Carpendæ manibus frondes, interque legendæ. Texendæ sepes etiam, et pecus omne tenendum, Non aliam ob culpam Baccho caper omnibus aris 370 375 380 que ta main se borne à arracher les feuilles superflues, et à éclaircir le couvert; mais dès que tu la verras, forte de nes vigoureuses racines, embrasser les ormes de ses robustes nœuds, alors prends ce fer qu'elle ne redoute plus; coupe, taille ses bras et sa chevelure, exerce sans pitié ton empire, et refrène l'essor désordonné de ses rameaux. Entoure aussi ton jeune plant d'une haie qui le léfende contre la dent des troupeaux, alors surtout que l'arbuste, encore tendre, n'est pas fait à leurs outrages. C'est trop pour lui, outre l'inclémence des hivers et des soleils trop arder.ts d'avoir à subir encore les insultes des buffles et des biches errantes, des chèvres et des brebis, qui le paissent; de la genisse avide qui le broute incessamment. Les frimas dont l'hiver blanchit les plaines, le soleil pesant de tous ses feux sur les rochers ardents sont moins funestes à la vigne que les troupeaux, que le venin de leur dent meurtrière, que la cicatrice faite à la souche mordue. C'est pour expier ce crime qu'on immole un bouc à Bacchus sur tous ses autels: de là ces premiers spectacles offerts sur un théâtre; un bouc était le prix proposé au talent, et que se disputaient, dans les bourgades et les carrefours, les descendants de Thésée. Ivres de joie sed frondes carpendæ manibus uncis, legendæque inter. Inde, ubi jam stirpibus validis exierint amplexæ ulmos, tum stringe comas, tum tonde brachia; ante reformidant ferrum; et compesce ramos fluentes. Sepes etiam texendæ, et omne pecus tenendum, præcipue dum frons tenera imprudensque laborum : cui, super hiemes indignas solemque potentem, uri silvestres capreæque sequaces illudunt assidue, oves juvencæque avidæ pascuntur. Nec frigora concreta pruina cana, aut æstas gravis incumbens scopulis arentibus, tantum nocuere illi, quantum greges, venenumque dentis duri, et cicatrix signata in stirpe admorso. Non ob aliam culpam caper cæditur Baccho omnibus aris, et veteres ludi ineunt proscenia, Thesidæque posuere præmia ingeniis, circum pagos et compita, atque læti Mollibus in pratis unctos saliere per utres. 385 Oraque corticibus sumunt horrenda cavatis; Oscilla ex alta suspendunt mollia pinu. 390 395 Est etiam ille labor curandis vitibus alter, 400 et de vin, on les voyait, au milieu des riantes prairies, sauter sur des outres enflées et frottées d'huile. Ainsi font aujourd'hui les Latins, race venue de Troie. Ils célèbrent aussi Bacchus par des vers sans art, et qui excitent de grandes risées; puis, faisant grimacer leur visage sous des masques d'écorce d'arbres, ils t'invoquent, ô Bacchus, dans leurs chants joyeux, et suspendent au haut d'un pin tes mobiles images. Soudain la vigne étend ses pampres fécondés et chargés de grappes; elle se couvre de raisins dans le creux des vallées, dans les bois profonds, partout où le dieu des vendanges va montrant sa tête vénérée. Célébrons donc les louanges de Bacchus; répétons en son honneur les vers que chantaient nos pères; mettons à ses pieds des gâteaux et des bassins de fruits; qu'un bouc soit traîné par la corne vers ses autels; qu'une branche de coudrier, perçant les grasses entrailles de la victime, la fasse rôtir au feu des brasiers. La vigne exige encore un autre travail, un travail qui se renouvelle toujours et qui n'a point de terme. Il faut, trois ou quatre fois par an, remuer le sol avec la bêche, retourner et briser sans cesse la glèbe autour du cep, et alléger fréquemment la vigne du superflu de son feuillage. Ainsi roule dans un cercle perpétuel le cours des inter pocula saliere in mollibus pratis per utres unctos. Nec non coloni Ausonii, omnis vinea pubescit complentur, et quocumque deus egit circum honestum caput. Ergo rite dicemus Baccho suum honorem carminibus patriis, feremusque lances et liba; et hircus sacer ductus cornu stabit ad aram, torrebimusque pinguiaexta in verubus colurnis. Est etiam ille alter labor vitibus curandis, cui nunquam est satisexhausti: namque quotannis omne solum scindendum terque quaterque, glebaque frangenda æternum bidentibus versis; omne nemus levandum fronde.. Labor actus au-milieu des coupes (des libations) ils ont sauté dans les tendres prairies par (sur) des outres enduites d'huile. Et aussi les colons Ausoniens, race envoyée (venue) de Troie, jouent avec des vers grossiers et un rire déployé, et prennent des visages affreux au haut d'un pin. se-remplissent de raisins, Aussi selon-le-rite nous dirons (chanterons) à Bacchus Il est encore cet autre travail aux vignes devant être soignées, auquel travail jamais il n'y a assez d'épuisé (de fait) : car tous-les-ans tout le sol est à-entr'ouvrir et trois-fois et quatre-fois, Atque in se sua per vestigia volvitur annus : 405 410 415 travaux du laboureur, comme l'année recommence et achève le sien, en repassant toujours par les mêmes traces. Quand la vigne a vu tomber ses dernières feuilles, et que le froid Aquilon a dépouillé les bois de leur riante parure, l'infatigable vigneron étend déjà ses soins prévoyants sur l'année qui va suivre. L'arme de Saturne à la main, il visite sa vigne un moment abandonnée, l'émonde, la façonne par une taille industrieuse. Sois donc le premier à labourer la terre, le premier à brûler les sarments enlevés, à remporter tes échalas à la maison; mais sois le dernier à vendanger. Deux fois dans l'année, la vigne souffre d'un feuillage trop épais qui la couvre; deux fois les ronces et les herbes touffues l'assiégent et l'étouffent: autant de pénibles travaux. Vante, si tu veux, les vastes domaines, mais contente-toi d'en cultiver un petit. Il faut encore couper le houx dans la forêt, le roseau sur le bord des fleuves, et l'osier, qui croît sans culture. Mais déjà tes vignes sont liées: leurs rameaux n'ont plus besoin de la serpe; déjà le vigneron fatigué chante en façonnant ses derniers plants. Et cependant il lui faut encore tourmenter la terre, retourner et réduire la glèbe en poudre, et craindre, pour ses raisins déjà mûrs, l'inclémence des airs. |