ment capable de connoître fa propre nature, lorfqu'on la lui montre; & d'en perdre jufqu'au fentiment, lorsqu'on la lui dérobe. J'ai bien des fois commencé & bien des fois abandonné cet ouvrage; j'ai mille fois envoyé aux vents (a) les feuilles que j'avois écrites; je fentois tous les jours les mains paternelles tomber (b); je fuivois mon objet fans former de deffein; je ne connoiffois ni les regles ni les exceptions; je ne trouvois la vérité que pour la perdre. Mais quand j'ai découvert mes principes, tout ce que je cherchois eft venu à moi; & dans le cours de vingt années, j'ai vu mon ouvrage commencer, croître, s'avancer & finir. (a) Ludibria ventis. (b) Bis patria cecidêre manus....à Si cet ouvrage a du succès, je le devrai beaucoup à la majesté de mon fujet; cependant je ne crois pas avoir totalement manqué de génie. Quand j'ai vu ce que tant de grands hommes en France, en Angleterre & en Allemagne, ont écrit avant moi, j'ai été dans l'admiration; mais je n'ai point perdu le courage : Et moi auffi, je fuis peintre (a), ai-je dit avec le Correge. (a) Ed io anche fon pittore. TABLE DES LIVRES ET CHAPITRES Contenus en ce premier Volume., E LOGE de M. le Préfident de d'Alembert. ANALYSE de l'Esprit des Lois, par le même. xcix DISCOURS prononcé par M. de Montefquieu, lors de fa réception à l'Académie Françoife, en 1728. CXXV AVERTISSEMENT de l'Auteur. cxxxj PRÉFACE. CXXXV |