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qu'il avoit un fouvenir relatif également à des oignons.

M. l'abbé du Rocher fatisfait notre curiofité fur les pyramides, jufqu'à nous apprendre que ce nom n'eft pas le premier qu'elles aient porté chez les Egyptiens, puifqu'il fignifie les anciennes; il eft formé de l'article égyptien P & du mot ehram où eheram, pluriel arabe de herem, qui fignifie vieilleffe décrépite. Cette étymologie eft fi certaine, que les Arabes modernes, en fe fervant de leur article ordinaire al, appellent les pyramides, AL EHERAM, pour marquer la haute antiquité de ces monumens. Le nom de pehram, qui étoit en ufage chez les Egyptiens du fiecle d'Hérodo. te, prouve donc que le vrai nom que leur donnoient les Egyptiens des premiers tems, n'étoit plus connu.,, Ainfi, dit M. l'abbé du Rocher, les pyramides peuvent fe trouver comprises dans ce que l'Ecriture dit des travaux des Ifraélites, fans que » nous puiffions les y reconnoître furement,

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" à caufe de l'éloignement des tems & de la connoiffance imparfaite des langues anciennes. Peut-être même, au lieu de lire de fuite ARI MSCHNUTH (urbes thefaurorum du chaldéen, ou tabernaculorum de la Vulgate) les villes ou ba" tiffes des tréfors, ou des tabernacles pourroit-on lire ARI MS des bâtiffes d'exactions ou de corvées (a); enfuite

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(a) Hift. vérit. tom. 3, pag. 27 & 28.

"CHNUTH, qui fignifie des bafes, des " édifices folides; & alors les pyramides fe ,, trouveroient comprises dans ce que l'Ecriture dit des travaux des Ifraélites.

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Il falloit que du tems de Jofephe, l'opinion qui attribuoit ces monumens au peuple Hébreu, fût bien conftante; puifque cet historien (a) dit positivement, que les Ifraélites furent employés à les conftruire. Ce ne put être fans contredit que pendant leur captivité. Voltaire lui-même (b) a cité ce témoignage de Jofephe. D'après l'autorité de celui-ci, Menochius, commentateur trèscélebre de l'Ecriture, a cru devoir avancer, que par les travaux publics dont Pharaon furchargea les Hébreux, il faut entendre les ouvrages de brique, la conftruction des villes, & DES PYRAMIDES, enfin les canaux du Nil, pour conduire fes eaux dans les prés & dans les champs. (c)

Les traditions même confervées en Egypte concernant ces antiques monumens, dépofent en faveur de l'explication de M. l'abbé du Rocher. On lit dans un dictionnaire trèsaccrédité, que l'on croit dans le pays, que, l'une des trois groffes pyramides,, qui a

520 pieds de hauteur, & de largeur

(a) Jofephe, antiquit. liv. 2', c. 5.

(b) La Bible enfin expliquée par Voltaire, tom. 1, pag. 15 & fuiv.

(e) Cogebantur ergo (Egyptii) formare lateres (ut pater Exod. 1. 14.), urbes & PYRAMIDES ædificare, nilum per foffas in prata & agros derivare (not, Menoch, in cap. 1. Exod. v. 11.)

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682 en carré, fut bâtie, il y a plus de "3000 ans, par un roi d'Egypte. Ayant " opprimé le peuple par le travail long & exceffif de cette énorme maffe

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on le ,, menaça de brûler fon corps après fa mort; ce qui l'empêcha d'y choisir fa fépultu»re, & l'obligea de commander qu'on l'enterrât dans un autre lieu fecret.

