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DES

CONSTITUTIONS,

CHARTES ET LOIS FONDAMENTALES

DES PEUPLES DE l'europe et des deux amériques.

ESPAGNE.

PRÉCIS DE L'HISTOIRE

DU

GOUVERNEMENT D'ESPAGNE.

APRÈS avoir étudié, même superficiellement, l'histoire politique de l'Espagne et de ses institutions, on s'étonne de l'assurance merveilleuse avec laquelle certains écrivains présentent la dernière révolution de ce pays, comme le résultat des doctrines nouvelles, et ses institutions récemment établies, comme des innovations aussi dangereuses que criminelles. Ils ignorent donc, les détracteurs du nouveau système adopté par les Espagnols, que l'autorité des cortès est aussi ancienne que celle des rois, que souvent elle a été plus étendue; que les élémens de ces assemblées nationales ont toujours présenté autant de garantie à la liberté des peuples, qu'à la stabilité du trône ; et que le pouvoir absolu introduit par les princes de la maison d'Autriche n'avait pas fait en

TOME V.

I

tièrement oublier à la nation espagnole ses anciens priviléges et les libertés dont elle avait joui depuis son origine.

On ne saurait contester que les droits reconquis naguère par le peuple espagnol ne fussent depuis des siècles consacrés par une foule d'actes, et que les assemblées, connues d'abord sous le nom de Conciles, puis sous celui de Cortès, n'aient servi de type aux cortès actuelles. Des écrivains non suspects ont, même tout récemment, rappelé ce vieil adage du droit politique espagnol, qui représente l'existence du pouvoir souverain comme entièrement subordonnée à l'observation des conditions qui lui sont imposées. M. Marina, dans son ouvrage intitulé Théorie des Cortès, dit dans une note relative au même objet : « C'est dans ce sens qu'on lit dans saint » Isidore: reges à rectè agendo vocati sunt: ideòque rectè faciendo, regis nomen tenetur, peccando amittitur. ( Sentent. » lib. 3, ch. 48 ), et dans un autre endroit (Etimol. liv. 9, » ch. 3): Undè apud veteres tale erat proverbium : « Rex eris, » si rectè facias, si non facias, non eris. »

Au surplus, si l'ancienneté de ces titres contribue à les rendre respectables, le courage avec lequel les Espagnols ont défendu leur indépendance contre le conquérant de l'Europe, et relevé, au milieu de cette lutte terrible, des institutions vraiment nationales, leur donne sans doute aussi quelque droit à conserver le fruit de leurs travaux et de leur sang. Si l'on songe que les cortès renaissaient en Espagne, au moment où les habitans de Sarragosse mouraient jusqu'au dernier, sous les ruines de leurs maisons, on verra s'il est juste et s'il est facile de renverser la constitution et d'envahir le territoire. L'opinion que nous avons conçue de la révolution d'Espagne, et que nous émettons ici franchement ne nous empêchera point de reconnaître que, dans la situation actuelle de ce pays, ses institutions sont susceptibles de modifications sur quelques points. A dieu ne plaise d'ailleurs que nous approu vions ou que nous dissimulions les excès qui auraientsouillé la belle et noble cause de la liberté; nous ne craindrons pas de rap

peler aux Espagnols que leurgloire et le bonheur de leur pays dépendent entièrement de leur conduite actuelle. Qu'ils n'oublient pas que l'anarchie conduit au despotisme; et qu'en exagérant les principes les plus vrais, on tombe dans les erreurs les plus déplorables. Puissent-ils profiter de notre expérience, et montrer aux nations attentives le beau spectacle d'une nation qui sait conserver par sa modération la liberté qu'elle a su conquérir par son courage.

S I.

Depuis l'origine de l'Espagne, jusqu'à l'invasion des Maurès, en 711.

Les peuples qui habitaient l'Espagne dans l'antiquité la plus reculée, ne nous sont connus que d'une manière imparfaite et peu certaine, et nous ne devons pas nous arrêter à étudier leur histoire : il importe peu également de déterminer l'époque à laquelle les Phéniciens conduisirent des vaisseaux sur leurs côtes, et comment s'établirent avec eux les premières relations commerciales.

Plus tard, et au temps des guerres entre Rome et Carthage, l'Espagne, qui en fut souvent le théâtre et qui, plus d'une fois, y prit une part active, commença à être mieux connue. Selon les historiens, ce pays était alors habité par plusieurs peuplades indépendantes et qui toutes se gouvernaient d'après leurs lois particulières et les coutumes de leurs ancêtres, ignorant jusqu'au nom de rois et de princes.

Les armes des Romains, après avoir triomphe de Carthage, soumirent peu à peu les différentes provinces de l'Espagne, et sous le règne d'Auguste (38 ans avant Jésus-Christ), elle fut divisée en trois provinces, la Tarragonaise, la Lusitanie et la Bétique. Cet événement parut assez important pour servir de point de départ à une nouvelle ère, nommée l'ère es

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