Guidant des Lyciens les phalanges guerrières, Du vaillant Sarpédon s'avancent les deux frères; C'est Thémon, c'est Clarus: dignes de ces rivaux, Les deux Assaracus secondent leurs travaux. Acmon soutient l'honneur de Clytius son père, Et n'a point oublié que Mnesthée est son frère : Lyrnesse est sa patrie; heureux s'il peut venger Des murs que par Achille il a vu ravager! Des débris d'un rocher portant le poids immense, Tout prêt à le lancer, vers les murs il s'avance. Les pierres et les feux, les flèches et les dards, Et des murs et des tours pleuvent de toutes parts. Ascagne, au milieu d'eux affrontant la tempête, Sans casque, à tous les traits offre sa jeune tête, Et dans tout son éclat déploie aux yeux surpris Et la valeur d'Énée et les traits de Cypris. Un fil d'or, renouant ses tresses vagabondes, Sur les lis de son cou laisse flotter leurs ondes; Et sa vive blancheur n'en éclate que mieux : Tel, environné d'or, un rubis précieux D'une jeune beauté relève encor la grâce; Tel le brillant ivoire élégamment s'enchâsse Dans le noir térébinthe ou dans le buis doré. Vénus tremble en secret pour ce fils adoré. Là tu brillois aussi, toi, de qui la main sûre D'un trait empoisonné dirige la blessure, Ismare, digne sang des rois méoniens,
Digne élève de Mars, digne ami des Troyens ;
Adfuit et Mnestheus, quem pulsi pristina Turni Aggere murorum sublimem gloria tollit:
Et Capys; hinc nomen Campanæ ducitur urbi.
Illi inter sese duri certamina belli
Contulerant ; mediâ Æneas freta nocte secabat. Namque ut ab Evandro castris ingressus Etruscis Regem adit, et regi memorat nomenque genusque; (9 Quidve petat, quidve ipse ferat, Mezentius arma
Quæ sibi conciliet, violentaque pectora Turni,
Admonet; immiscetque preces : haud fit mora: Tarchon
Jungit opes, foedusque ferit. Tum libera fati
Classem conscendit jussis gens Lydia divûm,
Externo commissa duci. Æneïa puppis
Prima tenet, rostro Phrygios subjuncta leones:
Toi, que l'on vit pour eux déserter ta patrie, Où la riche nature et l'heureuse industrie Font rouler à la fois, dans de riches vallons Et l'or de son Pactole, et l'or de ses moissons. Près d'eux marche Capys, qu'avec orgueil avoue Pour son illustre auteur l'opulente Capoue. Enfin paroît l'honneur du sang de Memmius, Mnesthée, encor tout fier du combat de Turnus.
Tandis que l'on poursuit l'attaque et la défense, Au milieu de la nuit le chef troyen s'avance; Il vogue, il fend les mers. A peine des Toscans, Pour instruire Tarchon, il a franchi les camps, Sa noble loyauté, docile aux lois d'Évandre, A leur nouveau monarque avoit eu soin d'apprendre Son nom, sa nation, ses dangers, ses moyens, Les secours qu'aux Toscans demandent les Troyens, Quels sont ses ennemis, par quel vil subterfuge Mézence chez Turnus sut trouver un refuge, Ce que peut de Turnus la farouche valeur, L'inconstance du sort, et les droits du malheur. Énée à ces discours joint sa noble prière. Tarchon n'hésite pas sa nation guerrière, Scellant par un traité son heureuse union, S'allie avec plaisir aux enfans d'Ilion. C'est un chef étranger que veut la destinée : Pour l'envoyé du sort tous choisissent Énée. De leur brillante élite ils chargent ses vaisseaux ; Le héros, à leur tête, a volé sur les eaux.
Imminet Ida super, profugis gratissima Teucris.
Hic magnus sedet Æneas, secumque volutat Eventus belli varios: Pallasque, sinistro
Affixus lateri, jam quærit sidera, opacæ
Noctis iter, jam quæ passus terrâque marique.
Pandite nunc Helicona, Deæ, cantusque movete;
Quæ manus interea Tuscis comitetur ab oris
Ænean, armetque rates, pelagoque vehatur. Massicus æratâ princeps secat æquora Tigri :
Sub quo mille manus juvenum, qui moenia Clusi, Quique urbem liquêre Cosas, queis tela, sagittæ, Corytique leves humeris et letifer arcus.
Unå torvus Abas; huic totum insignibus armis Agmen, et aurato fulgebat Apolline puppis. Sexcentos illi dederat Populonia mater
Expertos belli juvenes : ast Ilva trecentos
Insula, inexhaustis Chalybum generosa metallis.
étale aux yeux les lions de Cybèle
En pompe sur son char conduisant l'immortelle ; Plus haut, l'Ida fixoit ses regards consolés, L'Ida si doux aux yeux des Troyens exilés. Là, leur chef est assis, méditant en silence Ce que peut sa valeur, ce que doit sa prudence. Pallas, à ses côtés, apprend de ce héros A lire dans les cieux sa route sur les flots, A diriger son cours sur la plaine profonde, A vaincre sur la terre, à naviguer sur l'onde.
O Muses! maintenant ouvrez-moi l'Hélicon; De ces nombreux guerriers apprenez-moi le nom; Dites de quels héros la glorieuse élite Accompagnoit Énée, et voguoit à sa suite. Massique est le premier : sur l'airain menaçant Sa proue offre aux regards un tigre rugissant: Mille jeunes guerriers, armés d'un trait rapide, De leur léger carquois, de leur arc homicide, Des murs de Clusium, des remparts de Cosas, Pareils d'âge et d'ardeur, le suivent aux combats. Le fier Abas y joint une brillante troupe : Un Apollon d'or pur resplendit sur sa poupe; Pour lui Populonie a tiré de son sein
De six cents combattans un généreux essaim. Ilva, qui des métaux est la mère féconde, Ilva, qui pour ceinture a l'empire de l'onde, Y joint trois cents guerriers exercés aux combats, Et fournit à la fois son fer et ses soldats.
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