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marque d'infamie imprimée avec le feu au sang de Philippe, ose opposer son aboyant Anubis à notre Jupiter.» (TISSOT, III, 646.) · Omnis eo terrore Ægyptus et Indi. Les Romains appelaient Indiens tous les peuples qui sont au midi de l'Afrique.

137. - Page 450. . . . . .

138.

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Page 450. Omnis Arabs, omnes vertebant terga Sabæi.

La Sabée était une province de l'Arabie Heureuse, célèbre, dans l'antiquité, par l'encens et la myrrhe qu'elle produit. Virgile dit, dans les Géorgiques, livre 1er, vers 57:

India mittit ebur, molles sua thura Sabæi.

L'encens découle d'un arbre par une incision faite à l'écorce, dans les grandes chaleurs de l'été, lorsque la sève est le plus abondante. La liqueur se fige en tombant, et forme des larmes ou globules d'un blanc tirant sur le jaune. La récolte faite au commencement du printemps est moins riche et d'une qualité inférieure. Les anciens qui récoltaient l'encens se trouvaient exposés à de grands dangers. L'air était vicié, et le pays infesté de serpens qui s'élançaient sur les travailleurs. Leur morsure était réputée mortelle et incurable. C'est ce qui fit donner à cette contrée le nom d'Hatsarmuth, région de la mort; et l'on n'employait à recueillir l'encens, que des esclaves ou des hommes condamnés au dernier supplice.

139. — Page 450. Fecerat ignipotens undis et Iapige ferri.

Variantes dans les manuscrits: Iapuge, Iapide, laspide, etc. Le vent Iapix, soufflant de la Iapigie (la Pouille), était aussi appelé Caurus; il est favorable à ceux qui naviguent d'occident en orient. Horace, dans l'ode au vaisseau qui porte son ami Virgile, souhaite qu'Éole ne laisse souffler que l'Iapix : « Obstrictis aliis præter Iapiga. » Ce vent favorisait le départ de Virgile pour la Grèce, et le retour de Cléopâtre et de sa flotte en Égypte. 140. - Page 452. Maxi:na ter centum totam delubra per urbem.

Le grand nombre de temples qu'Auguste bâtit fait appeler ce prince, par Tite-Live, Templorum omnium conditor aut restitutor. C'est ainsi qu'Ovide, s'adressant à Auguste lui-même, dit:

Templorum positor, templorum sancte refector.

De Loynes annonce qu'il a restreint le nombre de ces temples : « Le poète, dit-il, les porte à trois cents. Nous avons cru que c'était bien assez de lui en faire bâtir et consacrer un cent. >>

Delille pensait sans doute comme De Loynes, et il allait même plus loin, car le vers maxima ter centum et les trois vers suivans sont omis dans sa traduction. Le poète français se contente de dire :

Au temple d'Apollon, d'un marbre éblouissant,
Lui-même vient offrir son vœu reconnaissant.

Octave, devenu maître du monde, affectait dans sa conduite extérieure une grande piété envers les dieux et c'est peut-être ce qui détermina Virgile à faire d'Énée un héros pieux, et à le peindre tel que se montrait Auguste.

141. - Page 452. Dona recognoscit populorum, aptatque superbis

Postibus.

Les présens des peuples alliés et les dépouilles des peuples vaincus ajoutaient à la pompe du triomphe chez les Romains. Ces présens et ces dépouilles étaient appendus dans les temples, comme on attache encore aux voûtes de nos églises les enseignes et les drapeaux enlevés aux ennemis.

142. Page 452. Hic Nomadum genus.

Les anciens appelaient nomades ou numides tous les peuples errans qui n'avaient point de demeure fixe, et que Stace désigne par ces mots mutatores locorum. Virgile peint ainsi le nomade africain, dans le troisième livre des Géorgiques (v. 343):

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Armentarius Afer agit, tectumque, laremque,

Armaque, Amyclæumque canem, Cressamque pharetram.

Il s'agit ici des Numides d'Afrique, dont le pays s'étendait sur la côte, dans le voisinage de Carthage et de la Mauritanie. C'est à l'ancienne Numidie que répond aujourd'hui le territoire d'Alger. 143. - Page 452. Hic Lelegas, Carasque, sagittiferosque Gelonos. Variantes dans les anciens manuscrits: Relegas; Carrhas; Gelones.

