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nition de ses amours avec Enée. Anne veut la récon, elle la félicite de la conquête amoureuse du prince n, mais apprenant toute l'ampleur de cette passion eut la réfréner. Elle est contente que sa sœur se livre é de cet étranger mais elle ne veut pas qu'elle l'aime! eux sœurs s'en vont sacrifier et le chœur termine par un discours sur la faiblesse humaine. La faiblesse e de Didon lui fait croire que ce fut vraiment Cusous les traits d'Ascagne qui embrasa son cœur. Ici eur dit que la Renommée (décrite en détail d'après e) (1) lui apprend que les Troyens vont partir, procéicule qui suscite la chicane de F. Flamini; il admire chœur reçoive cette nouvelle apportée sur l'aile du

2)

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uoique cette scène repose sur les premières lignes du re de l'Enéide, elle est assez proche de la première du quatrième acte de l'Octavie de Sénèque. Poppée on ont toutes les deux vu une apparition, elles ont es songes épouvantables et sanguinaires, qui leur ent l'idée d'expier par un sacrifice la faute de s'être s. La scène du Pazzi contient une stichomythie, iminaladroite de la manière de Sénèque, ou d'Euripide, veut :

ANNA

Regina il troppo amore al furore è presso.

DIDO

Lasso questo è furor che più non può crescere

ANNA

Non dar tutte le vele a si fieri venti.

DIDO

Chi può tener quel che non è in poter suo.

ANNA

Revoca la ragione, et ripiglia il freno.

DIDO

Il freno d'ogni mio arbitrio tiene altri hor mai.

Enéide IV 173-195.

II Cinquecento, Milano, 1902, gr. in-8°, p. 251.

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ANNA

Non sente il ben d'amor, chi si da a lui in preda.

DIDO

Preda legata sono da insolubili lacci. (1)

Le second acte amène Enée qui dit à son confident Achate que Mercure lui a commandé de continuer son voyage fatal vers l'Italie et qu'il est résolu de partir sur le champ (2). Le chœur parle encore de la Renommée qui a enfin << frappé les oreilles de la Reine ». Et voici Didon ellemême. Nous en sommes au superbe passage de l'Enéide où Didon supplie Enée au nom de ses bienfaits, de ses joies et de ses malheurs de ne pas l'abandonner. Enée s'excuse faiblement de sa décision, qui est d'ailleurs irrévocable, sur quoi Didon tout en pleurant lui lance des injures ironiques et de vaines menaces. Et tout cela est rendu par notre dramaturge avec une fidélité pénible et de la façon la moins dramatique qu'on puisse imaginer. Virgile avait écrit trois discours, le Pazzi en écrit également trois avec quelques vers intercalés pour le chœur. Il traduit tout, tantôt avec trop peu de paroles (comme dans l'extrait du prologue que nous avons déjà vu), tantôt avec un verbiage insupportable. Là où Virgile met:

Ego te, quae plurima fando

Enumerare vales, nunquam, regina, negabo
Promeritam nec me meminisse pigebit Elissae,
Dum memor ipse mei, dum spiritus hos regit ar-
[tus. (3).

l'Italien allonge ainsi :

(1) op. cit. vers 278-284 :

Anne.

Reine, c'est atteindre la folie que de trop aimer. Didon. Mon amour est folie puis qu'il ne peut plus croître. Ne donne pas la voile à des vents si forts.

Anne.

Didon.

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Anne.

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Qui peut retenir ce qui n'est plus en son pouvoir?
Rappelle la raison et rèprends le frein.

Didon. Un autre tient le frein de tout mon arbitre.

Anne.

le bien.

Celui qui se donne pour proie à l'amour n'en ressent pas

Didon. J'en suis la proie, et liée par des liens insolubles. »>

(2) cf. Enéide IV 259-295.

(3) En. IV 333-336.

Regina i'ti confesso ingenuamente
haver come tu di' tali oblighi teco

quai mai della mia mente non tempo alcuno
scancellerà, nè sarà mai che il tuo nome
grato nella memoria non mi stia sempre,
finche scordato non sarò di me stesso

finche la vita sosterrà queste membra. (1)

hasarde à changer le sens du latin tant soit peu, il nd ridicule :

t:

Heu! Furiis incensa feror! (2)

hoi me qual furore

mi porta et dove (3).

tefois il atteint par endroits une certaine vigueur on e rassurer, c'est toujours un affaiblissement du latin. l écrit :

Più non ti tengo, hor mai più non contradico, va pure et trova Italia co i venti adversi... (4).

ux vers sont simples, vigoureux, même beaux. Mais dent toute beauté du moment qu'on les compare original :

Neque te teneo, neque dicta refello

I, sequere Italiam ventis; pete regna per undas (5).

