OEUVRES COMPLÈTES DE MONTESQUIEU. TOME PREMIER. II. PARTIE. CONTENANT L'ESPRIT DES LOIS, LIVRES XXIII-XXXI, ET LA TABLE DES MATIÈRES. DE LIVRE XXIII. DES LOIS, DANS LE RAPPORT QU'ELLES ONT AVEC LE NOMBRE DES HABITANS. CHAPITRE PREMIER. Des hommes et des animaux, par rapport à la multiplication de leur espèce. O Vénus! ô mère de l'Amour! Dès le premier beau jour que ton astre ramène, Les femelles des animaux ont à peu près une fécondité constante. Mais, dans l'espèce humaine, la manière de penser, le caractère, les passions, les fantaisies, les caprices, l'idée de conserver sa beauté, l'embarras de la grossesse, celui d'une famille trop nombreuse, troublent la propagation de mille manières. CHAPITRE II. Des mariages. L'OBLIGATION naturelle qu'a le père de nourrir ses enfans a fait établir le mariage, qui déclare celui qui doit remplir cette obligation. Les peuples (2) dont parle Pomponius Méla (3) ne le fixaient que par la ressemblance. Chez les peuples bien policés, le père est celui que les lois, par (1) Traduction du commencement de Lucrèce, par le sieur d'Hesnaut. (2) Les Garamantes. · (5) Liv. I, chap. 111. |