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Jamais peut-être cette obfervation ne s'eft vérifiée d'une maniere plus fenfible qu'à l'égard de l'Hiftoire véritable des tems fabuleux. Tous ceux qui ne s'étoient pas illuftrés par de favantes differtations fur des objets imaginaires, qui n'avoient point épuisé les reffources des langues inconnues. établir des hiftoires factices, ont reconnu à la premiere vue, l'importance & les vaftes conféquences de l'ouvrage de M. G. du R. En un mot, tous ceux qui n'étoient pas favans, mais feulement raifonnables tous ceux qui étoient réellement favans, mais fans prétention & fans efprit de parti, ont dit :,, Voilà l'ouvrage qui

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décidera définitivement du fort des anciennes hiftoires; voila le livre qui honorera notre fiecle, qui le justifiera contre ce tas de compilations de tout genre qui l'accuferont de pédanterie & d'ignorance.

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Le fameux Janfenius a dit très-indécemment que l'ancien teftament n'avoit été qu'une espece de comédie qu'on avoit fait jouer en l'honneur du nouveau. On dira avec plus de vérité & de fageffe, que l'hiftoire ancienne

n'eft qu'une espece de comédie que le favant abbé G. a fait fervir à la gloire. de l'Hiftoire Sainte.

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En effet, quel fervice, pour me fervir des termes de l'auteur de la Bibliotheque du Nord,,, M. G. du R. ne rend-il pas à la Religion, à la littérature en démontrant que cette hiftoire d'Egypte fi remplie de prodiges, fi incroyable, fi abfurde en tant d'endroits, & fur laquelle les favans de tous les pays ,, ont hafardé tant de conjectures; » que cette mythologie fi monstrueuse ,, des Grecs, prennent également leur fource dans l'Ecriture-Sainte, mal entendue, traveftie en mille manieres & adaptée aux idées groffieres des peuples, qui y ont puifé Ies faits héroïques dont ils ont embelli leurs annales? C'eft affurer aux Livres Saints une antiquité & » une authenticité qu'on cherche à leur contester par l'existence même des hiftoires dont ils font le fonde,, ment. C'eft répandre le jour le plus lumineux fur les ténebres de l'antiquité.... Il réfulte de la découverte de M. G, du R. que c'eft

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dans les Livres Sacrés qu'il faut chercher les véritables annales du monde; qu'eux feuls doivent être ,, nos guides dans l'hiftoire des pre,, miers tems, de même qu'ils font ,, nos garans pour les grands événemens qu'ils annoncent.

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Non, je ne fuis pas furpris qu'un homme qui joint l'efprit le plus brillant à une prodigieufe variété de connoiffances, fe foit exprimé de la maniere fuivante dans un parallele entre le plus célebre des phyficiens de ce fiecle & l'hiftorien le plus profond:

Fiere & do&te Albion, qui dans un coin des mers,
Prétends au premier rang de la littérature,
Pour avoir à nos yeux dévoilé l'univers

Et le vrai plan de la nature;

De tes difcours hautains rabaiffe enfin le ton;
La France ta rivale ofe égaler ta gloire;

Ce que pour la phyfique a fait le grand Newton,
Da Rocher l'a fait pour l'hiftoire.

Cependant on auroit tort de fe perfuader qu'un ouvrage fi lumineux a dû jouir de l'approbation générale. Trois hommes connus dans la république des lettres, M. de Guignes, M. l'Abbé du Voifm, M. Anquetil fe font élevés fcontre l'Hiftoire véritable. Cela ne pouvoit manquer d'arriver,

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à moins que le favant du Rocher n'eût trouvé moyen de redreffer l'efprit humain comme les anciennes hiftoires. C'est le fort des grandes découvertes de faire d'abord des incrédules, & d'avoir des contradicteurs; l'amourpropre rougit de s'être égaré; il lutte pendant quelque tems en faveur de fa chimere, & finit par embraffer avec enthoufiafme, l'opinion qu'il feignoit de combattre ; & comme a dit fagement un critique, lorfqu'on préfente de nouvelles vues à fuivre, de nouvelles tentatives à faire, & fur-tout des abus à corriger, on ne peut manquer d'alarmer l'amour-propre de ceux qui ne voient dans les découvertes d'autrui, qu'une espece d'empire, ,, auquel ils tâchent autant qu'ils ,, peuvent de fe fouftraire..... Les favans, confidérant une opinion nouvelle comme une entreprise faite contre leurs domaines, ne fe rendent que le plus tard qu'ils peu,, vent; ils ne fe foumettent au joug d'une nouvelle vérité, qu'après avoir bien vérifié les titres de celui qui l'annonce.,,

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Ce qui affligeoit finguliérement les véritables gens de lettres, c'étoit la violence, l'air de triomphe avec lequel s'annonçoient les adverfaires de M. G. du R., & le peu d'efpérance qu'il y avoit que le favant abbé fe défendroit contre des agreffeurs de cette efpece. Sa finguliere modeftie, l'efprit de paix qui l'anime, la douceur de fes mœurs & de fon caractere qui le porte à fuir toute efpece de conteftation, même littéraire, tout cela faifoit craindre que les critiques injuftes qu'il avoit effuyées, ne paruffent folides à ceux qui attendoient une réplique de fa part.

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Heureufement un de fes amis à fuppléé à fon filence. M. l'abbé Chapelle a trouvé dans fon attachement à la vérité, dans l'étendue de fes connoiffances, dans une bonne & folide logique toutes les reffources néceffaires pour anéantir les torts faits à fon refpectable ami.

Le défenfeur de M. G. du R. débute par une Introduction qui met le lecteur au fait des attaques livrées à ce favant & rare hiftorien. Il trace enfuite le plan général de l'Hiftoire

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