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Si

qua

fidem tanto est operi latura vetustas,

Non equidem, nec te, juvenis memorande, silebo.
Ille pedem referens, et inutilis inque ligatus,
Cedebat, clypeoque inimicum hastile trahebat.
Prorupit juvenis, seseque inmiscuit armis.
Jamque adsurgentis dextra, plagamque ferentis
Æneæ subiit mucronem, ipsumque morando
Sustinuit: socii magno clamore sequuntur,
Dum genitor nati parma protectus abiret;
Telaque conjiciunt, proturbantque eminus hostem
Missilibus: furit Æneas, tectusque tenet se.

Ac velut, effusa si quando grandine nimbi
Præcipitant, omnis campis diffugit arator,
Omnis et agricola, et tuta latet arce viator,
Aut amnis ripis, aut alti fornice saxi,
Dum pluit in terris, ut possint, sole reducto,
Exercere diem: sic obrutus undique telis
Encas nubem belli, dum detonet, omnem

Sustinet, et Lausum increpitat, Lausoque minatur:

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Quo, moriture, ruis, majoraque viribus audes?

Fallit te incautum pietas tua (34). » Nec minus ille
Exsultat demens: sævæ jamque altius iræ
Dardanio surgunt ductori, extremaque Lauso

A tes faits étonnants si l'avenir peut croire,
De ton touchant destin je conterai l'histoire ;
Et ta chute héroïque et tes nobles malheurs
Iront de siècle en siècle attendrir tous les cœurs.
Foible, et traînant le poids de la fatale lance,
Déja hors de combat, le farouche Mézence
S'éloignoit lentement, la rage dans le cœur.
Déja prêt à frapper, son superbe vainqueur
Lève et suspend sur lui l'épée étincelante.
Lausus vole, Lausus à ses coups se présente;
Et, d'un bras arrêtant la pointe du poignard,
De l'autre de son père assure le départ.
Son armée à grands cris applaudit son courage;
De leurs traits sur Énée ils font pleuvoir l'orage.
Son bouclier s'oppose à leurs coups répétés.
Ainsi, lorsque la grêle à coups précipités
Tombe et frappe la plaine au loin retentissante,
Soudain, pour éviter la tempête bruyante,
Bergers et voyageurs, tout fuit, tout va chercher
Ou l'abri d'un rivage, ou le creux d'un rocher,
Attendant que le ciel, dissipant le nuage,
Les rende à leurs travaux, les rende à leur voyage;
Tel le héros troyen, en butte à tous les coups,
Laisse en paix la tempête épuiser son courroux.
Cependant, de Lausus gourmandant l'imprudence,
« Malheureux! où t'emporte une aveugle espérance?
Lui dit-il: ta tendresse égare ta valeur :

Mesure mieux ta force, et préviens ton malheur. »
Lausus n'écoute rien: son terrible adversaire

De moment en moment sent croître sa colère;

Parcæ fila legunt: validum namque exigit ensem
Per medium Æneas juvenem, totumque recondit.
Transiit et parmam mucro, levia arma minacis,
Et tunicam, molli mater quam neverat auro;
Implevitque sinum sanguis: tum vita per auras
Concessit mosta ad Manis, corpusque reliquit.

At vero ut voltum vidit morientis et ora,
Ora modis Anchisiades pallentia miris,
Ingemuit miserans graviter, dextramque tetendit;
Et mentem patriæ subiit pietatis imago.

« Quid tibi nunc, miserande puer, pro laudibus istis,
Quid pius Æneas tanta dabit indole dignum?
Arma, quibus lætatus, habe tua; teque parentum
Manibus et cineri, si qua est ea cura, remitto.
Hoc tamen infelix miseram solabere mortem;
Encæ magni dextra cadis (35).» Increpat ultro
Cunctantis socios, et terra sublevat ipsum,
Sanguine turpantem comtos de more capillos.

Interea genitor Tiberini ad fluminis undam Volnera siccabat lymphis, corpusque levabat,

4

Pluton attend Lausus au séjour infernal,

Et la Parque déja tient le ciseau fatal.
Trop foible pour le bras qu'irrite sa menace,
Son léger bouclier a trahi son audace :

Le héros, à travers son impuissant airain,
Plonge le fer mortel, et perce avec son sein
Sa riche cotte d'or, ouvrage de sa mère.

Sa vie alors s'enfuit comme une ombre légère;
Son sang coule, et, cessant d'animer ses ressorts,
Son ame avec regret abandonne son corps.

Dès que ses yeux ont vu pâlir ce beau visage,
Le héros consterné sent gémir son courage,
Étend vers lui sa main, et, les sens interdits,

Se souvient qu'il est père, en immolant un fils.

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Assemblage touchant de grandeur et de charmes!
Dit-il, ton ennemi répand sur toi des larmes.
Quel prix peut dignement payer tant de vertus?
Et comment consoler un héros qui n'est plus?
Ces armes, qui devoient, hélas! mieux te défendre,
Qui te charmoient vivant, je les donne à ta cendre.
Va, rejoins, j'y consens, tes illustres aïeux;
J'accorde à leur tombeau tes restes glorieux.
Enfin, pour adoucir ta triste destinée,

Souviens-toi que tu meurs des mains du grand Énéc, »
Il dit, remet aux siens cet objet de douleurs;
Lui-même il le soulève, et baigne encor de pleurs
Ce beau corps, ces beaux yeux privés de la lumière,
Et ces cheveux sanglants traînés dans la poussière.
Mézence cependant, près du Tibre étendu,
Contre un chène appuyé, de son sang répandu

Arboris adclinis trunco. Procul ærea ramis

Dependet galea, et prato gravia arma quiescunt.
Stant lecti circum juvenes : ipse æger, anhelans,
Colla fovet, fusus propexam in pectore barbam ;
Multa super
Lauso rogitat, multosque remittit
Qui revocent, moestique ferant mandata parentis.

At Lausum socii exanimem super arma ferebant Flentes, ingentem, atque ingenti volnere victum. Adgnovit longe gemitum præsaga mali mens; Canitiem multo deformat pulvere, et ambas Ad coelum tendit palmas, et corpore inhæret. << Tantane me tenuit vivendi, nate, voluptas, Ut pro me hostili paterer succedere dextræ, Quem genui? tuane hæc genitor per volnera servor, Morte tua vivens? Heu, nunc misero mihi demum Exsilium infelix! nunc alte volnus adactum!

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