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véritable, & fait un précis des obfervations préliminaires, qui feul fuffit pour démontrer combien font folides les fondemens fur lefquels M. du R. a bâti fon grand & précieux ouvrage, combien font fimples, fûres & conféquentes les vues qui l'ont dirigé dans cette importante découverte. Le précis des rapprochemens des traits paralleles & correfpondans de l'histoire d'Egypte & de l'Ecriture-Sainte, qui préfente 250 points de comparaifon, forme un tableau frappant qui semble parler aux yeux autant qu'à l'intelligence. Je défie l'imagination la plus créatrice de fe figurer une efpece de hafard qui puiffe produire des combinaisons fi multipliées & fi juftes.

Je ne fuivrai pas M. C. dans la réfutation des critiques de M. de Guignes & de M. du Voifin; la marche de ces fortes d'ouvrages fe réglant fur celle des adverfaires qu'on combat, ne peut avoir plus de fuite & d'ordre qu'ils n'en ont mis eux-mêmes dans les leurs. Les deux critiques fe font attachés tantôt à un point, tantôt à un autre, felon qu'ils ont cru y trouver plus d'avantage pour affoiblir l'eftime dont jouit

fi juftement l'Hiftoire véritable. En lifant les diverfes réponses de M. C., on eft fâché de voir que deux favans eftimables (car on ne peut refufer ces qualités à MM. de G. & du V.) ont mis dans leur critique tant d'animofité & tant d'injuftice.

Cependant pour M. de G., il étoit affez naturel qu'ayant confacré fes vaftes connoiffances à débrouiller l'hiftoire d'Egypte & à en faire la base des annales Chinoifes, il n'ait pu voir avec indifférence, qu'on lui enlevoit l'objet dont il s'étoit fi long-tems & fi péniblement occupé. Mais pour M. du V., dont les études femblent fe diriger exclufivement vers la défenfe de la Religion, quel motif a pu l'animer fi étrangement contre un ouvrage qui, comme nous l'avons vu, ne peut que faire jaillir fur les Livres faints un groupe de lumiere, propre à diffiper tous les nuages affemblés par l'incrédulité dans la nuit des anciennes hiftoires? Ce ne peut certainement avoir été dans l'illuftre docteur de Sorbonne, que l'effet d'une distraction, qui lui aura fait perdre de vue l'objet pour lequel il s'eft tou

jours vivement intéreffé. Car on a remarqué qu'il y avoit quelquefois de ces fortes de diftractions. En voici quelques-unes qui peuvent même paroître un peu fortes dans un homme conftamment occupé à combattre les philofophes.,, Il ne paroît pas que , le culte du vrai Dieu puiffe avoir quelque influence politique fur le bonheur d'une nation

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,, Avant la corruption introduite par la philofophie d'Epicure, le polythéifme confervoit tous les princi,, pes religieux néceffaires au main-tien de la fociété civile; & l'on ne voit pas, par exemple, en quoi les ,, inftitutions de Lycurgue, en ne les envisageant que dans l'ordre politique, euffent été meilleures, fi au lieu de facrifier à tous les dieux de la Grece, Sparte n'eût adoré », que le vrai Dieu Un homme qui trouve le culte du vrai Dieu indifférent à l'égard de la fociété, qui juge le polythéisme aussi propre à conServer les principes religieux néceffaires à la fociété, que le culte du vrai Dieu, qui affure qu'en politique c'est une même chofe de facrifier à tous les dieux

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1.

1780,

P. 376.

de la Grece & de n'adorer que le vrai Dieu &c. (a); un homme, dis-je, qui porte de telles décifions, peut bien comparer le fyftême de M. du R. à celui de l'audacieux & impie Boulanger.

Je ne dirai rien de M. Anquetil qui s'eft auffi déclaré contre l'Histoire des tems fabuleux; comme il ne l'a pas lue, ainfi que j'ai eu l'occafion Juill. de le remarquer *, il eft inutile de difcuter fon fuffrage. Mais quelque importance qu'on puiffe y attacher, la conclufion que M. C. place à la fin de fa favante & puiffante apologie n'en eft ni moins vraie ni moins évidente. Puifque depuis deux ans ,, que l'Hiftoire véritable des tems fabuleux paroît, tous ceux qui ont critiqué ou condamné cet ouvrage, ,, n'ont pu ni ofé attaquer ce qui en fait le principal & le fonds, & que ,, tout ce qu'ils ont pu y oppofer &

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(a) L'idée d'un Dieu, felon Voltaire & tous les philofophes, excepté les athées & Bayle, eft le fondement de toute fociété. Selon M. du Voifin, ta plus abfurde des fables, celle de tous les dieux de la Grece, eft un fondement tout auffi folide.......... Ne diroit-on pas que les philofophes raisonnent ici en docteurs de Sorbonne, & que le docteur de Sorbonne raifonne en philofophe ?

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,, même tout ce qu'ils ont avancé ,, contre quelques articles accidentels ,, ou acceffoires, n'offre exactement qu'un tiffu d'infidélités, de falfifications, de fauffetés, de fophif,, mes, de bévues, de contradictions & même d'injures (comme nous venons très-certainement de le dé,, montrer); n'eft-il pas évident que la découverte de M. G. du R. eft à l'épreuve de la critique, & qu'il faut par conféquent qu'elle foit ap,, puyée fur des preuves bien folides?

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Ce qui confirme admirablement cette conclufion, c'eft la conduite des cenfeurs de l'Histoire véritable. N'ayant rien à oppofer à la réfutation de leurs critiques, ils ont pris le parti de réclamer l'autorité pour faire fufpendre un ouvrage qui les humilioit; ils ont pris pour prétexte, la véhémence & la vivacité de l'auteur. Il faut convenir qu'il en a mis un peu trop dans des raifonnemens affez forts par euxmêmes pour n'avoir pas befoin de ce genre de fecours; mais y a-t-il dans fon ouvrage quelque chofe d'auffi odieux, pour me fervir du terme de

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