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II. TYPHON après fa fuite devenu pere de JUDEUS & D'HIEROSOLYMUS. La

de MOSEH à former TUTHMOSIS, mot compofé qui fignifie fignes de Moyfe. 11. Les Hébreux, pourfuivis par les Egyptiens, traverserent la mer-rouge reine NITOCRIS de qui, mife à fec, leur couleur rouge, faifant préfenta un paffage conftruire un très-profond. L'armée enlong édifice fouterreintiere des Egyptiens inondant tout-à-coup fut fubitement inonles Egyptiens raffem-dée par les eaux de blés & fe fauvant dans la mer qui refluerent un appartement plein de cendres.

fur eux & les enfevelirent. Après ce défaftre dont Typhon eft le fymbole chez les Egyptiens, les Hébreux qu'on a depuis appellés Juifs du nom de Juda leur principale tribu, fe fauveverent dans la Paleftine qui veut dire cendre en hébreu, & dont Jérufalem (HIE ROSOLYMA) eft devenue la capitale.

Les traits que je viens de rapporter font fi frappans, qu'ils fautent aux yeux de quiconque a quelque teinture de la Bible. En

effet, ne faudroit-il pas être aveugle pour ne pas voir que tout ce morceau de la prétendue histoire d'Egypte, n'eft qu'un traveftiffement palpable des plaies dont ce royaume fut frappé, des fignes ou prodiges qui les accompagnerent, du paffage de la mer-rouge, de la fuite dans le défert, & de la fubmerfion de Pharaon avec toute fon armée? Admirez comme les Egyptiens, en copiant les faits de l'Ecriture, ont été at tentifs à ne rien oublier de ceux qui n'étoient qu'acceffoires au récit de l'Hiftorien facré. Vous voyez qu'ils ont pillé jufqu'au mur & au plomb, expreffions trouvées dans les deux verfets de Moyfe, cités plus haut. Rappellez-vous ces paroles du fuperbe can-. tique chanté fur les bords de la mer-rouge, fubmerfi funt quafi PLUMBUM in aquis vehementibus (Exod. xv. 10.); & vous reconnoîtrez les lépreux submergés, environnés de lames de plomb. En parlant du défert où fe réfugierent les Ifraélites; les Egyptiens, afin qu'on ne s'y trompât pas, ont grand foin de nous avertir eux-mêmes que c'étoit un défert d'Arabie.

Qu'oppoferez-vous au TYPHON pere de Judæus & d'Hierofolymus? Le mot de fubnerfion eft exprimé par Tufan dans les lan. gues orientales, en particulier chez les Arabes. Les Ifraélites après la fubmerfion des Egyptiens s'enfuirent dans la Judée dont JÉRUSALEM eft la capitale. Voilà comme de Tufan qui fignifie fubmerfion, ils ont fait Typhon après fa fuite devenu pere de Ju

deus & d'Hierofolymus. Vous ne trouverez pas là de magie d'étymologie; & vous avouerez que ces deux mots Judeus & Hierofolymus font fi parlans, qu'il ne faut pas être forcier pour deviner le traveftiffement. Que dites-vous encore de la REINE NITOCRIS précisément de couleur rouge, inondant fubitement les Egyptiens & fe fauvant dans un appartement plein de cendres? L'altération eft groffiere; mais qui n'y reconnoîtra pas l'événement du paffage de la mer-rouge? Le favant auteur nous montre. que le nom de Nitocris fe forme naturellement du mot hébreu Nthq qui fignifie, divifer, féparer. En effet, la mer-rouge s'entrouvrit, fes eaux fe diviferent ou fe féparerent pour laiffer un paffage aux Hébreux. Qu'on prenne d'ailleurs la premiere Bible latine (a), l'on verra au commencement ou à la fin une interprétation des mots hébraïques employés dans la Vulgate; cherchez Paleftina; vous trouverez que ce mot en hébreu veut dire confperfa cinere. Les Ifraélites, après la fubmerfion des Egyptiens, fe fauverent dans le défert qui conduifoit à la Paleftine; & voilà le fondement de l'évafion dans l'appartement plein de cendres.

Obfervez que dans tous ces rapprochemens, les traits évidens par eux-mêmes, conduifent forcément à l'explication de ceux

(a) La Bible de Vitré, par exemple; elle est

affez commune,

qui font plus voilés. Les circonftances, qui les caractérisent, font fi fingulieres, que fi elles ne fe fuffent pas trouvées dans le récit original, elles ne fe feroient certainement pas présentées à l'efprit des copistes Egyptiens. Quand un écrivain fabrique une hiftoire qu'il veut rendre croyable, il n'imagine pas de faire fauver quelqu'un dans un appartement plein de cendres, trait qui n'eft relatif à rien & ne fignifie rien, parce qu'il eft d'une bizarrerie fans exemple; au contraire qu'on fe représente un plagiaire ignorant, qui traduit une hiftoire dont il entend la langue à demi; alors la bévue fe conçoit très-aifément. C'eft le cas des Egyptiens qui firent les extraits des Livres faints.

Jugez maintenant fi tous ces rapprochemens font auffi folides que ceux du P. Lafiteau avec fes Caraïbes originaires de la Carie.

N'est-ce pas une providence bien marquée, que les hiftoriens Egyptiens parlant de Typhon, l'aient défigné comme pere de Judeus & de Hyerofolymus? d'après ces deux renfeignemens qui fe rapportent évidemment à la Judée & à Jérufalem fa capitale, comment étoit-il poffible que M. l'abbé du Rocher, ne faisît pas le fil de tous ces traveltiffemens, & ne fût pas convaincu que ce n'étoit qu'une altération de l'hiftoire des Juifs, où les Egyptiens avoient pillé leur hiftoire? Tout autre infiniment moins pénétrant que lui, ne s'y feroit pas mépris: vous-même, en lifant pour la premiere fois

ces rapprochemens, je fuis perfuadé que tout bas vous en préveniez l'explication naturelle; & que malgré les objections que vous vous efforcez de faire, une voix intérieure que dans ce moment le préjugé étouffe, vous crie que toutes mes réponses à vos difficultés, font d'une vérité fenfible, & me font dictées par la droite raifon.

Si l'auteur de l'Hiftoire véritable n'eût bâti qu'un fyftême pour dévoiler les antiquités Egyptiennes, dès le premier pas il eût été arrêté dans fa carriere. Car non-feulement il falloit qu'il comparât les deux hif toires, mais encore qu'il fit appercevoir dans Hérodote, Diodore ou Manéthon, les mêmes traits (quoique défigurés) qui fervoient au parallele avec ceux des Livres faints. Prenons pour exemple l'histoire de Menès, rapportée plus haut, & qui n'eft que l'altération de celle de Noé; je le demande, eût-il été poffible à M. l'abbé du Rocher de faire trouver dans l'hiftoire d'Egypte le navire de trois cens coudées, les colombes envolées, l'usage du vin inventé, l'inondation générale qui couvre tout, excepté THEBES (C'eft à-dire l'arche, en hébreu THBE); eût-il été poffible à l'auteur de faire lire tous ces traits de Noë fous le nom de MENES dans Hérodote & dans Diodore, s'ils n'y avoient pas été réellement? Un auteur qui écrit une hiftoire quelconque, peut bien en imposer, parce qu'il peut donner des menfonges pour la vérité; mais un homme qui dit au public, voilà deux livres qui contiennent le

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