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n'être pas obligée d'en changer. Celle de M. | pourriez la conserver si vous pratiquiez la d'Epinay est différente. Lorsqu'il est levé, son morale que vous venez de me prêcher. Voilà valet de chambre se met en devoir de l'accom- où je vous attendois, me dit-elle. Depuis dix moder. Deux laquais sont debout à attendre ans que j'ai perdu ma mère, je fus séduite par ordres. Le premier secrétaire vient avec le chevalier de Valory qui m'avoit vu, pour l'intention de lui rendre compte des lettres ainsi dire, elever; mon extrême jeunesse et la qu'il a reçues de son département, et qu'il est confiance que j'avois en lui ne me permirent chargé d'ouvrir; il doit lire les réponses et les pas d'abord de me défier de ses veus. Je fus faire signer; mais il est interrompu deux cents longtemps à m'en apercevoir, et lorsque je fois dans cette occupation par toutes sortes m'en aperçus, j'avois pris tant de goût pour d'espèces imaginables. C'est un maquignon lui, que je n'eus pas la force de lui résister. qui a des chevaux uniques à vendre, mais qui Il me vint des scrupules; il les leva, en me sont retenus par un seigneur; ainsi il est venu promettant de m'épouser. Il y travailla en pour ne pas manquer à sa parole; car on lui effet; mais voyant l'opposition que sa familie en donneroit le double, qu'on ne pourroit faire y apportoit, à cause de la disproportion d'âge affaire. Il en fait une description séduisante, et de mon peu de fortune; et me trouvant, on demande le prix. Le seigneur un tel en d'ailleurs, heureuse comme j'étois, je fus la offre soixante louis.-Je vous en donne cent.- première à étouffer mes scrupules, d'autant Cela est inutile, à moins qu'il ne se dédise. plus qu'il est assez pauvre. Il commençoit Cependant l'on conclut à cent louis sans les à faire des réflexions, je lui proposai de conavoir vus, car le lendemain le seigneur ne tinuer à vivre comme nous étions; il l'accepta. manque pas de se dédire: voilà ce que j'ai vu | Je quittai ma province, et je le suivis à Paris; et entendu la semaine dernière. vous voyez comme j'y vis. Quatre fois la se"Ensuite c'est un polisson qui vient brailler maine il passe sa journée chez moi; le reste un air, et à qui on accorde sa protection pour du temps nous nous contentons réciproquele faire entrer à l'Opéra, après lui avoir donné ment d'apprendre de nos nouvelles, à moins quelques leçons de bon goût, et lui avoir appris que le hasard ne nous fasse rencontrer. Nous ce que c'est que la propreté du chant françois; vivons heureux, contens; peut-être ne le sec'est une demoiselle qu'on fait attendre pourrions nous pas tant si nous étions mariés.”— savoir si je suis encore là. Je me lève et je I. pp. 111, 112. m'en vais; les deux laquais ouvrent les deux battans pour me laisser sortir, moi qui passerois alors par le trou d'une aiguille; et les deux estafiers crient dans l'anti-chambre: Madame, messieurs, voilà madame. Tout le monde se range en haie, et ces messieurs sont des marchands d'étoffes, des marchands d'instrumens, des bijoutiers, des colporteurs, des laquais, des décroteurs, des créanciers; enfin tout ce que vous pouvez imaginer de plus ridicule et de plus affligeant. Midi ou une heure sonne avant que cette toilette soit achevée, et le secrétaire, qui, sans doute, sait par expérience l'impossibilité de rendre un compte détaillé des affaires, a un petit bordereau qu'il remet entre les mains de son maître pour l'instruire de ce qu'il doit dire à l'assemblée. Une autre fois il sort à pied ou en fiacre, rentre à deux heures, fait comme un brûleur de maison, dîne tête à tête avec moi, ou admet en tiers son premier secrétaire qui lui parle de la nécessité de fixer chaque article de dépense, de donner des délégations pour tel ou tel objet. La seule réponse est: Nous verrons cela. Ensuite il court le monde et les spectacles; et il soupe en ville quand il n'a personne à souper chez lui. Je vois que mon temps de repos est fini."-I. pp. 308-310.

