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de ces monumens faftueux : difparoîtra aufli à jamais le fameux Créfus (a), Roi de Lydie, avec fes richeffes immenfes. M. l'abbé du Rocher le dénoncera comme un perfonnage qu'on a fabriqué encore fur quelques traits de l'hiftoire du Nabuchodonofor de l'Ecriture, représenté fous l'emblême de la tête d'or de la ftatue, dont les quatre métaux figurent les quatre grands Empires. Il réfultera du rapport des traits, que toute l'hiftoire de l'opulent Créfus, & en particulier fes oracles & fes prodiges, ne font qu'une altération des faits & fur-tout des prophéties & des miracles contenus dans le livre de Daniel. (b)

De-là paffant aux premiers tems de la Grece, l'auteur fera voir par de nouveaux rapprochemens foutenus, que toute leur hif toire fabuleufe n'eft affez conftamment qu'une verfion altérée de l'Ecriture (c) à

(a) V. l'Hift. vérit. des Tems fabuleux, tom. 3, P. 566.

(b) V. l'Hift. vérit. des Tems fabuleux, tom. 3, p. 582.

L'Auteur de l'Hiftoire véritable fait fur ce dévoilement de Créfus une obfervation profonde :,, II

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fuit de-là, dit-il, que l'Empire Romain qui fe ,, trouve prédit dans les prophéties de Daniel ,, aura été réellement annoncé par les auteurs qui, en forgeant Créfus, ont altéré ces prophéties, & qui ne connoiffent guere Rome dont Pline (L. III. c. 5. Sect. 9.) affure qu'on ne » trouve le nom en aucun écrivain étranger avant ,, Théopompe, qui écrivoit du tems d'Alexandre.

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(c) V. I'Hift. vérit. des Tems fabuleux, plan de l'ouvrage, t. I, p. 31.

laquelle les Grecs (a) ont mêlé toutes les rêveries de leur mythologie, en les accommodant avec la Grece & les contrées voifines. Ainfi on reconnoîtra que toute la partie de nos Livres faints, que les Egyptiens, qui n'en ont extrait que les faits relatifs à leur pays, auront omife & négligée, c'est-àdire, toute l'hiftoire de la conquête de la Terre promise fous la conduite de Jofué, celle des Juges & des deux premiers Rois d'Ifraël, Saul & David, les Grecs s'en font emparés, & en ont tiré le plus grand parti; puifqu'ils ont formé leurs tems héroïques, des combats de Jofué, & de toutes les actions des Juges. Ainfi l'on verra que, fous le nom de leur Hercule, ils ne nous ont donné que Samson & Josué, dont Alcide n'eft que la traduction faite en grec, Dans l'expédition des rgonautes; dans Jafon & Médée l'on retrouvera Gédeon & Jes Madianites (b). Ainfi l'on aura enfin la folution de ce grand problême de l'hiftoire pourquoi les Grecs fi féconds fur leurs tems fabuleux, font fi ftériles dans leur hiftoire, quand elle approche des tems connus; & d'où vient cette immenfe lacune

(a) Les Grecs ont pu facilement avoir commu nication des Livres faints, foit par les Juifs qu'ils faifoient efclaves, comme on le voit dans le prophete Joël, foit par les Phéniciens qui ont fait tranfpirer dans la Grece, comme dans les autres parties de l'Europe & de l'Afrique, tant de connoiffances utiles.

(b) V. l'Hift, vérit, des Tems fabuleux, tom. 3, P. 342.

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que les favans modernes, & même quelques anciens, ont apperçue dans l'histoire grecque, depuis la guerre de Troie.

Mais fi chaque trait de ces dévoilemens aura de quoi furprendre, que fera-ce, quand l'auteur de l'Hiftoire véritable entreprendra d'expliquer comment les-Grecs, ayant imaginé leurs tems héroïques d'après nos Livres faints, en ont emprunté ces noms illuftrés par les deux plus grands poëtes qui aient jamais existé, les noms d' Ajax, d'Enée, de Diomede, d'Agamemnon, de Ménélas ? L'on verra que ces noms ne font tous que des traductions de ceux des enfans de Jacob, Ruben, Siméon, Levi, Juda, Dan, Ifachar, Zabulon &c. (a), que les Grecs ont rendus dans leur langue, tantôt avec une exactitude littérale, & tantôt avec des altérations groffieres (b). Découverte affu

