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qu'il faut prononcer HANNOBEACH, fignifie pareillement latrator, aboyeur.

Sur cette étoile du chien ou la canicule, fi importante pour les habitans des bords du Nil, je puis encore vous faire remarquer avec Pluche (a), qu'en égyptien & en hébreu, SIHOR, en grec SEIRIOS, en latin Sirius, étoient le même nom. On trouve Sihor dans Jofué XIII. 3. & dans Jérémie 1. 18. Il en eft de même de plufieurs autres mots que Pluche cite dans l'examen qu'il fait des antiquités Egyptiennes. Comment concevoir que les Egyptiens ont appellé leur langue facrée, tous ces mots évidemment tirés de l'hébreu, fi cette dénomination n'eût pas fignifié que cette langue facrée n'étoit que celle des livres hébreux, dont précisément les hiftoires se trouvent avoir été travefties par les mêmes Egyptiens? Cette préfomption me paroît de la plus grande force.

Mais que direz-vous, Monfieur, ft M. l'abbé du Rocher vous montre que Manéthon lui même vous apprend, quoiqu'à mots couverts, que le pays d'où étoient venues ces lettres facrées, qui avoient fervi de matériaux à fon ouvrage, étoit la Judée? En effet, rappellez-vous que cet auteur Egyptien dit, que la contrée où les ouvrages de Thoth s'étoient confervés, s'appelloit la terre SÉRIADIQUE. Le favant auteur de l'Hiftoire véritable explique ce mot

(a) Hiftoire du Ciel, tom. 1, pag. 43.

Sériadique, de la maniere fuivante. La Judée après la captivité de Babylone fut comprise fous le nom de la Syrie, qui fe nommoit alors XUR. Hérodote bien antérieur à Manéthon, fe fert de la dénomination de SYRIE PALESTINE. Le célebre géographe Ptolemée, qui à la vérité eft venu longtems après, dit expreffément LA SYRIEJUDÉE. Or, y a-t-il de l'extravagance à penfer que de XUR-IEUDE, SYRIE-JUDÉE, a pu venir par corruption, le nom de Sériadique ou Syriadique, car il y a des variantes? Ajoutez que cette terre Sériadique n'a jamais pu être trouvée dans aucune ancienne géographie; raison majeure de fe perfuader que c'est un nom corrompu.

Joignez encore à cela, que Manéthon n'a pas oublié de nous dire que les lettres facrées, d'où il avoit tiré fon hiftoire d'Egypte, avoient été traduites. Qu'avoient befoin les Egyptiens de traduire un Ouvrage écrit, en leur propre langue? En admettant la réalité des extraits qu'ils firent des livres qu'ils n'entendoient pas, tels que ceux des Hébreux, on conçoit le motif de cette traduction. Manéthon parle enfuite de la gradation de cette verfion, de la langue facrée en langue grecque, en caracteres hiéroglyphiques, c'est-à-dire, en égyptien, & enfin du dépôt qui fut fait du tout dans les archives des temples. Cette derniere circonftance ne nous explique-t-elle pas encore comment, avant Manéthon,

Hérodote, qui dit avoir été inftruit par les prêtres Egyptiens dépofitaires de ces archives, & qui par conféquent ont dû lui communiquer ces livres facrés pour compofer fon hiftoire, ne nous a donné, comme Manéthon, qu'une fuite de faits & de noms de nos Livres faints altérés ? D'après cet ensemble de raifons, douterez-vous, Monfieur, malgré le témoignage de Manéthon prêtre Egyptien, que l'hiftoire d'Egypte, écrite par les anciens, ait été fabriquée fur des mémoires traveftis de l'Ecriture-Sainte?