A very prominent person among the early friends of Madame d'Epinay is Mademoiselle d'Ette, a woman of great French respectability, and circulating in the best society; and, as we are painting French manners, we shall make no apology to the serious part of our English readers, for inserting this sketch of her history and character by her own hand.

Je connois, me dit-elle ensuite, votre franchise et votre discrétion: dites-moi naturellement quelle opinion on a de moi dans le monde. La meilleure, lui dis-je, et telle que vous ne

This seems a very spirited, unincumbered way of passing through life; and it is some comfort, therefore, to a matrimonial English reader, to find Mademoiselle d'Ette kicking the chevalier out of doors towards the end of the second volume. As it is a scene very edifying to rakes, and those who decry the happiness of the married state, we shall give it in the words of Madame d'Epinay.

grande partie dans l'inquiétude, elle entre chez "Une nuit, dont elle avoit passé la plus le chevalier: il dormoit; elle le réveille, s'assied sur son lit, et entame une explication moient. Le chevalier, après avoir employé avec toute la violence et la fureur qui l'anivainement, pour le calmer, tous les moyens que sa bonté naturelle lui suggéra, lui signifia d'elle pour toujours, et fuir un enfer auquel il enfin très-précisément qu'il alloit se séparer ne pouvoit plus tenir. Cette confidence, qui n'étoit pas faite pour l'appaiser, redoubla sa rage. Puis-qu'il est ainsi, dit-elle, sortez tout à l'heure de chez moi; vous deviez partir dans quatre jours, c'est vous rendre service de vcus faire partir dans l'instant. Tout ce qui est ici m'appartient; le bail est en mon nom: il ne me convient plus de vous souffrir chez moi: levez-vous, monsieur, et songez à ne rien emporter sans ma permission."-II. pp. 193, 194.

rate from Sir William Scott and Sir John Nicol Our English method of asking leave to sepa is surely better than this.

clever people, and remembers what they say, Any one who provides good dinners for cannot fail to write entertaining Mémoires. Among the early friends of Madame d'Epinay was Jean Jacques Rousseau,-she lived with him in considerable intimacy; and no small part of her book is taken up with accounts of his eccentricity, insanity, and vice.

"Nous avons débuté par l'Engagement téméraire, comédie nouvelle, de M. Rousseau, ami de Francueil qui nous l'a présenté. L'auteur a joué un rôle dans sa pièce. Quoique ce ne soit qu'une comédie de société, elle a eu un grand succès. Je doute cependant qu'elle pût réussir au théâtre; mais c'est l'ouvrage d'un homme de beaucoup d'esprit, et peut-être d'un homme singulier. Je ne sais pas trop cependant si c'est ce que j'ai vu de l'auteur ou de la pièce qui me fait juger ainsi. Il est complimenteur sans être poli, ou au moins sans en avoir l'air. Il paroît ignorer les usages du monde; mais il est aisé de voir qu'il a infiniment d'esprit. Il a le teint brun: et des yeux pleins de feu animent sa physionomie. Lorsqu'il a parlé et qu'on le regarde, il paroît joli; mais lorsqu'on se le rappelle, c'est toujours en laid. On dit qu'il est d'une mauvaise santé, et qu'il a des souffrances qu'il cache avec soin, par je ne sais quel principe de vanité; c'est apparemment ce qui lui donne, de temps en temps, l'air farouche. M. de Bellegarde, avec qui il a causé long-temps, ce matin, en est enchanté, et l'a engagé à nous venir voir souvent. J'en suis bien aise; je me promets de profiter beaucoup de sa conversation."L. pp. 175, 176.

