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rophe, qui s'est accomplie avec une rapidité extraire, vu qu'il n'y a que cinquante-six vers de six syllepuis la sortie de Didon, et qu'il faut presque cent nte vers pour raconter ce qui a suivi. Le récit compar les exclamations connues. Le chœur vole voir avre, le messager veut connaître les détails, Barce de ne pas pouvoir les lui fournir, mais elle ne réuse trop bien. Nous sommes encore chez Virgile (1), me toujours, c'est une traduction lâche. Le chœur débiter la fin du quatrième livre de l'Enéide où il de la libération par Iris de l'âme en peine (2), récit dont même le Pazzi aurait pu voir l'inaptitude sur e. Mais il a pris « tout ce qu'il a pu » de Virgile. sager s'en va tout raconter à son maître et le chœur e Anne, la nouvelle reine.

résumé la tragédie du Pazzi ne vaut rien. Elle est ante seulement en ce qu'elle est une des premières es classiques en langue moderne, un coup d'essai. ut pas de suites puisque le Pazzi n'était ni poète, aturge, ni traducteur. Elle reste pourtant un exemthéâtre de l'époque. Outre l'influence directrice du nous y avons reconnu quelques traits classiques : gue modelé probablement sur Euripide, quelques t réflexions qui rappellent Sénèque, et enfin des ins montrant que le Pazzi connaissait bien les auassiques, tels que Silius Italicus et Ovide. Mais tout entreprit d'imiter réussit si mal entre ses mains perd son temps à rechercher ses sources. Passons

con successeur.

n. IV 642-692.

f. En. IV 693-705.

La DIDONE

de Giambattista Giraldi-Cinthio

Le Giraldi fut l'auteur tragique le plus important de la Renaissance italienne, peut-être le plus important avant l'Alfieri. Son œuvre dramatique est considérable car, enivré par le succès de son Orbecche, qui fut écrite, jouée et imprimée en 1541, il la fit suivre par huit autres tragédies, dont six sont plutôt des tragi-comédies, genre inventé par lui. Aucune de ces huit pièces ne fut publiée avant la mort du Giraldi, mais on peut réussir à établir plus ou moins exactement l'ordre de leur composition. Dans le recueil de son théâtre (1) elles sont arrangées ainsi : Orbecche, Altile, Antivalomeni, Cleopatra, Arrenopia, Euphemia, Epitia, Selene. La date de composition ordinairement attribuée à la Didon est 1543, puisque c'est en cette année qu'elle fut jouée à la cour du duc d'Este et qu'il sembla bon au Giraldi de la défendre contre ses critiques (2). Mais dans la préface de l'Orbecche datée du 20 mai 1541, le Giraldi parle de l'Altile, la Cleopatra et la Didone comme déjà terminées, ce qui nous porterait à croire la Didon antérieure à l'Orbecche si l'auteur n'avait pas dit le contraire dans sa Défense (3). Dans cette même défense (4) qu'il écrivit après la présentation de la Didon, il dit : « Ma se forse tarderò più nel compor la Cleopatra, che non ho fatto

(1) Publié par Celso Giraldi, Venetia, 1583, in-8°.

(2) Cette défense se trouve à la suite de la tragédie elle-même dans le recueil mentionné. Elle porte la date de 1543.

(3) Voir la Didone page 148, où il parle de « la Didone, che doppo l'Orbecche è nata ».

(4) page 156-7.

et il y en a d'autres

De telles rencontres indiquent l'une des deux solutions ou bien le Giraldi imita le quatrième livre de l'Enéide en écrivant son Altile, ou bien il imita sa Didon déjà écrite, soit par intention, soit inconsciemment. La deuxième est évidemment la plus vraisemblable des deux, d'autant plus que l'Altile serait ainsi la première d'une suite ininterrompue de tragi-comédies (1). Donc le Giraldi aurait composé ses tragédies dans l'ordre suivant: Orbecche, Didone, Cleopatra, Altile et puis les cinq autres tragi-comédies (2), les trois dernières nommées étant déjà entamées au moment de l'impression de l'Orbecche et les deux dernières presque terminées au moment de la représentation de lá Didone.

On peut très bien se faire d'après son art poétique (3) une idée du but que le Giraldi envisageait en écrivant sa Didon. Je vais en citer quelques maximes : « Le sujet d'une tragédie doit être nouveau pour plaire » (4). Voilà pourquoi il choisit Didon, la tragédie du Pazzi étant restée dans l'obscurité. << Les sentences dans une tragédie correspondent aux plaisanteries dans une comédie (5), mais il ne faut pas s'en servir de trop » (6). « Il faut écrire en vers pour

(1) Si l'Altile fut écrite après le Didon, il faut qu'elle ait été également postérieure à la Cléopâtre, car le Giraldi parle de celle-ci dans la défense de sa Didon comme de sa prochaine pièce à écrire. De cette façon, on doit accepter avec réserve la remarque du Giraldi à l'effet que l'Altile, la Cleopatra et la Didone étaient déjà écrites lors de la publication de l'Orbecche. Il aurait dû dire projetées je pense. D'une autre côté la Didone ne peut guère devancer ses deux sours de longtemps puisque le Giraldi parle de l'Altile comme définitivement terminée le 20 avril 1543 (dans le Discorso, p. 285-6). Il espérait la faire jouer devant le duc d'Este, espoir qui fut trompé par la mort de l'acteur principal. A vrai dire, le Giraldi se montre contristé plutôt par la représentation manquée que par la mort de son ami.

