>> Ulta virum pœnas inimico a fratre recepi. >> Felix, heu nimium felix! si littora tantuni >> Nunquam Dardaniæ tetigissent nostra carinæ. » Dixit, et os impressa toro : « Moriemur inultæ ? » Sed moriamur » ait « sic, sic juvat ire sub umbras. >>Hauriat hunc oculis ignem crudelis ab alto » Dardanus, et nostræ secum ferat omina mortis. >> Dixerat: atque illam media inter talia ferro Collapsam aspiciunt comites, ensemque cruore Spumantem, sparsasque manus. It clamor ad alta 'Atria concussam bacchatur fama : per urbem : Lamentis, gemituque, et foemineo ululatu Tecta fremunt : resonat magnis plangoribus æther. Non aliter quam si immissis ruat hostibus omnis Carthago, aut antiqua Tyros; flammæque furentes Culmina perque hominum volvantur, perque Deorum. Audiit exanimis; trepidoque exterrita cursu, Unguibus ora soror fœdans et pectora pugnis, Per medios ruit; ac morientem nomine clamat: «< Hoc illud, germana, fuit? me fraude petebas? » Hoc rogus iste mihi, hoc ignes, aræque parabant? Quid primum deserta querat? comitemne sororem Sprevisti moriens? eadem me ad fata vocasses, » Idem ambas ferro dolor, atque eadem hora tulisset. >> His etiam struxi manibus, patriosque vocavi >> Voce Deos; sic te ut positâ crudelis abessem? Lorsque Lorsque levant les yeux, ses femmes la virent étendue Aux mouvemens confus de ce peuple, à ce trouble, à cet effroi, Anne en pleurs, se frappant la poitrine, et courant épouvantée, Vole à sa sœur, cent fois la rappelle, et la nomme de son nom. << Les voilà donc dévoilés ces sombres desseins! tu me trompois! » Ces feux, ces autels, cette pompe affreuse étoit pour toi ! >> Sur ces bords que deviendra ta sœur solitaire et délaissée ? >> Ah! ne pouvois-je te suivreau tombeau? doutois-tu de mon cœur? » Pourquoi me taire, hélas ! ce fatal projet ? un même instant >> Par les mêmes douleurs et le même fer eût fini nos jours! » C'est donc par mes mains que tu fais dresser ton bûcher!barbare! » Lorsque tu presses ta soeur d'aller au temple invoquer nos Dieux, » C'est pour fuir mes soins! Ma funeste absence t'a perdue! » Toi, moi, tes remparts naissans, et ce peuple et cet empire! >> N'est-il plus de secours ! que je puisse au moins laver ses plaies! » Ah! si du moins un reste de vie, un dernier souffle erroit » Sur ses lèvres ! je veux l'y respirer, y coller les miennes ! >> En disant ces mots elle arrive, et s'élance comme un trait Sur ce théâtre de mort, voit sa sœur, court tomber à ses pieds, Tome IX. 8 >> Extinxti te meque, soror, populumque, patresque »Ore legam. » Sic fata, gradus evaserat altos, Tum Juno omnipotens, longum miserata dolorem Ergo Iris croceis per cœlum roscida pennis, Mille trahens varios adverso Sole colores, Devolat, et supra caput astitit : « Hunc ego Diti >> Sacrum jussa fero, teque isto corporo solvo. » Sic ait, et dextrâ crinem secat: omnis et una Dilapsus calor, atque in ventos vita recessit. a Dans son sein la réchauffe, la presse, et la baigne de ses pleurs : Des lambeaux de sa robe elle essuie, et veut imbiber les flots D'un sang noir qu'en vain ses soins s'efforcent d'étancher. Prête à succomber, Didon se ranime, et voulant la voir encore, Entr'ouvre à peine et referme soudain ses yeux appesantis. Son sang coule; sa voix, son haleine et sa force l'abandonnent: Sur son bras trois fois son corps se soulève avec effort, Trois fois roule et retombe: elle r'ouvre encor un œil errant, Cherche le jour, l'apperçoit encore, et s'afflige à sa clarté. L'immortelle Junon plaignit ces combats, cette mort lente, Ces efforts douloureux; et du haut des voûtes éternelles Sur les bords africains fit descendre Iris, pour affranchir L'âme de ses terrestres liens, pour l'aider à briser Des nœuds, qu'eût plus tard dénoués sans peine la vieillesse. C'est à la fleur de son âge, hélas! que Didon périt! Contre elle Aucun forfait jamais n'a pu des Dieux armer la justice. D'une bouillante et soudaine fureur victime volontaire, Ses mains, ses seules mains ont creusé sa tombe et Proserpine Lui laissant au front ce fatal cheveu, gage que respecte Même la mort, n'avoit point aux Enfers destiné leur proie. Iris dans les airs déployant ses ailes humectées, Dont le soleil dardant ses feux a nuancé le tissu, Vole, et s'arrête au fond du palais où la Reine lutte encore Contre la mort. « J'emporte ce gage à Pluton, et j'accomplis » L'ordre du Ciel. Tes fers sont rompus: sors de ta prison. >> Parlant ainsi, sa main enlève le fil. La chaleur cesse : L'âme se mêle aux vents, s'envole avec eux et Didon meurt. TRADUCTIONS D'HORACE. ODE 19 du 1". Livre. Mater sæva cupidinum, etc. Cruelle mère des Amours, Jeux bruyans, doux plaisirs, et toi Dieu de l'ivresse, Tyrans chéris de mes beaux jours, Vous voulez donc encor soumettre à la tendresse Un cœur qui s'en croyoit affranchi pour toujours. J'ai vu Glicère : j'idolâtre Ce teint dans sa première fleur, Plus éclatant, plus pur que le plus pur albâtre ; Qui fait naître un espoir si doux et si trompeur¡ Mon génie aujourd'hui tenteroit vainement Le Parthe qui combat, qui triomphe en fuyant, Vole, ami, reviens vite : apporte dans ces lieux Le sang de la victime appaisera les Dieux, |