J'ai encore un autre témoin à vous produire, non plus Egyptien, mais Phénicien. C'eft Sanchoniaton dont vous devez être grand partisan; car c'eft un des héros de la philofophie du jour. Vous favez, ou en tout cas je vous apprendrai, que Sanchoniaton prétend auffi avoir copié ce que TAAUT ou THOTH AVOIT ÉCRIT SUR DES PIERRES PAR RAPPORT AUX PRE-·

MIERES ORIGINES. Ceci vous paroîtra fingulier. Quoi! Maněthon a fait une histoire, & il nous a dit qu'il a copié Thoth : Sanchoniaton a compofé une hiftoire, & il annonce qu'il a également copié Thoth. Si ce que Thoth a écrit en lettres facrées, étoit l'hiftoire d'Egypte, comment Sanchoniaton, pour faire celle des Phéniciens, a-t-il pu copier Thoth? Si au contraire ce dernier a été copié par Sanchoniaton, parce que celui-ci vouloit écrire les antiquités phéniciennes, comment ont-elles pu fervir

à l'hiftoire Egyptienne de Manéthon? Les Phéniciens font-ils donc la même nation que les Egyptiens? Mais non : Sanchoniaton vient de nous dire que Thoth a écrit fur les premieres origines. Si d'après ce té moignage, vous m'oppofiez, Monfieur, que ces deux auteurs ont pu profiter indistinctement de Thoth pour leur travail, je vous répondrois par cette queftion : l'hiftoire Egyptienne de Manéthon, & la Phénicienne de Sanchoniaton, ne contenoient-elles que les premieres origines? Ainfi je vous preffe des deux côtés. Savez-vous ce qui fait ici l'embarras? Il naît précisément de l'idée fauffe que les favans s'étoient faite de Thoth, comme Egyptien. Qu'il redevienne ce qu'il eft, alors plus de difficulté. En effet convenez avec le docte M. Huet, qui le dit formellement, convenez que Thoth n'eft que Moife travefti par les païens, & d'après ce dévoilement, tout fe conciliera trèsnaturellement.

Si pour vous convaincre que l'ouvrage de Thoth, copié par Sanchoniaton, n'eft. réellement que celui de Moïfe, je vous annonçois qu'on a déterré un fragment de la Genese qui porte en tête le nom de Sanchoniaton, croiriez-vous alors, Monfieur, que Moife eft le prétendu Thoth copié par Sanchoniaton, de fon propre aven? Eh bien, je puis vous exhiber ce monu ment. C'eft M. l'abbé du Rocher à qui vous devez encore cette découverte. Prenez les premiers mots de la Bible. Au commence

ment, dit-elle, Dieu créa le ciel & la terre, en hébreu tel qu'on le prononce, BE RESCHITH BARA ELOHIM. Vous allez voir comment Sanchoniaton a traduit. Il y eut, dit-il, un certain ELIOUN, & une femme nommée BERUTH qui eurent un fils nommé CIEL, & une fille nommée TERRE (a). Il 'eft clair que du mot ELOHIM, qui en hé breu fignifie Dieu, Sanchoniaton a fait un certain ELIO UN; & pour nous faire mieux deviner ce travestiffement, Philon fon commentateur traduit ce nom par le mot gree HresIsTos, le très-haut, qui convient excellemment à Dieu. Vous voyez encore que BERESCHITH, qui, dans le texte hébreu, veut dire au commencement, a été transformé par l'auteur phénicien en une femme appellée BERUTH, dont ELIOUN étoit l'époux. Dans le mot BARA qui a la plus grande analogie avec Bur qui veut dire fils, Sanchoniaton a trouvé le fils d'Elioun & de Beruth. On conçoit comment l'auteur phénicien lifant le texte de la Genefe qui parle de la production du Ciel & de la Terre, & étant affecté de l'idée de filiation qu'il trouvoit dans le Bara inter prété par Bar fils, le CIEL eft devenu le fils, & la TERRE la fille d'ELIOUN & de BERUTH. C'eft ainfi qu'ont été travestis de la maniere la plus étrange ces mots du texte original de nos Livres faints, Beref chith Bara Elohim &c. Au commence

(a) Eufeb. prap. 1. 1, c. 10.

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