Their friendship so formed, proceeded to a great degree of intimacy. Madame d'Epinay admired his genius, and provided him with hats and coats; and, at last, was so far deluded by his declamations about the country, as to fit him up a little hermit cottage, where there were a great many birds, and a great many plants and flowers-and where Rousseau was, as might have been expected, supremely miserable. His friends from Paris did not come to see him. The postman, the butcher, and the baker, hate romantic scenery;

duchesses and marchionesses were no longer found to scramble for him. Among the real inhabitants of the country, the reputation of reading and thinking is fatal to character; and Jean Jacques cursed his own successful eloquence which had sent him from the suppers and flattery of Paris to smell to daffodils, watch sparrows, or project idle saliva into the passing stream. Very few men who have gratified, and are gratifying their vanity in a great metropolis, are qualified to quit it. Few have the plain sense to perceive that they must soon inevitably be forgotten,— -or the fortitude to bear it when they are. They represent to themselves imaginary scenes of deploring friends and dispirited companies, but the ocean might as well regret the drops exhaled by the sunbeams. Life goes on; and whether the absent have retired into a cottage or a grave, is much the same thing.-In London, as in law, de non apparentibus, et non exist

entibus eadem est ratio.

This is the account Madame d'Epinay gives of Rousseau soon after he had retired into the hermitage.

"J'ai été il y a deux jours à la Chevrette, pour terminer quelques affaires avant de m'y établir avec mes enfans. J'avois fait prévenir Rousseau de mon voyage: il est venu me voir. Je crois qu'il a besoin de ma présence, et que

la solitude a déjà agité sa bile. Il se plaint ċe tout le monde. Diderot doit toujours aller, et ne va jamais le voir; M. Grimm le néglige; le Baron d'Holbach l'oublie; Gauffecourt et moi seulement avons encore des égards pour lui, dit-il; j'ai voulu les justifier; cela n'a pas réussi. J'espère qu'il sera beaucoup plus à la Chevrette qu'à l'Hermitage. Je suis persuadée qu'il n'y a que façon de prendre cet homme pour le rendre heureux; c'est de feindre de ne pas prendre garde à lui, et s'en occuper sans cesse; c'est pour cela que je n'insistai point pour le retenir, lorsqu'il m'eut dit qu'il vouloit s'en retourner à l'Hermitage, quoiqu'il fût tard et malgré le mauvais temps."-II. pp. 253, 254.

Jean Jacques Rousseau seems, as the reward of genius and fine writing, to have claimed an and begged, and never paid;-put his children exemption from all moral duties. He borrowed in a poor-house-betrayed his friends-insulted his benefactors-and was guilty of every species of meanness and mischief. His vanity was so great, that it was almost impossible to keep pace with it by any activity of attention; and his suspicion of all mankind amounted nearly, if not altogether, to insanity. The fol lowing anecdote, however, is totally clear of any symptom of derangement, and carries only the most rooted and disgusting selfishness.

"Rousseau vous a donc dit qu'il n'avoit pas porté son ouvrage à Paris? Il en a menti, car il n'a fait son voyage que pour cela. J'ai reçu hier une lettre de Diderot, qui peint votre her lieues à pied, est venu s'établir chez Diderot mite comme si je le voyois. Il a fait ces deux lui la revision de son ouvrage. Au point où sans l'avoir prévenu, le tout pour faire avec ils en étoient ensemble, vous conviendrez que cela est assez étrange. Je vois, par certains mots échappés à mon ami dans sa lettre, qu'il y a quelque sujet de discussion entre eux; mais comme il ne s'explique point, je n'y comprends rien. Rousseau l'a tenu impitoyablement à l'ouvrage depuis le Samedi dix heures du matin donner à peine le temps de boire ni manger. jusqu'au Lundi onze heures du soir, sans lui La revision finie, Diderot cause avec lui d'un plan qu'il a dans la tête, et prie Rousseau de l'aider à arranger un incident qui n'est pas encore trouvé à sa fantaisie. Cela est trop difficile, répond froidement l'hermite, il est tard, je ne suis point accoutumé à veiller. Bon soir, je pars demain à six heures du matin, il est temps de dormir. Il se lève, va se coucher, et laisse Diderot pétrifié de son procédé. Voilà leçons. Ajoutez à cette reflexion un propos cet homme que vous croyez si pénétré de vos singulier de la femme de Diderot, dont je vous prie de faire votre profit. Cette femme n'est qu'une bonne femme, mais elle a la tact juste. Voyant son mari désolé le jour du départ de Rousseau, elle lui en demande la raison; il la lui dit: C'est le manque de délicatesse de cet homme, ajoute-t-il, qui m'afflige; il me fait travailler comme un manœuvre, je ne m'en serois, je crois, pas aperçu, s'il ne m'avoit re fusé aussi sèchement de s'occuper pourmoi un quart-d'heure... Vous êtes étonné de cela, lui répond sa femme, vous ne le connoissez donc pas? Il est dévors d'envie; il enrage quan1