Carras,

Les Lélèges et les Cariens étaient dans l'Asie Mineure; les Lé

lèges entre la Troade et la Cilicie de Thèbes : Ovide parle de ce peuple dans le livre viii de ses Métamorphoses; les Cariens étaient établis entre l'bnie et la Doride. Les Gelons, Grecs d'origine, s'étaient mêlés aux Scythes, et habitaient soit la Thrace, soit les bords du Pont-Luxin. Ils mêlaient, dans leur boisson, le lait de leurs brebis avic le sang de leurs chevaux. Lucain dit : « Volucresque Geloni.» (Phars., liv. 111.);

144.

- Page 452.....

· Euphrates ibat jam mollior undis.

Les Romains avaient souvent fait la guerre aux Parthes dont l'Euphrate arroait l'empire. Les Parthes, qui étaient, avec les Germains, les ennemis les plus redoutables de Rome, furent soumis sous Auguste. Virgile peint poétiqueinent l'orgueil de l'Euphrate humlié : « Ibat jam mollior undis.

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VARIANTE Norini. :

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Peuples de la Gaule Belgique qu'on croit avoir habté les territoires de Boulogne, de Calais, de Montreuil et de Saint-Omer. Leur nom venait de mor qui, en langue celtique, signife mer: ainsi on appela Armoricains les peuples qui étaient étallis sur les bords de l'Océan. Les Morins n'étaient point, comme semble le dire Virgile, les habitans des confins du monde : « Extremique hominum Morini; » mais, comme le dit plus exactement Pomponius Mela, les peuples de la Gaule les plus éloignés « Ultimos gallicarum gentium.

146.

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Page 452. Indomitique Daha, et pontem indignatus Araxes. VARIANTES

Araxis.

Daci, Daca, Daæ, Dacha, Dahi, etc.;

Les Dahes, qu'il ne faut pas confondre avec les Daces, peuples qui habitaient la Transylvanie, la Valachie et la Moldavie, étaient une nation scythe, à l'orient de la mer Caspienne.

L'Araxe, fleuve très-rapide, qui sépare la Grande Arménie de la Médie, a sa source à six milles de celle de l'Euphrate. Les ponts que Xerxès et Alexandre bâtirent sur l'Araxe furent bientôt renversés par ses débordemens. Auguste fut, dit-on, plus heureux, et son pont enchaîna la fureur du fleuve, pontem indignatus. Don Calmet et plusieurs autres savans ont cru recon

naître dans l'Araxe le Gehon de la Genèse, qui sortait du paradis terrestre, et dont le nom, en hébreu, signifie impétueux ; celui d'Araxe, en grec, a la même signification. Le 10m moderne de ce fleuve est Aras. Il a son embouchure dans la mer Caspienne. Tibulle, Lucain, Stace, et, parmi les modernes, les voyageurs Paul Lucas et Chardin, ont parlé de l'Araxe ce Virgile. Mais plusieurs fleuves de l'Asie ont porté ce nom : l'Araxe d'Hérodote (liv. 1er) « coule, dit-il, du pays des Mantienes vers le soleil levant. » Araxe pourrait avoir été un nom générique donné aux fleuves extrêmement rapides et aux torrens impetueux.

147. Page 452. Attollens humero famamque et fatanepotum.

Servius condamne ce vers comme inutile et indigne de la gravité du sujet : « Quasi superfluo et inutiliter adlitum, nec convenientem gravitati ejus; namque est magis n‹otericus; » et il dit que c'était l'opinion des critiques de son temps. Celle des modernes est bien différente en général, ils pensent, comme Addison, que ce vers est un des plus beaux de ’Énéide. M. Michand, auteur d'une grande partie des notes qu enrichissent la traduction de Delille, dit : « Le lecteur avait ur moment perdu de vue Énée pour ne songer qu'à Auguste; mais Virgile ramène l'attention à ce héros de la manière la plus adro te et la plus ingénieuse. Dans un seul vers, il a l'art de louer es Romains, de flatter Auguste, de célébrer Énée. Le présent, le passé, l'avenir, tout est là; et le sujet tout entier de l'Énéide est dans cette image pittoresque. >> Telle est la différence qui peut se trouver entre un savant scoliaste et un poète littérateur.

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