire. Il est plus sûr de suivre Bochart (Géograph. sacr., pag. 740), et d'Anville (Notice de la Gaule, pag. 595), qui retrouvent l'île de Sayne dans l'île des Saints, à l'extrémité du diocèse de Quimper, en Bretagne.

Page 155. Vous allez mourir, etc.

Les Gaulois servaient surtout dans la cavalerie romaine; car, selon Strabon, ils étaient meilleurs cavaliers que fantassins.

Page 155. Vous tracez avec des fatigues inouïes les routes, etc.

Il suffit de jeter les yeux sur la carte de Peutinger, sur l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, et sur le livre des Chemins de l'Empire, par Bergier, pour voir combien la Gaule était traversée de chemins romains. Il y en avait quatre principaux qui partaient de Lyon, et qui allaient toucher aux extrémités des Gaules.

Page 155. Là, renfermés dans un amphithéâtre, on vous forcera, etc.

La plupart des gladiateurs étaient Gaulois; mais Velléda ne dit pas tout à fait la vérité. Par un mépris abominable de la mort, ils vendaient souvent leur vie pour quelques pièces d'argent. On sait qu'Annibal fit battre des prisonniers gaulois, en promettant un cheval à celui qui tuerait son adversaire.

Page 155. Souvenez-vous que votre nom veut dire voyageur.

« Il y en a qui conjecturent avec quelque probabilité que les Gaulois se « sont ainsi appelés du mot celtique wallen, qui encore aujourd'hui, « dans la langue allemande, signifie aller, voyager, passer de lieu en « lieu. » (MÉZERAY, av. Clov., pag. 7.)

Page 155. Les tribus des Francs qui s'étaient établis en Espagne.

Les Francs avaient en effet pénétré jusqu'en Espagne vers ce tempslà, et y demeurèrent douze ans. Ils prirent et ruinèrent l'Aragon; ensuite ils s'en retournèrent dans leur pays, probablement sur des vaisseaux. (Voyez EUTROPE.) Les circonstances les plus indifférentes dans les Martyrs sont toutes fondées sur quelques faits. Je suis persuadé que, sous ces rapports, Virgile et Homère n'ont rien inventé : c'est ce qui fait que leurs poëmes sont aujourd'hui des autorités pour l'histoire.

Page 156. Que les peuples étrangers nous accordent, etc. C'est le mot de Bojocalus. Ce vieillard germain avait porté cinquante ans les armes dans les légions romaines. Les Anticéariens, ses compatriotes, ayant été chassés de leur pays par les Cauces, vinrent s'établir avec Bojocalus, qui les conduisit sur des terres vagues abandonnées par les Romains. Les Romains ne voulaient pas les leur donner malgré les

remontrances de Bojocalus; mais ils offrirent à celui-ci des terres pour lui même. Le vieux Germain indigné alla rejoindre ses compatriotes fugitifs, en s'écriant: << Terre ne peut nous manquer pour y vivre ou pour y mourir. » Page 156. A la troisième fois le héraut d'armes, etc.

<< Si quis enim dicenti obstrepat aut tumultuetur, lictor accedit stricto <«< cultro. Minis adhibitis tacere eum jubet : idque iterum ac tertio facit «<eo non cessante: tandem a sago ejus tantum amputat, ut reliquum « sit inutile. » (STRAB., lib. IV, pag. 135.)

Page 156. La foule demande à grands cris, etc.

Les druides sacrifiaient des victimes humaines. Ils choisissaient de préférence des malfaiteurs pour ces sacrifices; mais, à leur défaut, on prenait des innocents. C'est Tertullien et saint Augustin qui nous apprennent de plus que ces victimes innocentes étaient des vieillards.

Page 156. Que Dis, père des ombres.

Les Gaulois reconnaissaient Dis ou Pluton pour leur père c'était à cause de cela qu'ils comptaient le temps par nuits, et qu'ils sacrifiaient toujours dans les ténèbres. Cette tradition est celle de César. On dit que César s'est trompé ; mais il pourrait bien se faire que l'opinion opposée ne fût qu'un système soutenu de beaucoup d'érudition.

Page 157. Elles étaient chrétiennes.

C'est toujours le sujet.

Page 157. Puisqu'ils avaient été proscrits par Tibère même et par Claude.

Les éditions précédentes portaient : « et par Néron; » c'était une erreur. Dès l'an 657 de Rome, le sénat donna un décret pour abolir les sacrifices humains dans la Gaule Narbonnaise. Pline nous apprend que Tibère extermina tous les druides, et Suétone attribue les édits de proscription à Claude. (In Claudio, cap. XXVI.)

Page 157. Le premier magistrat des Rhédons.

Ce magistrat s'appelait Vergobret. (CÉSAR, Comment., liv. 1.)

SUR LE DIXIÈME LIVRE.

Page 159. L'ordre savant des prêtres gaulois.