il paroit quelque chose de beau qui n'est pas | valle immense entre le ciel et les enfers. En de lui. On lui verra faire un jour quelques vérité, la main me tremble."-III. pp. 148, 149 grands forfaits plutôt que de se laisser ignorer. Tenez, je ne jurerois pas qu'il ne se rangeât du parti des Jésuites, et qu'il n'enterprît leur apologie."-II. pp. 60, 61.

The horror which Diderot ultimately conceived for him, is strongly expressed in the following letter to Grimm,-written after an interview which compelled him, with many pangs, to renounce all intercourse with a man who had, for years, been the object of his tenderest and most partial feelings.

"Cet homme est un forcené. Je l'ai vu, je lui ai reproché, avec toute la force que donne l'honnêteté et une sorte d'intérêt qui reste au fond du cœur d'un ami qui lui est dévoué depuis long-temps, l'énormité de sa conduite; les pleurs versés aux pieds de Madame d'Epinay, dans le moment même où il la chargeoit près de moi des accusations les plus graves; cette odieuse apologie qu'il vous a envoyee, et où il a'y pas une seule des raisons qu'il avoit à dire; cette lettre projectée pour Saint-Lambert, qui devoit le tranquilliser sur des sentimens qu'il se reprochoit, et où, loin d'avouer une passion née dans son cœur son malgré lui, il s'excuse d'avoir alarmé Madame d'Houdetot sur la sienne. Que sais-je encore? Je ne suis point content de ses responses; je n'ai pas eu le courage de le lui temoigner j'ai mieux aimé lui laisser la misérable consolation de croire qu'il m'a trompé. Qu'il vive! Il a mis dans sa défense un emportement froid qui m'a affligé. J'ai peur qu'il ne soit endurci.

Madame d'Epinay lived, as we before ob served, with many persons of great celebrity We could not help smiling, among many others, at this anecdote of our countryman, David Hume. At the beginning of his splen did career of fame and fashion at Paris, the historian was persuaded to appear in the cha racter of a sultan; and was placed on a sofa between two of the most beautiful women of Paris, who acted for that evening the part of inexorables, whose favour he was supposed to be soliciting. The absurdity of this scene can easily be conceived.

"Le célèbre David Hume, grand et gros historiographe d'Angleterre, connu et estimé par ses écrits, n'a pas autant de talens pour ce genre d'amusemens auquel toutes nos jolies femmes l'avoient décidé propre. Il fit son début chez Madame de T***; on lui avoit destiné le rôle d'un sultan assis entre deux esclaves, employant toute son éloquence pour s'en faire aimer; les trouvant inexorables, il devoit chercher le sujet de leurs peines et de leur résistance: on le place sur un sopha entre les deux plus jolies femmes de Paris, il les regarde attentivement, il se frappe le ventre et les genoux à plusieurs reprises, et ne trouve jamais autre chose à leur dire que. Eh bien! mes demoiselles.... Eh bien! vous voilà donc .... Eh bien! vous voilà .... vous voilà ici?.... Cette phrase dura un quart-d'heure, sans qu'il pût en sortir. Une d'elles se leva d'impatience: Ah! dit-elle, je m'en étois bien doutée, cet homme Adieu, mon ami; soyons et continuons n'est bon qu'à manger du veau! Dupuis ce d'être honnêtes gens: l'état de ceux qui ont temps il est relégué au rôle de spectateur, et cessé à l'être me fait peur. Adieu, mon ami; n'en est pas moins fêté et cajolé. C'est en véje vous embrasse bien tendrement..... Je ne rité une chose plaisante que le rôle qu'il joue jette dans vos bras comme un homme effrayé;ici; malheureusement pour lui, ou plutôt pour je tâche en vain de faire de la poésie, mais cet homme me revient tout à travers mon travail; il me trouble, et je suis comme si j'avois à côté de moi un damné; il est damné, cela est sûr. Adieu, mon ami. . . . . Grimm, violà l'effet que je ferois sur vous, si je devenois jamais un méchant: en vérité, j'aimerois mieux être mort. Il n'y a peut-être pas le sens commun dans tout ce que je vous écris, mais je vous avoue que je n'a jamais éprouvé un trouble d'ame si terrible que cela que j'ai.

