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quand il ne les reproduira pas purement et simplement, des conventions de La Haye. A cet effet ses rédacteurs mettront à profit les enseignements de la guerre de 1914-1918, notamment en ce qui concerne la navigation sous-marine et l'aviation. Quoique les conventions de La Haye aient été scandaleusement violées par les GermanoTouraniens, elles n'en constituent pas moins un ensemble extrèmement précieux, fruit du travail de savantes commissions et de délibérations approfondies entre les plus éminents spécialistes des deux mondes. A certaines il manquait le caractère rigoureusement obligatoire, à toutes une sanction matérielle. Le code projeté devra précisément prescrire l'obligation absolue et formuler des sanctions positives.

IV. Chaque membre pourra possèder une armée, une flotte, et des aéronefs dans la mesure correspondant aux besoins de sa sécurité intérieure et aux contingents qu'il devra fournir pour la force internationale chargée de défendre la collectivité contre l'Etat ou les Etats délinquants. Il ne sera pas nécessaire de supprimer partout le service universel obligatoire. Il peut être désirable que chaque citoyen valide passe un temps réduit, six à dix mois par exemple, sous les drapeaux, afin d'être prêt à combattre utilement dans le cas où l'exécution d'Etats délinquants se heurterait à une résistance exceptionnelle. A côté de ces milices, il y aurait une armée permanente de métier où le service durerait plusieurs années. Composée de volontaires, de rengagés avec primes, et, au besoin, d'hommes tirés au sort, elle fournirait d'effectifs convenables les corps spéciaux où l'instruction demande un temps prolongé, et les contingents seraient mis à la disposition de la force internationale. La garantie de la sécurité commune exigerait que chaque membre consentît à laisser librement contrôler par une autorité commune l'état réel de ses forces de terre, de mer et des airs. La force internationale sur pied de guerre serait proportionnée à celle des Etats restés en dehors de la Ligue, de manière à se trouver toujours en état de triompher rapidement de leur résistance ou de refouler victorieusement leur agression. Elle serait donc variable. Il appartiendrait à la section exécutive du Grand Conseil de la fixer périodiquement.

V. La Ligue comprendrait tout d'abord les Etats actuellement coalisés contre l'Allemagne. Mais elle n'en

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exclurerait aucun autre en principe. Elle engloberait au fur et à mesure les Etats qui se déclareraient prêts à y adhèrer et qui offriraient les garanties de fait et de droit nécessaires. Certaines de ces garanties peuvent bien être énumérées dans un article de traité; mais il en est qui relèvent seulement de l'appréciation et que dans chaque espèce le Grand Conseil jugera suffisantes ou non. des plus ardents protagonistes de la Société des Nations, M. Ferdinand Buisson, président de la Ligue des Droits de l'Homme, les réduit à deux: "1° Prouver qu'on est une nation en possession de sa souveraineté nationale; 2° Faire usage de cette souveraineté pour s'engager à respecter l'inviolabilité du droit des peuples, et, si l'on y a porté atteinte, à restituer et à réparer comme le décidera l'autorité supra-nationale chargée par la Société de prononcer en dernier ressort.”* La formule semble trop flottante. M. Léon Bourgeois, dans son discours prononcé le 10 novembre 1918 à l'Assemblée Générale Constituante de l'Association Française, exige "que les nations associées soient pourvues d'institutions représentatives qui permettent de les considérér comme responsables elles-mêmes des actes de leurs gouvernements." Cela ne paraît pas encore suffisant. Le seul critérium convenable en cas de doute est le consentement général, c'est-à-dire l'idée que l'Etat sollicitant son admission aura su donner de lui pendant une période assez longue. Aussi longtemps qu'il subsistera des méfiances dans une grande partie de l'opinion mondiale, il sera préférable d'ajourner l'admission.

A cet égard l'Allemagne vient en tête des nations suspectes. L'idée de l'introduire prochainement dans la Société des Nations, quelle que soit la forme de son nouveau gouvernement, choque la majorité des Francais. On tient à ce que l'Etat germanique fasse tout au moins un stage. Il en est de même pour la Bulgarie, et a fortiori pour la Turquie, dont la Constitution est et restera une fiction dérisoire. Les institutions officielles ne suffiront pas à qualifier un Etat pour entrer dans la Ligue des Nations; il faudra qu'une longue pratique prouve ses aptitudes et sa sincérité. L'âme du peuple

* Les principes de la Société des Nations.' Brochure, publiée par la Ligue des Droits de l'Homme, 1 rue Jacob, à Paris.

allemand doit se transformer avant que l'on accorde à son gouvernement la même confiance qu'aux Etats coalisés.

La Suisse est dans une situation particulière. Les traités de 1815 lui ont conféré la neutralité perpétuelle. Si cette neutralité subsiste, elle parait incompatible avec l'obligation de fournir des contingents militaires à la Ligue et de prendre les armes dans les cas d'exécution d'Etats délinquants. Le gouvernement belge vient de se libérer, aussitôt après être rentré à Bruxelles, de la neutralité dite garantie que les traités de 1831 et 1839 lui avaient imposée. Elle la rejette comme une entrave et une injure. Rien ne l'empèchera donc d'entrer dans la Ligue, et elle en fera certainement partie. Mais on ne sait encore quelle conduite suivra la Confédération helvétique. Le Conseil fédéral ni aucune des Assemblées fédérales ou

cantonales n'ont encore discuté la question. Il sera pourtant très important que la Suisse se prononce en faveur de l'un ou l'autre système, car sa situation géographique au cœur de l'Europe obligera la future Ligue à prendre telle ou telle disposition suivant que le territoire helvétique restera complètement neutralisé ou sera compris dans le domaine de la Ligue.

