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LIBER QUARTUS.

Ar regina, gravi jam dudum saucia curâ, (1
Vulnus alit venis, et cæco carpitur igni. (2
Multa viri virtus animo, multusque recursal (3
Gentis honos : hærent infixi peciore vultus,
Verbaque ; nec placidam membris dat cura quietem.
(4
Postera Phobea lustrabat lampade terras,
Humentemque Aurora polo dimoverat umbram ;
Cùm sic unanimam alloquitur malè sana sororem:

(5

Anna soror, quæ me suspensam insomnia terrent ! Quis novus hic nostris successit sedibus hospes ! Quem sese ore ferens! quàm forti pectore, et armis! Credo equidem, nec vana fides, genus esse deorum. Degeneres animos timor arguit (6). Hea! quibus ille Jactatus fatis! qих bella exhausta canebat! Si mihi non animo fixum immotumque sederet (7 Ne cui me vinclo vellem sociare jugali, Postquam primus amor deceptam morte fefellit; Si non pertæsum thalami tædæque fuisset; Huic uni forsan potui succumbere culpæ. Auna, fatebor enim, miseri post fata Sichæi Conjugis, et sparsos fraternâ cæde Penates, Solus hic inflexit sensus, animumque labantem (* Impulit. Aguosco veteris vestigia flammæ. 9

LIVRE QUATRIÈME.

La reine cependant, atteinte au fond de l'ame,

Nourrit d'un feu secret la dévorante flamme :
Le héros, sa beauté, son grand nom, sa valeur,
Restent profondément imprimés, dans son cœur,
La voix d'Enée encor résonne à son oreille,
Et sa brûlante nuit n'est qu'une longue veille.
L'ombre à peine éclaircit son humide noirceur:
Egarée, éperdue, elle aborde sa soeur,

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Sa sœur de ses secrets tendre dépositaire;
Et de ses feux cachés dévoilant le mystère :

«O toi qui de mon ame es la cere moitié, » Ma soeur, lis avec moi dans mon cœur effrayé, >> D'où vient que le sommeil fuit mon ame inquiète ? » Dans quel tourment nouveau, dans quel trouble me jette » Cet illustre étranger reçu dans mon palais!

» Si j'en crois sa fierté, si j'en crois ses hauts faits, » Sans doute il est issu d'une race divine:

» Un cœur noble se sent de sa noble origine.
>> Quelle intrépidité, quels revers, quels combats,
>> Ont éprouvé son ame, ont signalé son bras!

>> Que d'éclat dans ses traits, de charme en son langage!
>> Qu'au récit des périls que brava son courage,
» Mon ame en l'écoutant se sentait alarmer!
>> Ah! si mon cœur flétri pouvait encore aimer;
>> Si ce cœur, trop puni d'avoir été sensible
>> Ne s'était commandé de rester inflexible;
>> Si, depuis que la mort trahit mes premiers feux,
>> Je pouvais consentir à former d'autres noeuds;
>> Chère sœur, c'eût été mon unique faiblesse !
>> Oui, depuis qu'un époux si cher à ma tendresse

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VIRGILII MARONIS

ENEIS.

TOMUS SECUNDUS.

PARISIIS,

APUD MICHAUD FRATRES, BIBLIOPOLAS, VIA VULGÒ DICTA DES BONS-ENFANTS, No. 34.

M. DCCC. XIII.

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