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"Oh! mon ami, quel spectacle que celui d'un homme méchant et bourrelé! Brûlez, déchirez ce papier, qu'il ne retombe plus sous vos yeux; que je ne revoie plus cet homme la, il me feroit croire aux diables et à l'enfer. Si je suis jamais forcé de retourner chez lui, je suis sûr que je frémirai tout le long du chemin: j'avois la fiévre en revenant. Je suis fâché de ne lui avoir pas laissé voir l'horreur qu'il m'inspiroit, et je ne me réconcilie avec moi qu'en pensant, que vous, avec toute votre fermeté, vous ne l'auriez pas pu à ma place; je ne sais pas s'il ne m'auroit pas tué. On entendoit ses cris jusqu'au bout du jardin; et je le voyois! Adieu, mon ami, j'irai demain vous voir; j'irai chercher un homme de bien, aupres duquel je m'asséye, qui me rassure, et qui chasse de mon ame je ne sais quoi d'infernal qui la tourmente et qui s y est attaché. Les poètes ont bien fait de mettre un inter

la dignité philosophique, car, pour lui, il paroît s'accommoder fort de ce train de vie; il n'y avoit aucune manie dominante dans ce pays lorsqu'il y est arrivé; on l'a regardé comme une trouvaille dans cette circonstance, et l'effervescence de nos jeunes têtes s'est tournée de son côté. Toutes les jolies femmes s'en sont emparées; il est de tous les soupers fins, et il n'est point de bonne fête sans lui: en un mot, il est pour nos agréables ce que les Genevois sont pour moi."-III. pp. 284, 285.

There is always some man, of whom the human viscera stand in greater dread than of any other person, who is supposed, for the time being, to be the only person who can dart his pill into their inmost recesses; and bind them over, in medical recognisance, to assimilate and digest. In the Trojan war, Podalirius and Machaon were what Dr. Baillie and Sir Henry Halford now are they had the fashionable practice of the Greek camp; and, in all probability, received many a guinea from Agamemnon dear to Jove, and Nestor the tamer of horses. In the time of Madame d'Epinay, Dr. Tronchin, of Geneva, was in vogue, and no lady of fashion could recover without writing to him, or seeing him in person. To the Esculapius of this very small and irritable republic, Madame d'Epinay repaired; and after a struggle between life and death, and Dr. Tronchin, recovered her health. During

ner residence at Geneva, she became acquainted with Voltaire, of whom she has left the following admirable and original account-the truth, talent, and simplicity of which, are not a little enhanced by the tone of adulation or abuse which has been so generally employed in speaking of this celebrated person.

"Eh bien! mon ami, je n'aimerois pas à vivre de suite avec lui; il n'a nul principe arrêté, il compte trop sur sa mémoire, et il en abuse souvent; je trouve qu'elle fait tort quelquefois à sa conversation; il redit plus qu'il ne dit, et ne laisse jamais rien à faire aux autres. Il ne sait point causer, et il humilie l'amour-propre; il dit le pour et le contre, tant qu'on veut, toujours avec de nouvelles graces à la vérité, et néanmoins il a toujours l'air de se moquer de tout, jusqu'à lui-même. Il n'a nulle philosophie dans la tête; il est tout hérissé de petits préjugés d'enfans; on les lui passeroit peut-être en faveur de ses graces, du brilliant de son esprit et de son originalité, s'il te s'affichoit pas pour les secouer tous. Il a des inconséquences plaisantes, et il est au milieu de tout cela très-amusant à voir. Mais je n'aime point les gens qui ne font que m'amuser. Pour madame sa nièce, elle est tout-à-fait comique.

