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Que te, sola, puer, multis e matribus ausa,
Persequitur, magni nec moenia curat Acesta.
Ille autem : Causas nequidquam nectis inanes,
Nec mea jam mutata loco sententia cedit.
Acceleremus, ait: vigiles simul excitat; illi
Succedunt servantque vices: statione relictâ
Ipse comes Niso graditur, regemque requirunt.

Cetera per terras omnes animalia somno Laxabant curas, et corda oblita laborum: Ductores Teucrûm primi, delecta juventus, Consilium summis regni de rebus habebant; Quid facerent, quisve Æneæ jam nuntius esset. Stant longis adnixi hastis, et scuta tenentes, Castrorum et campi medio. Tum Nisus et unà Euryalus confestim alacres admittier orant, Rem magnam, pretiumque moræ fore. Primus Iulus Accepit trepidos, ac Nisum dicere jussit.

» Qu'il me reste un ami, quand je ne serai plus,
» Qui ravisse au vainqueur ou rachète Nisus;
» Ou si, pour leur payer les tributs funéraires,
» Il ne peut obtenir des dépouilles si chères,

» A mon ombre du moins élève un vain cercueil.
» Songe à ton tendre ami, songe à ta mère en deuil :
» Hélas! à ton départ, seule entre tant de mères
» Elle a suivi tes pas aux terres étrangères;
» Et, dédaignant des ports et des princes amis,
» Leur préféra les mers qu'alloit braver son fils:
» Veux-tu que
de sa mort ton ami soit la cause?

» En vain à mes projets ton amitié s'oppose:
» Marchons, dit Euryale. » Il s'élance à ces mots:
Deux guerriers à l'instant remplacent ces héros.
D'un pas précipité vers la tente d'Ascagne
Euryale s'avance, et Nisus l'accompagne.

Déjà l'obscure nuit versoit l'oubli des maux;
Les chefs seuls des Troyens, refusant le repos,
Cherchoient dans ce péril le parti le plus sage.
Qui doivent-ils charger d'un important message?
Voilà quel grand objet occupe ces guerriers.
Tous, portant à leurs bras leurs larges boucliers,
Debout, et s'appuyant sur une longue lance,
Comme pour le conseil sont prêts pour la défense.
Euryale et Nisus demandent d'être admis:

« Un projet, disent-ils, fatal aux ennemis

» Les conduit au conseil ; ce qu'on peut en attendre

» Vaut bien quelques momens donnés à les entendre. »

Tum sic Hyrtacides: Audite o mentibus æquis
Æneada; neve hæc nostris spectentur ab annis
Quæ ferimus. Rutuli somno vinoque soluti
Procubuere : locum insidiis conspeximus ipsi,
Qui patet in bivio portæ quæ proxima ponto.
Interrupti ignes, aterque ad sidera fumus
Erigitur. Si fortunâ permittitis uti,

Quæsitum Ænean ad moenia Pallantea
Mox hic cum spoliis, ingenti cæde peractâ,
Affore cernetis. Nec nos via fallit euntes:
Vidimus obscuris primam sub vallibus urbem
Venatu assiduo, et totum cognovimus amnem.
Hic annis gravis atque animi maturus Aletes:
Di patrii, quorum semper sub numine Troja est,
Non tamen omnino Teucros delere paratis,
Quum tales animos juvenum et tam certa tulistis
Pectora. Sic memorans, humeros dextrasque tenebat
Amborum, et vultum lacrymis atque ora rigabat.
Quæ vobis, , quæ digna, viri, pro laudibus istis,
Præmia posse rear solvi? Pulcherrima primùm
ᎠᎥ
Di moresque dabunt vestri: tum cetera reddet

Actutum pius Æneas, atque integer ævi

Ascanius, meriti tanti non immemor umquam.

Ascagne les reçoit, et demande à Nisus

D'expliquer les projets que leur zèle a conçus.
«Troyens, ne jugez point nos projets par notre âge,
» Dit-il; il peut unir la prudence au courage.
» Sous la porte qui touche au rivage des mers,
» La route se partage en deux sentiers divers;

» L'un d'eux, inapperçu, propre à notre entreprise,
» Mène aux murs de Pallas, et jusqu'au fils d'Anchise.
» Tout sert notre projet : vous voyez des Latins
» Dans les airs obscurcis fumer les feux éteints;
» Du vin et du sommeil l'ivresse les accable.
» Laissez-nous donc saisir ce moment favorable;
» Bientôt vous nous verrez sanglans, victorieux,
» Revenir tout chargés d'un butin glorieux.

»Ne craignez pas d'erreurs : souvent de longues chasses » Nous ont, dans ces sentiers, ramenés sur nos traces; » Et, du fleuve vingt fois reconnoissant les bords, » Nous avons de la ville apperçu les abords. » Alors le vieil Alète avec transport s'écrie :

« Dieux ! ô dieux protecteurs de ma chère patrie!
» Puisque vous nous laissez de si nobles soutiens,
» Quelque espoir reste encore aux malheureux Troyens. >>
Il dit, baigne de pleurs les bienfaiteurs de Troie ;
Son ame tout entière en leurs bras se déploie :
«Héroïques enfans, ah! qui pourra jamais

» Acquitter notre dette, et payer vos bienfaits?
» Ah! le ciel vous en doit la juste récompense,
» Et dans votre grand coeur vous la trouvez d'avance.

Immo ego vos, cui sola salus genitore reducto, Excipit Ascanius, per magnos, Nise, Penates, Assaracique Larem, et canæ penetralia Vestæ, Obtestor; quæcumque mihi fortuna fidesque est, In vestris pono gremiis: revocate parentem; Reddite conspectum; nihil illo triste recepto. Bina dabo argento perfecta atque aspera signis Pocula, devictâ genitor quæ cepit Arisbâ; Et tripodas geminos; auri duo magna talenta; Cratera antiquum, quem dat Sidonia Dido. Si verò capere Italiam sceptrisque potiri Contigerit victori, et prædæ ducere sortem; Vidisti quo Turnus equo, quibus ibat in armis Aureus: ipsum illum, clypeum cristasque rubentes Excipiam sorti, jam nunc tua præmia, Nise. Præterea bis sex genitor lectissima matrum Corpora, captivosque dabit, suaque omnibus arma; Insuper his, campi quod rex habet ipse Latinus. Te verò, mea quem spatiis propioribus ætas Insequitur, venerande puer, jam pectore toto

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