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eu également connoiffance, & que par l'entremife de ceux-ci, Hérodote ait pu le favoir ?

Vous allez lire maintenant, Monfieur, une anecdote finguliere du roi Anysis, racontée très-férieusement par Hérodote.

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7. Anyfis fut dé- | 7. Nous lifons dans poffédé par Sabacos l'Ecriture, que Saretiré dans des ma-lomon fe retira à rais, où il habita... » une ifle qu'il fe fit lui-même de terre & de cendre accumulées; car, ajoute cet hiftorien, » comme les Egyptiens venoient lui

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Afiongaber près d'Ailath, fur le bord de la mer rouge. Tunc abiit Salomon in ASIONGABER, & in Ailath, quæ eft ad oram maris rubri in terrà Edom (2. pa

» apporter du bled,ral. VIII. 17.). Dans fans que l'Ethio- le nom hébreu d'A"pien en fût rien, il fiongaber altéré, fe leur ordonnoitauffi trouve le mot boue. de lui apporter de Salomon ayant été la cendre pour pré- travefti par les Egypfent. Perfonne n'a tiens en Anyfis, fa » pu retrouver cette retraite à Afiongaber ifle, continue Hé- eft devenue celle du „rodote.... Elle feroi Anyfis dans des » nomme Helbo. marais. Ce même Que dites vous, prince, dit l'Ecriture, Monfieur, de ce con- envoyoit des vaifte baroque? On n'enfeaux dans le pays invente pas exprès de

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d'Ophir, lefquels lui pareils; il ne faut que en rapportoient beau

du bon fens pour voir que c'eft évidemment une hiftoire totalement défigurée)

coup d'or. Veut-on favoir comment cet or a été changé en cendre? Qu'on prenne à la fin d'une Bible ordinaire l'Index des noms hébreux interprétés; on verra qu'Ophir fignifie cendre. Voilà le fondement de l'ifle de cendre; & comme les flottes pour Ophir partoient d'Afiongaber dans la compofition duquel entre le mot boue, Hérodote place l'ifle de cendre précisément dans un marais.

L'Écriture nous ap

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prend encore que lomon donnoit une grande quantité de bled chaque année à Hiram roi de Tyr, pour prix des matelots Phéniciens qu'il foudoyoit; c'eft pour cela qu'il eft question de bled apporté par les Egyptiens à Anyfis dans fon ifle. SaIlomon céda auffi à

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Hiram des villes ou des bourgs en échange de ce qu'il en avoit reçu pour la conftruction du temple. Le roi de Tyr les nomma terre de Chbul, en hébreu, Chabul. Ce nom eft devenu fous la plume d'Hérodote celui d'Helbo (afpiré) dont il appelle l'ifle de cendre.

Reprenons tous ces rapprochemens, pour les rendre plus fenfibles. 1°. Le nom de Salomon ou le titre de roi de Jérusalem traduit en grec, eft devenu le roi Anyfis. 2o. La reine de Saba vient le vifiter avec une fuite très- confidérable, qu'on prend pour une armée ; & voilà Anyfis dépoffédé par Sabacos, nom qui lui-même eft celui de fage, donné à Salomon. 3°. Il se retire à Afiongaber; & c'eft Sabacos qui fe retire dans un marais. 4°. Ophir où Şalomon envoyoit des vaiffeaux, fignifie en hébreu cendre; on a fait d'Ophir, une ifle de cendre. 5°. Salomon fourniffoit du bled à Hiram; les Egyptiens font arriver ce bled dans l'ifle d'Anyfis. 6°. Salomon donne à Hiram une contrée que celui-ci appelle Chbul; Hérodote gratifie de ce nom l'ifle de cendre, qu'il prétend être l'ifle d'Helbo. M. d'Anville a pris encore bien de la peine

pour la trouver; on s'attend bien qu'il n'y a pas réuffi. On voit par la grande carte d'Egypte du célebre pere Sicard, qu'il a été lui-même la dupe du hableur Hérodote, en croyant bonnement voir dans une ifle du lac Sirbonide, celle d'Elbo. Voilà cependant comme la vénérable antiquité païenne fe joue de nos plus favans hommes. D'après cela, Monfieur, continuerezvous toujours d'être le défenfeur des historiens d'Egypte ?

Pour achever de vous convaincre fur les plagiats d'Hérodote, je vais vous rapporter un conte très-intéreffant qu'on lit dans cet hiftorien, & qui vous apprendra jufqu'à quel point les Egyptiens vos favoris, ont travefti nos Livres faints. Telle eft l'hiftoire qu'il raconte au fujet des prétentions qu'avoient les Egyptiens fur leur antériorité aux autres peuples. La question étoit de favoir par un effai, quelle avoit été la premiere langue du monde. Ainfi le peuple qui fe trouveroit avoir les élémens de cette langue, feroit proclamé le plus ancien. En conféquence Pfammitique, roi d'Egypte, fit l'épreuve fuivante, à ce que dit Hérodote, il prit deux enfans qu'il fit élever à l'écart dans une maison folitaire par un berger, d'autres racontent ,, que ce fut par deux femmes (car Hé" rodote avoue qu'il y avoit d'autres verfions différentes de la fienne); le prince ,, leur défendit expreffément de proférer devant les deux enfans aucune parole,,:

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Son but étoit de favoir quel feroit le premier mot qu'ils prononceroient naturellement, fans qu'aucune voix humaine frappât leurs oreilles & donnât l'impulfion à leur organe.,, Le prince, pour s'affurer davantage des deux femmes, leur fit cou, per la langue : lorfque les enfans furent en âge de parler, un jour le mot beccos leur échappa. Ce mot, dit Hérodote, fignifie pain en Phrygien. Par-là Pfam,, mitique acquit la preuve que les Phrygiens étoient le peuple le plus ancien de l'univers. ""

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L'attention d'Hérodote à tout rapprocher de fa patrie ou des pays voifins, fuffiroit feule pour faire fufpecter ce qu'il vient de nous débiter. Mais nos foupçons vont fe changer en preuves.

M. l'abbé du Rocher dénonce encore ce conte d'Hérodote, comme un plagiat d'un morceau de l'Ecriture-Sainte. Il montre que ce prétendu effai de Pfammitique fur les deux enfans, n'eft que le travestissement du jugement de Salomon, au fujet de deux enfans dont les meres fe difputoient celui qui étoit resté en vie. Avant d'en venir au dévoilement, rappellons ce beau trait du regne de Salomon.

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Deux femmes prostituées vinrent trouver le roi, & comparurent en jugement devant lui. Ecoutez-moi, feigneur, dit l'une des deux. Cette femme que vous », voyez & moi, nous demeurions enfem"ble, & feules dans une même maison;

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