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tien, puisqu'il étoit générique pour les fouverains de cette nation, comme le titre de SULTAN l'eft parmi les Turcs, & celui de CZAR parmi les Ruffes.

Cependant cette difficulté que je vous fuggere, va devenir le germe même de la réponse que j'ai promis de donner à votre objection tirée du fait de la dot & du mariage de la princeffe d'Egypte, épouse de Salomon.

Je vous avoue donc avec franchise, qu'il eft affez étonnant que les rédacteurs aient négligé de recueillir će trait intéreffant; mais de ce qu'il n'a pas été inféré dans l'hiftoire d'Egypte, qu'en conclure? Rien autre chofe que ce qui réfulte du trait de Sefac, dans la même histoire écrite par Hérodote. Car vous ignorez fans doute, Monfieur, que ce n'eft point dans l'hiftoire des rois d'Egypte, mais dans celle des Medes, que cet écrivain parle d'une incurfion de Saques ou de Scythes en Palestine, & du pillage du temple. Il eft donc poffible que le trait du mariage de la fille de Pharaon que vous m'oppofez, foit également enveloppé fous l'écorce de quelqu'autre morceau des hiftoires d'Hérodote, celle des Medes ou celle des Perfes, dont le dévoi lement n'a pas encore été donné. M. l'abbé du Rocher a pris l'engagement de les dévoiler toutes fucceffivement, daignez donc prendre un peu de patience, & il fatisfera certainement à votre difficulté, d'une maniere qui ne vous laiffera plus rien à defirer.

On peut être fans crainte le garant d'un érudit de fa trempe.

Mais d'ici là, permettez que, puifque vous m'avez conduit infenfiblement à vous parler de l'histoire de Sefac, je vous préfente encore un rapprochement, qui vous convaincra que ce perfonnage eft l'original fur lequel ont été formés les Saques dont je viens de vous entretenir.

Hiftoire d'Hérodote. Hiftoire Sainte.

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1. Les Scythes 1. L'Ecriture ra s'étant emparés de conte que fous le re2 toute l'Afie, alle. gne de Roboam, Serent droit vers l'E-fac roi d'Egypte, s'agypte. Lorfqu'ils vança vers Jérufalem, étoient déjà dans & que Dieu s'étant la Syrie Palefti. laiffé toucher par les "ne, Pfammitique prieres & les humiroi d'Egypte, ve- liations de Roboam, nant à leur rencon- & par celles de fon ,, tre, obtint d'eux à peuple, Sefac fe reforce de prieres & tira après avoir enlevé de préfens, qu'ils les tréfors du tem n'allaffent pas plus ple & du palais du roi.

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دو

دو

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,, loin. ",

Nous avons montré comment du mot hébreu PS AMUTH, divifion des tribus, s'étoit formé le nom de Pfammitique. Or ce fut fous Roboam & par Jeroboam, confondus l'un avec l'autre par les Egyptiens, que s'opéra le fchifme des tribus. Voilà

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comme le fait qui appartient au regne de Roboam, a été attribué à Pfammitique. Il faut encore observer que, fuivant les auteurs anciens, & Hérodote lui-même (a), les Perfes donnoient à tous les Scythes en général le nom de Saques. Or, c'eft du tems de la domination des Perfes dit M. l'abbé du Rocher, què les Egyptiens ont copié les Livres faints. Cette circonftance fait concevoir comment fur la reffemblance du nom, cette nation qui avoit perdu de vue fon hiftoire, a métamorphofé en Scythes ou Saques leur ancien roi Sefac, qui alors étoit à-peu-près pour eux, ce que font pour nous nos vieux rois des commèncemens de la premiere race, Pharamond, Clodion, ou Mérovée. Enfin remarquez que Jérufalem eft fans contredit dans la Palestine, dont elle eft la capitale. Vous avez vu d'ailleurs les prieres qui furent adreffées par Roboam au Seigneur, & les préfens, quoique forcés, que Sefac emporta de Jérufalem; dès-lors tous les traits des Saques qui entrent dans la Palestine, & dont Pfammitique obtint la retraite à force de prieres & de préfens, convien nent parfaitement à l'hiftoire de Roboam attaqué par Sefac. Paffons aux autres traits.

2. Hérodote ajoute que quelques-uns des

que

2. Le fameux tem(en ple de Jérufalem ( en

(a) Herod. v11, 64.

Scythes (ou Saques)

3.

Palestine) fut pillé

en fe retirant, pille- par Sefac.
rent un fameux tem-
ple de Palestine.
Suivant cet hif
torien, le temple pillé
par les Scythes, étoit
le temple de Vénus,
& les raviffeurs fu-
rent punis par la ma-
ladie des femmes,

3. L'invafion de Sefac fous Roboam, fut la punition des péchés qui fe commettoient dans le royaume de Juda, où il y avoit, dit l'Ecri

dont furent atteints ture jufqu'à des

les Scythes.

efféminés, & où se faifoient des actions abominables. (a)

Plaignons l'aveuglement du paganisme, qui enivré des dieux de fa mythologie, a changé le temple du faint des faints en celui de la divinité qui préfidoit aux vices les plus infames. Béniffons la Religion qui a appris à l'homme que, quand par des actions exécrables il dégrade la nature & la raison, il outrage en même tems le Dieu qui eft l'auteur de l'une & de l'autre, & qui a promis d'en être le vengeur.

SEIZIEME OBJECTION.

16. Que les Egyptiens aient perdu leur hiftoire, quand leur pays fut envahi

(a) 111, Reg, XIV. 24.

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par Cambyfe qui enleva leurs archives, le fait ne peut être raisonnablement contesté, puifqu'il eft rapporté par des auteurs graves. Ainfi sur cet article, je conviens que l'auteur de l'Hiftoire véritable eft fondé en preuves. Mais que les Egyptiens, pour fuppléer à la perte de leurs annales, fe foient compofe des mémoires rédigés conftamment fur les Livres faints, y a-t-il un feul écrivain ancien ou moderne qui dépofe clairement & formellement fur un fait de cette nature? Cependant, comme il eft une des bafes du fyftême de M. l'abbé du Rocher il convenoit qu'il citât les hiftoriens qui parlent de ces extraits de l'Ecriture, comme ils le font des mémoires enlevés par les Perfes. Néanmoins. l'auteur de l'Hiftoire véritable fe contente de conjecturer ces extraits. Il part de cette présomption pour nous montrer à chaque paragraphe de fon Livre, les Egyptiens toujours copiant l'Ecriture,& toujours l'altérant. Une découverte, telle que celle de M. l'abbé du Rocher, dont les fuites feroient de la plus grande importance pour l'hiftoire, ne doit pas avoir dans la charpente fur laquelle porte tout l'ouvrage, une feule piece qui ne foit très-folide. Un fait purement conjectural peut être attaqué par d'autres présomptions.

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