Page images
PDF
EPUB

How many men have no other ground for their tenets, than the supposed honesty, or learning, or number, of those of the same profession. As if honest or bookish men could not err, or truth were to be established by the vote of the multitude: yet this with most men serves the turn. The tenet has had the attestation of reverend antiquity, it comes to me with the passport of former ages, and therefore I am secure in the reception I give it; other men have been, and are of the same opinion (for that is all is said) and therefore it is reasonable for me to embrace it. A man may more justifiably throw up cross and pile for his opinions, then take them up by such measures. All men are liable to errour, and most men are in many points by passion or interest, under temptation to it. If we could but see the secret motives that influenced the men of name and learning in the world, and the leaders of parties, we should not always find that it was the embracing of truth for its own sake, that made them espouse the doctrines they owned and maintained. This at least is certain, there is not an opinion so absurd, which a man may not receive upon this ground. There is no errour to be named, which has not had its professors and a man shall never want crooked paths to walk in, if he thinks that he is in the right way, wherever he has the footsteps of others to follow.

Ib. (IV, 20).

MONTAIGNE, Livre I, 23 (22).

[ocr errors]

Y a il opinion si fantasque y en a il de si estranges qu'elle [la coûtume] n'aye planté et estably par loix és regions que bon luy a semblé? (1580.) — J'estime qu'il ne tombe en l'imagination humaine aucune fantaisie si forcenée qui ne rencontre l'example de quelque usage public, et par consequent que nostre discours n'estaie et ne fonde. (1588.)

SPINOZA (1632-1677)

It may be objected, if man does not act from free will, what will happen if the incentives to action are equally balanced, as in the case of Buridan's ass? Will he perish of hunger and thirst? If I say that he would, I shall seem to have in my thoughts an ass or the statue of a man rather than an actual man. If I say that he would not, he then would determine his own action, and would consequently possess the faculty of going and doing whatever he liked. I am quite ready to admit, that a man placed in the equilibrium described (namely, as perceiving nothing but hunger and thirst, a certain food and a certain drink, each equally distant from him) would die of hunger and thirst.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ethics (Part I). Elwes' Translation.

MONTAIGNE, Livre II, 14.

C'est une plaisante imagination de concevoir un esprit balancé justement entre deux pareilles envyes: car il est indubitable qu'il ne prendra jamais party, d'autant que l'inclination et le chois porte inequalité de pris; et qui nous

logeroit entre la bouteille et le jambon, avec pareille envie de boire et de menger, il n'y auroit sans doute remede que de mourir de soif et de faim.

BOILEAU (1636-1711)

Pourquoi ces elephants, ces armes, ce bagage,
Et ces vaisseaux tout prêts à quitter le rivage?
Disoit au roi Pyrrhus un sage confident,
Conseiller très sensé d'un roi très imprudent.

-

Je vais, lui dit ce prince, à Rome où l'on m'appelle.
Quoi faire? L'assiéger-
- L'assiéger — L'entreprise est fort belle,
Et digne seulement d'Alexandre ou de vous:
Mais, Rome prise enfin, seigneur, ou courons-nous? —
Du reste des Latins la conquête est facile.
Sans doute, on les peut vaincre : est-ce tout? - La Sicile
De là nous tend les bras, et bientôt sans effort

[ocr errors]

Syracuse reçoit nos vaisseaux dans son port.

Bornez vous là vos pas? — Dès que nous l'aurons prise,
Il ne faut qu'un bon vent, et Carthage est conquise.
Les chemins sont ouverts; qui peut nous arrêter ?

Je vous entends, seigneur, nous allons tout dompter:
Nous allons traverser les sables de Lybye,
Asservir en passant l'Egypte, l'Arabie,

Courir de-là le Gange en de nouveaux pays,
Faire trembler le Scythe aux bords du Tanaïs,
Et ranger sous nos lois tout ce vaste hemisphère.
Mais, de retour enfin, que pretendez-vous faire ? —

Alors, cher Cinéas, victorieux, contents,

Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps,
Eh! seigneur, dès ce jour, sans sortir de l'Epire,
Du matin jusqu'au soir qui vous défend de rire ?1

MONTAIGNE, Livre I, 42.

Epitre I.

[ocr errors]

See citation under Bacon (Apophthegm 194), p. 42. [It is not uninteresting to note how much more poetical Montaigne's narrative is than that of Boileau. Compare "Pour me faire maistre de l'Italie,' respondit-il soudain,' with "Je vais, lui dit ce prince, à Rome où l'on m'appelle." And the summing up-"En fin, quand j'aurai mis le monde en ma subjection, je me reposeray et vivray content et à mon aise,"" how much finer than

Alors, cher Cinéas, victorieux, contents,

Nous pourrons rire à l'aise et prendre du bon temps"

where the gallant personal note is quite lacking; it was Montaigne's invention, he did not find it in Plutarch. Boileau's concluding couplet is singularly flat. His "Eh! seigneur does not tally with "Pour Dieu! sire, recharga lors Cineas. . . ."

[ocr errors]

Many pages of Montaigne when read between the lines reveal this delightful energy of emotion behind the simplicity of the phrase.]

1 See Plutarch, Life of Pyrrhus.

MADAME DESHOULIÈRES1 (1638-1694)

Que l'homme connoit peu la mort qu'il apprehende, Quand il dit qu'elle le surprende!

Elle naît avec lui, sans cesse lui demande

Un tribut dont en vain son orgueil se défend.

Il commence à mourir longtemps avant qu'il meure: Il périt en détail imperceptiblement :

Le nom de mort qu'on donne à notre dernière heure N'en est que l'accomplissement.

MONTAIGNE, Livre I, 20 (19).

Réflexions diverses. 1686.

Le premier jour de votre naissance vous achemine à mourir comme à vivre.

Qui y tomberoit [dans la vieillesse] tout à un coup, je ne crois pas que nous fussions capables de porter un tel changement: mais, conduicts par sa main [de la nature], d'une douce pente et comme insensible, peu à peu, de degré en degré, elle nous roule dans ce miserable estat et nous y apprivoise, si que nous ne sentons aucune secousse quand la jeunesse meurt en nous, qui est en essence et en verité une mort plus dure que n'est la mort de la vieillesse.

Pourquoy crains-tu ton dernier jour? Il ne confere non plus à ta mort que chascun des autres. Le dernier pas ne faict pas la lassitude, il la declaire. Tous les jours vout à la mort, le dernier y arrive

Quelque jeune qu'on soit, quand on a su bien vivre
On a toujours assez vécu.

Ib.

1 Bayle speaks of Mme Deshoulières as "un des plus solides et des plus brillants esprits du XVII siècle." Dictionnaire (Ovid: Rem. H).

« PreviousContinue »