paroît pourtant pas. Il est d'une taille médiocre, sa figure a dû être très-agréable: elle se distingue encore par un air de noblesse et d'aisance, qui répand de la grace sur tout sa personne. Sa physionomie a de la finesse. Ses gestes, ses attitudes ne sont jamais recherchés; mais ils sont si bien d'accord avec la tournure de son esprit, qu'ils semblent ajouter à son originalité. Il parle des choses les plus sérieuses et les plus importantes d'un ton si gai, qu'on est souvent tenté de ne rier croire de ce qu'il dit. On n'a presque jamais rien a citer de ce qu'on lui entend dire; mais lorsqu'il parle, on ne veut rien perdre de ce qu'il dit; s'il se tait, on désire qu'il parle encore. Sa prodigieuse vivacité, et une singulière aptitude à toutes sortes de talens et de connoissances, l'ont porté à tout voir et à tout connoître; au moyen de quoi vous comprenez qu'il est fort instruit. Il a bien lu, bien vu, et n'a retenu que ce qui valoit la peine de l'être. Son esprit annonce d'abord plus d'agrément que de solidité, mais je crois que quiconque le jugeroit frivole lui feroit tort. Je le soupçonne de renfermer dans son cabinet les épines des roses qu'il distribue dans la société : assez constamment gai dans le monde, seul je le crois mélancolique. On dit qu'il a l'ame aussi "Il paroît ici depuis quelques jours un livre tendre qu'honnête; qu'il sent vivement et qu'il qui a vivement échauffe les têtes, et qui cause se livre avec impetuosité à ce qui trouve le des discussions fort intéressantes entre différ- chemin de son cœur. Tout le monde ne lui entes personnes de ce pays, parce que l'on plaît pas; il faut pour cela de l'originalité, ou prétend que la constitution de leur gouverne- des vertus distinguées, ou de certains vices ment y est intéressée: Voltaire s'y trouve qu'il appelle passions; néanmoins dans le mêlé pour des propos assez vifs qu'il a tenu à courant de la vie, il s'accommode de tout. ce sujet contre les prêtres. La grosse nièce Beaucoup de curiosité et de la facilité dans le trouve fort mauvais que tous les magistrats caractère (ce qui va jusqu'à la foiblesse) n'ayent pas pris fait et cause pour son oncle. l'entraînent souvent à négliger ses meilleurs Elle jette tour à tour ses grosses mains et ses amis et à les perdre de vue, pour se livrer à petits bras par dessus sa tête, maudissant avec des goûts factices et passagers : il en rit avec des cris inhumains les lois, les républiques, et eux; mais on voit si clairement qu'il en rougit surtout ces polissons de républicains qui vont avec lui-même, qu'on ne peut lui savoir à pied, qui sont obligés de souffrir les criail- mauvais gré de ses disparates."-III. pp. 324 leries de leurs prêtres, et qui se croient libres.-326. Cela est tout-à-fait bon à entendre et à voir." III. pp. 196, 197.

The portrait of Grimm, the French Boswell, vol. iii. p. 97, is equally good, if not superior; Madame D'Epinay was certainly a woman but we have already extracted enough to show of very considerable talent. Rousseau accuses the nature of the work, and the talents of the her of writing bad plays and romances. This author. It is a lively, entertaining book,may be; but her epistolary style is excellent relating in an agreeable manner the opinions -her remarks on passing events lively, acute, and habits of many remarkable men-mingled and solid-and her delineation of character with some very scandalous and improper pasadmirable. As a proof of this, we shall give sages, which degrade the whole work. But if her portrait of the Marquis de Croismare, one all the decencies and delicacies of life were in of the friends of Diderot and the Baron d'Hol- one scale, and five francs in the other, what bach. French bookseller would feel a single mon ent “J> .ui crois bien soixante ans; il ne les of doubt in making his selection?