(a) Nous lifons dans l'ouvrage de M. l'abbé du Rocher, que comme les tribus de l'Ecriture portent les noms des enfans de Jacob, & qu'il y eft dit au nombre fingulier, en parlant de chacune d'elles, que Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Dan, Ifachar, Zabulon, &c. a fait telle ou telle chofe, les Grecs, en traduifant ces noms dans leur langue, plufieurs bien, d'autres mal, ont auffi attribué à Phénix, aux deux Ajax, à Enée, à Diomede, à Agamemnon, à Ménélas &c. comme à autant de Héros, les traits des Patriarches de ces tribus, & ceux des tribus même qui fe trouvent, foit dans le Teftament de Jacob, foit dans le Cantique de Débora.

V. l'Hift. vérit. des Tems fabuleux, tom. 3, P. 342, 343.

(b) V. l'Hift. vérit. des Tems fabuleux, tom. 3, P. 342, 343.

rément très-heureufe & fi finguliere, qu'elle paroîtra un paradoxe incroyable : découverte féconde, elle nous révélera un mystere que jufqu'ici l'efprit humain n'avoit pas même foupçonné. En effet, quelle fera la furprise de toutes les nations cultivées par le goût de la belle littérature, quand, par une fuite de dévoilemens des héros de la Grece, copiés fur les noms des chefs des douze Tribus d'Ifraël, M. l'abbé du Rocher fera voir que la guerre de Troie, cette guerre, dont le fracas a retenti jufqu'au bout de l'uni vers; cette guerre, dont la célébrité propagée d'âge en âge, & perpétuée de bouche en bouche depuis tant de fiecles, a fait placer cet événement mémorable au rang des grandes époques de l'hiftoire; cette guerre de Troie, chantée par un Homere & un Virgile, n'eft dans le fond que la guerre des onze tribus d'Ifraël, contre celle de Benjamin, pour venger la femme d'un Lévite, victime de l'incontinence des habitans de la ville de Gabaa (a), qui fut prife par les autres tribus confédérées, à l'aide d'une rufe de guerre, & qui fut à la fin livrée aux flammes par les vainqueurs. (b)

(a) Il eft remarquable en effet qu'en hébreu le mot Gabaa, qui veut dire un lieu élevé, a le même fens que Pergama en Grec, qui eft auffi le nom qu'on donne à Troie.

(b) V. 'Hift. vérit. des Tems fabuleux, tom. 3, p. 342, où M l'abbé du Rocher dit, que la guerre de Troie eft prife de la guerre des Tribus, racontée à la fin du livre des Juges. Ce morceau de l'Ecri

Le favant auteur apprendra que c'est le cantique de Débora, qui joint au même fujet, traité dans les derniers chapitres du livre des Juges, par un alliage que l'imagination des Grecs a eu l'habileté d'amalgamer, a produit le germe de l'Iliade d'Homere. (a)

O vous, admirateurs d'Homere! ne craignez pas cependant pour fa gloire. La découverte de M. l'abbé du Rocher ne flétrira point les lauriers qui couvrent la tête du Prince des Poëtes. Quand en lifant fes vers immortels, vous vous livriez à ce fentiment, fruit d'un goût délicat, que la Poéfie eft la fille du Ciel, vous rendiez hommage à une grande vérité, dont vous ne pouviez deviner le principe. Apprenezle aujourd'hui : oui, fans doute, la poéfie eft une production du Ciel, puifque le canevas du premier chef-d'oeuvre de l'Epopée, eft defcendu du féjour de l'Immortel avec nos faintes Ecritures. Jufqu'ici Homere n'a été pour vous qu'admirable & fublime; maintenant vous pouvez hardiment lui déférer le titre de poëte céleste & divin : car une ode facrée, dictée par l'Efprit-Saint à Débora, a fait germer dans la tête d'Homere, le plus beau poëme qu'ait enfanté l'efprit humain.

ture est le dix-neuvieme & le vingtieme chapitre du livre des Juges.

(a) V. l'Hift. vérit. des Tems fabuleux, Obferv. prélim. tom. 1, pag. 55, & tom. 3, pag. 343.

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