Vers 490-496: « Reine, je te confesse naïvement d'avoir toi, comme tu le dis, de telles obligations que le temps ne cerà jamais de mon esprit, et que ton nom ne restera jamais u’agréable dans ma mémoire, tant que je ne m'oublierai pas e et que la vie soutiendra ces membres »>. loc. cit. 376.

Vers 558-9 « Hélas! quelle fureur m'emporte, et où? »> Vers 564-5 : « Je ne te retiens plus, dès maintenant, je ne te is plus, va donc, cherche l'Italie par les vents contraires. ». En. IV 380-381.

1

En somme, le pauvre Pazzi ne réussit à faire de cette scène, comme de toutes les scènes où il suit Virgile servilement, qu'une traduction de troisième ordre.

L'intérêt reprend légèrement là où il n'y a plus de discours à traduire et où il faut que l'auteur transforme un lyrisme épique en lyrisme dramatique. A force de chercher avec attention l'on y découvrira quelques beaux vers. Ce n'est pas sans goût que le Pazzi traduit : Suscipiunt famulae collapsaque membra... (1) par

Sostenete le membra

che epsa più non sostiene. (2)

bien que ce soit un italien fort latinisé.

Ensuite le chœur

observe les préparatifs de départ des Troyens, terminant ainsi le deuxième acte.

Jusqu'ici tout a été pris, sauf certaines légères additions et variations, aux premier et quatrième livres de l'Enéide. Mais dès le commencement du troisième acte le Pazzi ajoute un peu du sien. Il nous amène Mercure et Jarbas sur la scène et développe avec leur concours une intrigue originale. Sur la demande de Jarbas la déité suprême a envoyé son messager sur terre (3). Avant de faire partir Enée, il va introduire Jarbas devant Didon, l'ayant déjà rendu invisible pour faciliter le passage des gardes carthaginoises. Du reste la composition de la scène est maladroite quoique relevée par quelques métaphores heu

reuses comme :

gli alati legni fugghin l'otiosa terra. (4)

qui trahissent leur origine épique. Ensuite le chœur de se lamenter à nouveau des infortunes de la malheureuse reine, et Didon de s'en plaindre elle-même. Elle envoie Anne prier Enée de se montrer compatissant et celle-ci fort optimiste,

(1) loc. cit. vers 391.

(2) vers 587-588 : « Soutenez les membres qu'elle-même ne soutient plus. »

(3) cf. Enéide IV 196-278,

(4) vers 723. « Les nefs ailés fuient la terre oisive. »

a faire la commission (1). La moitié du chœur qui ne ge point l'espoir d'Anne, va assister à la scène qui aura ntre Anne et Enée, tandis que l'autre moitié reste à er les transports de douleur de Didon. Cette division œur indique, à mon avis, l'influence d'Euripide.

on, enfin seule, débite un long discours qu'elle précède n résumé bref des présages sinistres qui indiquent ort décadent (2). Ce passage a été raccourci et libreimité plutôt que traduit. Des souhaits de mort suimêlés de sentences à la manière de Sénèque et de quelplaintes banales telles que :

Et forse prende dilecto

el tuo miser languire, et di tanto stratio. (3)

e seul long monologue de Didon qui soit original et e moins beau et le plus confus de toute la tragédie. râce au retour d'Anne il reste inachevé, cédant devant ichomythie où Anne réplique aux questions de sa qu'il est impossible de retenir Enée. Ce dialogue, è celui du premier acte, rappelle les assauts sentenqu'échangent Phèdre et sa nourrice dans l'Hippolyte pide ou de Sénèque. Pourtant une amélioration de st sensible ici, il y a quelques ripostes vives et bien

es, comme :

DIDO

Ai venti tanti preghi gittaste 'indarno?

ΑΝΝΑ

Il suo tosto fuggire mi fece tacere.

DIDO

No ritenesti al men per sin che t'udisse?

cf. En. 416-440. Nous avons déjà vu les manquements du omme traducteur : je me contenterai donc de dire que ce et en général ceux qui, vont suivre, n'offrent rien de nouins ce genre.

cf. En. IV. 452-473.

858-9.« Peut-être se plait-il à voir ta langueur et tant de

ices. >>

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