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Quant aux autres pyramides moins grof fes & moins hautes, la tradition encore du pays rapporte, qu'elles font les fépulcres de la femme & de la fille de Pharaon » qui fut englouti dans la mer-rouge, & » que la troifieme, qui eft la plus groffe, étoit deftinée pour la fépulture de ce Pharaon, à qui on les attribue toutes les trois; mais que ce prince, ayant péri dans la fubmerfion de la mer-rouge, lors de la pourfuite des Hébreux, n'a pas eu befoin de tombeau, & que c'est pour cette raifon qu'elle eft demeurée toujours ou» verte, & que fi l'ouverture des deux au2 tres, où fon époufe & fa fille ont été ,, mifes, ne paroît plus, c'eft qu'on ne peut ,, plus reconnoître de quel côté étoit l'entrée.,, Voyez Maillet dans fa defcrip tion de l'Egypte (tom. 1, p. 236.)

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Je vous le demande, Monfieur, la tradition fur ce roi d'Egypte auteur de la grande pyramide, lequel opprima le peuple par un travail long & exceffif; cette autre tradition fur le Pharaon de la merrouge, qui ayant perdu la vie dans la cata£ trophe de la fubmerfion, ne put être en

terré dans la pyramide qu'il avoit choifie pour fa fépulture; le témoignage d'Héro dote fur ce peuple furchargé de travaux, opprimé par un roi détefté qui lui défend de facrifier, & qui l'emploie à la conftruction des pyramides; ce CHÉOPS, ce CHEPHREN, cet AMRCEUS, cet INARON, cet AMMOSIS, cet OSARSIPH, tous ces prétendus rois, auteurs des pyramides, & dont les noms traveftis fignifient l'oppreffion des Hébreux, & le nom même de Moïfe, comme Manéthon nous le déclare d'Ofarfiph ; enfin l'explication du mot mfchnuth, qui dans les trois fignifications de tréfors, de tombeaux, & de bafes ou édifices folides, nous montrent le rapport de ce mot original de l'Ecriture avec les travaux dont furent accablés les Hébreux par les rois d'Egypte ; toutes ces traditions, ces dévoilemens de nom, le triple fens du mot mfchnuth; tout cela, dis-je, ne forme-t-il pas un faisceau de lumieres fi éclatantes & fi vives, qu'il n'est pas poffible de fe refufer à croire & à dire avec M. l'abbé du Rocher, que, d'après même les hiftoires profanes, ce font les rois oppreffeurs des Hébreux, qui leur ont fait.conftruire les pyramides; qu'ainfi tout ce que nous pouvons en favoir, eft uniquement ce que les Egyptiens en ont trouvé ou cru retrouver dans l'Hiftoire-Sainte?

Vous venez d'apprendre, Monfieur, à quoi vous en tenir fur le lac Moëris, le labyrinthe, & les pyramides d'Egypte. Je vous avois annoncé que la difcuffion de ces

grands

grands monumens, ameneroit tout naturellement la folution de votre grande objection, que vous me donniez comme triomphante. Vous le voyez : l'auteur de l'Hiftoire véritable ne porte aucune atteinte à l'exiftence réelle du lac Moëris, des labyrinthes, & des pyramides dont parle Hérodote, & qu'il nous affure avoir vus : M. l'abbé du Rocher, fe contente de vous faire voir que tout ce que rapporte cet écrivain Grec, du nom des rois à qui il attribue ces ouvrages fi vantés, ainfi que des motifs & des circonftances qui déterminerent ces fouverains à conftruire ces monumens, démontre évidemment qu'il a dû compofer fon hif toire fur des extraits de nos Livres faints.

Ainfi tombent d'eux-mêmes tous les raifonnemens dont vous vous êtes efforcé d'appuyer votre diffuse objection; & qui fe ré duifent à conclure de la réalité des monumens, l'existence des rois d'Egypte auxquels on les attribuoit. Vains fophifmes, que je vais anéantir par l'exemple même tiré de la colonne Trajane que vous m'avez citée.

Sans doute le nom du grand prince qui la décore, eft une preuve également certaine de la réalité d'un empereur appellé Trajan, & du monument élevé en fon honneur. Pourquoi? Eft-ce, parce que dix fiecles après, fur le rapport de quelques perfonnes, on a attribué à Trajan la fuperbe colonne qui porte fon nom? Nullement; mais c'eft 1. Parce que fur le monument, chef-d'œuvre de l'immortel architecte Ap

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