POOR-LAWS.*

[EDINBURGH REVIEW, 1820.

OUR readers, we fear, will require some apology for being asked to look at anything upon the poor-laws. No subject, we admit, can be more disagreeable, or more trite. But, unfortunately, it is the most important of all the important subjects which the distressed state of the country is now crowding upon our notice.

A pamphlet on the poor-laws generally contains some little piece of favourite nonsense, by which we are gravely told this enormous evil may be perfectly cured. The first gentleman recommends little gardens; the second cows; the third a village shop; the fourth a spade; the fifth Dr. Bell, and so forth. Every man rushes to the press with his small morsel of imbecility; and is not easy till he sees his impertinence stitched in blue covers. In this list of absurdities, we must not forget the project of supporting the poor from national funds, or, in other words, of immediately doubling the expenditure, and introducing every possible abuse into the administration of it.

profligate would be the expenditure. It is pro posed also that alehouses should be diminished. and that the children of the poor should be catechized publicly in the church,-both very respectable and proper suggestions but of them. selves hardly strong enough for the evil. We have every wish that the poor should accus. tom themselves to habits of sobriety; but we cannot help reflecting, sometimes, that an alehouse is the only place where a poor tired creature, haunted with every species of wretchedness, can purchase three or four times a year three pennyworth of ale-a liquor upon which wine-drinking moralists are always extremely severe. We must not forget, among other nostrums, the eulogy of small farms-in other words, of small capital, and profound ig. norance in the arts of agriculture;-and the evil is also thought to be curable by periodical contributions from men who have nothing, and can earn nothing without charity. To one of these plans, and perhaps the most plausible, Mr. Nicol has stated, in the following passage, objections that are applicable to almost all the rest.

Then there are worthy men, who call upon gentlemen of fortune and education to become overseers-meaning, we suppose, that the pre- "The district school would no doubt be well sent overseers are to perform the higher duties superintended and well regulated; magistrates of men of fortune. Then merit is set up as and country gentlemen would be its visitors. the test of relief; and their worships are to The more excellent the establishment, the enter into a long examination of the life and greater the mischief; because the greater the character of each applicant, assisted, as they expense. We may talk what we will of econdoubtless would be, by candid overseers, and omy, but where the care of the poor is taken neighbours divested of every feeling of malice exclusively into the hands of the rich, compaand partiality. The children are next to be rative extravagance is the necessary consetaken from their parents, and lodged in im- quence: to say that the gentleman, or even the mense pedagogueries of several acres each, overseer, would never permit the poor to live where they are to be carefully secluded from at the district school, as they live at home, is those fathers and mothers they are commanded saying far too little. English humanity will to obey and honour, and are to be brought up never see the poor in any thing like want, when in virtue by the churchwardens.-And this is that want is palpably and visibly brought be gravely intended as a corrective of the poor-fore it: first, it will give necessaries, next comlaws; as if (to pass over the many other objections which might be made to it,) it would not set mankind populating faster than carpenters and bricklayers could cover in their children, or separate twigs to be bound into rods for their flagellation. An extension of the poorlaws to personal property is also talked of. We should be very glad to see any species of property exempted from these laws, but have no wish that any which is now exempted should be subjected to their influence. The case would infallibly be like that of the income-tax, -the more easily the tax was raised, the more

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forts; until its fostering care rather pampers, than merely relieves. The humanity itself is highly laudable; but if practised on an exten. sive scale, its consequences must entail au almost unlimited expenditure.

"Mr. Locke computes that the labour of a child from 3 to 14, being set against its nourishment and teaching, the result would be exone ration of the parish from expense. Nothing could prove more decisively the incompetency of the board of trade to advise on this question. Of the productive labour of the workhouse, I shall have to speak hereafter; I will only observe in this place, that after the greatest care and attention bestowed on the subject, after ex. pensive looms purchased, &c., the 50 boys of the blue coat school earned in the year 1816, 591. 10s. 3d.; the 40 girls earned, in the same time, 401. 7s. 9d. The ages of these children in the year, and cost about twenty. are from 8 to 16. They earn about one pound

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