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En. 1.

combattre l'Hiftoire fainte par l'hif-
toire profane. Dans ces critiques cir-
conftances, on jugea qu'il falloit avoir
récours au commandant-général de
l'armée anti-chrétienne, & le vieux
feigneur de Ferney fut obligé de re-
paroître à la tête des légions; il af
fembla auffi-tôt quelques farcafmes
quelques calembours & épigrammes,
par lefquels il ne faut pas douter qu'il
n'ait mis en pieces tous les raisonne-
mens & les favantes obfervations de
l'abbé Guérin, puifque M. de la Harpe
s'eft hâté de célébrer cette folemnelle
victoire dans fon Journal, jadis celui
de M. Linguet. Nous n'approuvons
pas tout-à-fait les dénominations de
folliculaire & de philofophifte, par lef
quelles débute l'apologiste de M. Gué-
rin. Nous aimons à voir la modeftie,
la fimplicité dans le titre, la véhé-
mence & la plaifanterie dans le corps
de l'ouvrage, pour y fervir d'affaifon-
nement à la force des raifons. Mais
il eft vrai que la morgue de ces for-
tes de gens eft telle, qu'on ne peut
prefque s'empêcher de fe tourner con-
tre leurs perfonnes & de leur deman-
der les titres de leur infolence :
Sed vos qui tandem? quibus aut veniftis ab oris?

Le caduc Démocrite commence par inviter l'abbé Guérin à réformer le titre de fon ouvrage : Hiftoire véritable des tems fabuleux. La raifon fur laquelle il fonde cette critique, n'a pas paru des plus judicieufes aux connoiffeurs. Toute fable, dit-il, eft menfonge. L'Hiftoire véritable des fables n'eft précisément que l'Hiftoire véritable des menfonges: or il répugne qu'il y ait vérité là où il y a mensonge; donc l'Hiftoire véritable des tems fabuleux préfente une ineptie par le feul énoncé.

Il eft clair que le cacochyme feigneur de Ferney qui n'y voit plus goutte, à ce qu'on dit, n'a pas lu par lui-même l'ouvrage du favant abbé, & qu'il s'en eft rapporté trop légérement aux yeux de la bonne madame Denys, & aux lunettes infidelles du pere Adam.... Si V. avoit voulu fe faire rendre un compte exact du livre de l'érudit auteur, & parler, une fois dans fa vie, fans plaifanterie fur un fujet férieux, il auroit avoué que M. l'abbé Guérin ne fe propofe dans fon ouvrage, que de montrer que les fables de l'antiquité

font, pour la plupart, des altérations de la vérité empruntée originairement de nos Livres faints; & en affignant la fource pure où d'abord la bonne foi des premiers historiens avoit puifé, & que l'ignorance a corrompue par la fuite, de diffiper les nuages répandus fur les tems qu'on appelle fabuleux; & là où on ne voyoit que les fictions d'une mythologie bizarre, de faire appercevoir les traces d'une vérité au moins défigurée. Qu'y a-t-il donc de plus conforme à fon plan que ce titre: Hiftoire véritable des tems fabuleux?

Nous avons lu l'ouvrage de M. Guérin avec une attention, & fi nous ofons le dire, avec une défiance toute particuliere; du premier abord nous avons craint de trouver un favant qui donnât fes imaginations & fes hébraïfmes pour des découvertes lumineufes, & qui par-là n'eût mérité que l'épithete donnée autrefois à un littérateur fameux doctè delirans. Mais la lecture de l'ouvrage a corrigé ce préjugé, nous n'avons trouvé que des obfervations fondées fur des rapports fi frappans, qu'il n'eft pas poffible de n'en pas reconnoître finon

toujours le résultat certain & évident, au moins la vraisemblance & l'étonnante analogie. Il ne faut pas s'arrêter à ce que d'autres favans, tels que Voffius, Thomaffin, Huet, ont écrit fur cette matiere, ils ne femblent. qu'avoir preffenti la poffibilité de démontrer des rapports dont ils avoient faifi l'ensemble d'une maniere confufe. M. l'abbé Guérin a exécuté ce qu'ils n'ont que deffiné & indiqué. Son ouvrage plein d'érudition & de recherches & par-là peu goûté dans le fiecle des romans & des drames, n'étoit pas connu dans nos provin ces; l'annonce que nous en avons faite, l'avoit fait defirer par plufieurs perfonnes, mais on ne le trouvoit chez aucun libraire d'Allemagne ni des Pays-Bas; par les foins que nous y avons donnés, on peut l'avoir aujourd'hui.

V. ayant dit qu'il ne pouvoit comprendre comment l'Hiftoire véritable des tems fabuleux peut venger l'Ecriture-Sainte, on lui répond par le paffage fuivant, qui fait connoître parfaitement le but & l'importance de l'ouvrage de M. Guérin. Avez

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vous oublié, chrétienne compagnie, que vous ne ceffez de dire, d'écrire & d'imprimer que Moïfe & les autres Auteurs facrés font poftérieurs aux plus célebres écrivains de l'antiquité profane; que les Livres faints ont été fabriqués après coup, & depuis la captivité de Babylone; que les Hébreux dont Moïfe a écrit l'hiftoire, & qui ont fait un long féjour en Egypte, ont ,, emprunté beaucoup d'ufage des » Egyptiens, par exemple, la circoncifion? Le vénérable Neftor, votre », capitaine-général, fe feroit plutôt fait hacher que de ne pas foutenir ce fait comme une vérité incontestable. Ne vous fouvient-il plus que, depuis , vingt ans fur-tout, vous ne ceffez, » vous, Meffieurs de la philofophie, de fupplier d'un ton goguenard, les apologistes de la Religion, de », vous dire pourquoi les miracles » qu'on prétend avoir été opérés par Moïfe en Egypte, & qui bouleverferent toute la face de ce royaume, » pourquoi ces prodiges éclatans, qui durent faire fur les efprits une fenfation épouvantable, & laiffer après

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