(2) La Selene et les Antivalomeni durent être les premières de ces cinq, puisque le Giraldi s'en sert pour illustrer ses théories dans ses Discorsi, qui furent publiés en 1544.

(3) Discorsi di M. Giovambattista Giraldi Cinthio Nobile Ferrarese, Segretario dell' Illustrissimo et Eccelente Duca di Ferrara intorno al comporre dei Romanzi, delle Comedie, e delle Tragedie, e di altre maniere di Poesie... Vinegia appresso Gabriel Giolito de' Ferrari et Fratelli, 1544, in-4°.

(4) Discorsi, page 12.

(5) op. cit. p. 178. (6) op. cit. p. 183.

nel comporre le altre due... ». Malheureusement, il ne dit pas quelles sont les deux tragédies antérieures à la Cléopâtre. S'il voulait parler de l'Orbecche et de la Didon, celle-ci est sûrement la deuxième tragédie qu'il composa. Mais s'il pensait à la Didon et l'Altile, avec lesquelles il avait déjà groupé la Cléopâtre, comme nous avons vu, il reste à savoir laquelle des deux est l'aînée. Pour résoudre ce petit problème, il suffira de regarder quelques extraits de l'Altile. Dans la quatrième scène du troisième acte de l'Altile le frère de l'héroïne lui reproche de s'être donnée à Norrino, vu qu'elle a refusé les demandes

Di tanti, e tanti Re, che ti hanno chiesta. (1)

La situation et les paroles sont pareilles dans la quatrième scène du premier acte de la Didon, où on lit

Non sapete voi quanti, e quanti altri

Ho rifiutati Re, che cercato hanno
Per moglie havermi? (2)

La pensée est de Virgile (3). Dans l'acte suivant de l'Altile l'héroïne s'écrie:

Duolmi sol, che la spada

Che lasciata mi havea

Norrino à canto al letto

Non sia ne le mie mani. (4)

C'est l'idée du glaive laissé par Enée dans la chambre de Didon, l'instrument de son suicide (5). Plus tard dans la même scène Altile se compare à Didon, puis elle veut faire de sa nourrice et de sa sœur les complices innocentes de sa mort, ce qui rappelle les rôles joués par Anne et Barce dans l'Enéide et dans la Didon.

(1) « De tant et de tant de rois qui t'ont demandée. » (2)« Ne savez-vous pas combien et combien j'ai refusé de rois qui ont cherché à m'obtenir pour épouse?

(3) cf. En. IV 36-8.

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(4) Alt. IV 4 p. 998. (( Je me désole que l'épée que Norrino m'avait laissée à côté du lit ne soit pas dans mes mains. >> (5) cf. En. IV 495 et 507; Giraldi: Didone IV 3, page 101.

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atre. En cela les modernes doivent surpasser les qui ne blâmaient pas la composition en prose» (1). a tragédie diffère de la comédie en ce qu'elle emploie t et le mouvement du corps, mais dans le prologue le seulement. Il faut que l'action soit présentée et s racontée» (2). — « Il est recommandé d'observer de temps. Toutefois, il est évident qu'Euripide ne nit pas l'action de son Héraclide à une seule jourailleurs cette licence est approuvée par Aristote. autorité de ce dernier l'action de l'Altile et de la atteint deux jours » (3). - La comédie et la traont didactiques. Il faut aborder l'action en un point nt le mieux possible la conduite de l'intrigue vers ue l'on désire atteindre. La tragédie doit avoir un istorique, des personnages nobles. Mais les évènele la vie privée se peuvent représenter par la trae qui offre au poète un champ plus vaste (4). --. in de la pièce l'esprit du spectateur doit être tellessasié qu'il ne demande plus rien» (5). -- idée nt traduite d'Aristote. Elle est d'autant plus amue le Giraldi ne réussit que trop bien à l'appliquer « Le deus ex machinâ nuit à l'excellence de e à Tauride, l'Edipe Roi est louable en ce que les interviennent pas et que les caractères ne changent ). « Il faut de l'horreur et de la compassion à agédie, et par conséquent des personnages qui ne i trop bons ni trop mauvais » (7). Sénèque Eous les Grecs en prudence, en gravité, en dignité, sté, en sentences, en rhétorique » (8). « Il ne d'action violente sur la scène » (9). « Les rimes ores aux parties morales d'une tragédie et, à la rix passages persuasifs, mais il ne faut pas en user

on.

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. cit. p. 204.

p. cit. p. 205

. cit. page 207

. cit. p. 208

p. cit. p. 211.
. cit. p. 212-13.

- cit. p. 216

- cit. p. 220. p. cit. p. 222.

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