En somme, la masse du public français, aussi bien dans les assemblées politiques que dans la foule, est contraire à toute combinaison qui tendrait, ne fût-ce qu'en apparence, à l'établissement d'un grand consortium politique international. Par contre elle se montre favorable à tout système qui favorisera la limitation des armements sans désarmer la nation. Si l'on désire la gagner à ce qu'on appelle depuis quelques années la Société des Nations, il importe de commencer par la conclusion d'un traité entre les Etats coalisés contre l'Allemagne, en évitant d'appeler aux premières délibérations relatives à ce sujet les ennemis et les neutres. Les Français ont remarqué avec plaisir que, dans ses dernières déclarations sur le sujet qui lui est si cher, le président Wilson a employé les mots "Association" et "League" au lieu de Society."

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Pratiquement la procédure à suivre serait la suivante. Il ne serait pas question de la Société des Nations dans les préliminaires de paix, ou bien il y serait simplement

mentionné que les Etats contractants se réservent d'en fixer les conditions essentielles dans le traité de paix. Ces conditions essentielles seraient en effet insérées dans le traité de paix entre les belligérants. Mais toute l'organisation de détail serait discutée et arrêtée dans une grande Conférence ultérieure où seraient admis les nonbelligérants. Comme il serait imprudent de la part des Etats alliés et associés contre l'Allemagne d'attendre l'heureuse clôture des travaux de cette Conférence pour se garantir mutuellement contre de futures agressions, ils signeraient entre eux, en même temps que le traité de paix, une convention constituant une espèce d'assurance mutuelle contre les risques de guerre. Ils auraient ainsi le loisir d'examiner si l'organisation plus vaste élaborée par les représentants de presque tous les peuples civilisés, présente des garanties suffisantes de fonctionnement régulier. De l'avis de beaucoup de personnes d'expérience, il conviendrait que la grande Conférence ellemême limitât ses ambitions et réservât pour des réunions périodiques ultérieures la solution de questions particulièrement délicates. On arriverait par étapes au but

final.

C'est ainsi qu'on a procédé pour toutes les Unions et Commissions internationales qui fonctionnent à la satisfaction générale, par exemple l'Union postale universelle, l'Union télégraphique, les deux Unions pour la protection de la propriété littéraire et artistique et de la propriété industrielle, la Commission européenne du Danube, l'Office central des transports de marchandises par chemin de fer, etc. Pour aucune d'elles on n'est arrivé du premier coup à une organisation complète. C'est peu à peu que les rouages se sont perfectionnés, que les règlements se sont codifiés, que les adhésions sont venues. Il en sera de même pour la Société des Nations. Plus on voudra aller vite, plus on soulèvera d'objections et de résistances. L'expérience seule convaincra les récalcitrants et les hésitants. Il faudra se féliciter si, en 1919, les Etats coalisés contre la Germanie réussissent à conclure entre eux une Ligue durable, et à poser, avec les non-belligérants, les premières bases d'une Société des Nations. AUGUSTE GAUVAIN.

Art. 13. THE THEORY AND PRACTICE OF MARSHAL FOCH.

It is surprising how little has been written even yet about the character and the work of Marshal Foch during the war. His lectures at the Ecole de Guerre had given him a reputation outside France long before 1914. Published in book form, they had been much discussed in Germany, where his criticisms of von Moltke and Prince Frederick Charles for their conduct of the war of 1870 had provoked warm dissent; Foch had maintained that only the mental and moral paralysis of the French leaders had saved the Prussian Command from paying a heavy penalty for its faults of carelessness and over-confidence. In 1914 Foch distinguished himself first at the defence of the Grand Couronné at Nancy, where the Germans, pushing on hotly after breaking the French offensive in Lorraine, were finally held up and the French eastern defences saved. On that episode in Marshal Foch's career little or nothing has ever been written in this country. At the first battle of the Marne he commanded the Ninth Army, with Franchet d'Espérey, afterwards victor in the Balkans, commanding the Fifth Army on his left. For three days-Sept. 6, 7, and 8-he was hard pressed by the repeated attacks of von Buelow and von Hausen; and it was then that, with the serene calm which all authorities agree in attributing to him, he remarked that, if the enemy were assailing him so violently, it could only be because he needed compensation for his failures on other parts of the field. (Bah! C'est qu'ailleurs ses affaires vont mal et qu'il cherche une compensation.') At the finish he counter-attacked with his left, fell on the flank of the Saxons and the Prussian Guard and drove them violently back-one of the great strokes of the battle. Then he commanded on the Yser, led the French troops on the Somme in 1916, and after the unfortunate offensive of April 16, 1917, which led to the dismissal of General Nivelle, he became Chief of Staff.

For all this time the record of contemporary history about him is extremely meagre. On March 26, 1918, he took command of all the Western front. Of his methods and plans as Generalissimo he has told us no more and

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