Consultez, pour la science, les mœurs, le gouvernement des druides, diverses notes du livre précédent.

Page 159 L'orgueil dominait chez cette barbare.

Ce caractère d'orgueil est attribué aux Gaulois par toute l'antiquité. Selon Diodore, ils aimaient les choses exagérées, l'enflure et l'obscurité du langage; et l'hyperbole dominait dans leurs discours. Cette exaltation de sentiment dans Velléda prépare le lecteur à ce qui va suivre, et rend moins extraordinaire les propos, les mœurs et la conduite de cette femme infortunée.

Page 160. Les fées gauloises.

Le passage de Pomponius Mela est formel:

dit que les vierges ou

fées de l'ile de Sayne s'attribuaient tous les pouvoirs dont Velléda parle ici. On peut, si l'on veut, consulter encore un passage de SAINT-FOIX, tom. 1, 11 partie des Essais sur Paris.

Page 160. Le gémissement d'une fontaine.

Les Gaulois tiraient des présages du murmure des eaux et du bruit du vent dans le feuillage. (CÉSAR, liv. 1.)

Page 161. Je sentais, il est vrai, que Velléda ne m'inspirerait jamais un attachement, etc.

C'est ce qui fait qu'Eudore peut éprouver un véritable amour pour Cymodocée.

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Page 161. Ces bois appelés chastes.

« Nemus castum. » (TACIT., de Mor. Germ.)

Page 161. On voyait un arbre mort.

<< Ils adoraient, dit Adam de Brême, un tronc d'arbre extrêmement haut, qu'ils appelaient Irminsul. » C'était l'idole des Saxons, que Charlemague fit abattre. (ADAM BREM., Histor. Eccles. Germ., lib. II.) Je transporte l'Irminsul des Saxons dans la Gaule; mais on sait que les Gaulois rendaient un culte aux arbres, qu'ils honoraient tantôt comme Teutatès, tantôt comme dieu de la guerre; et c'est ce que signifie Irmin ou Hermaun.

Page 162. Autour de ce simulacre.

Lucus erat, longo nunquam violatus ab ævo,
Obscurum cingens connexis æra ramis,
Et gelidas alte summotis solibus umbras.

Hunc non ruricolæ Panes, nemorumque potentes
Sylvani, Nymphæque tenent, sed barbara ritu
Sacra deum; structæ sacris feralibus aræ;

Omnis et humanis lustrata cruoribus arbos.
Si qua fidem meruit superos mirata vetustas,
Illis et volucres metuunt insidere ramis,
Et lustris recubare feræ nec ventus in illas
Incubuit silvas, excussaque nubibus atris
Fulgura: non ullis frondem præbentibus auris,
Arboribus suus horror inest. Tum plurima nigris
Fontibus unda cadit, simulacraque mœsta deorum
Arte carent, cæsisque extant informia truncis.
Ipse situs, putrique facit jam robore pallor
Attonitos non vulgatis sacrata figuris

Numina sic metuunt; tantum terroribus addit,
Quos timeant non nosse deos.

(LUCAN., Phars., lib. III, v. 399 et seq.)

Ut procul Hercyniæ per vasta silentia silvæ
Venari tuto liceat, lucosque vetusta
Religione truces, et robora, numinis instar
Barbarici, nostræ feriant impune bipennes.

(CLAUDIAN., de Laud. Stilicon.)

Quant aux armes suspendues aux branches des forêts, Arminius, excitant les Germains à la guerre, leur dit qu'ils ont suspendu dans leurs bois les armes des Romains vaincus. « Cerni adhuc Germanorum in lucis signa romana quæ diis patriis suspenderit. » (TACIT., Ann., lib. 1, 59.) Jornandès raconte la même chose d'un usage des Goths.

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Page 163. Une Gauloise l'avait promis à Dioclétien,

Dioclétien, n'étant qu'un simple officier, rencontra dans les Gaules une femme fée elle lui prédit qu'il parviendrait à l'empire lorsqu'il aurait tué Aper: aper, en latin, signifie un sanglier. Dioclétien fit la chasse aux sangliers sans succès; enfin Aper, préfet du prétoire, ayant empoisonné Tempereur Numérien, Dioclétien tua lui-même Aper d'un coup d'épée, et devint le successeur de Numérien.

Page 163. Nous avons souvent disposé de la pourpre.

Claude, Vitellius, etc., furent proclamés empereurs dans la Gaule. Vindex leva le premier l'étendard de la révolte contre Néron. Les Romains disaient que leurs guerres civiles commençaient toujours dans les Gaules.

Page 163. Nouvelle Éponine.

Il est inutile de s'étendre sur cette histoire, que tout le monde connaît. Sabinus, ayant pris le titre de César, fut défait par Vespasien ; il se cacha dans un tombeau, où il resta neuf ans enseveli avec sa femme Éponine.

Page 164. Guitare.

LES MARTYRS.

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