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fermeté de sa conduite, que, jeune encore, la croix de Saint-Louis devient sa noble ré

compense.

L'auteur suit M. le Comte de Nazelle à travers les divers périodes de la révolution. Il le retrouve éloigné des affaires publiques, retiré daus sa terre, près de Châlons, et s'y livrant aux soins de l'agriculture, à cette époque déplorable, où l'honnête homme, n'ayant plus le pouvoir même de modérer le mal, devait, en attendant un meilleur avenir, s'envelopper de son manteau.

Depuis, et lorsqu'un nouveau gouvernement manifesta l'intention de ramener le le calme qui malheureusement ne devait être que le despotisme, M. de Nazelle fut pour ainsi dire forcé de reparaître sur la scène. Il avait cru se faire oublier, mais il n'y était point parvenu. Il était loin d'ambitionner aucune fonction publique, mais on l'y désirait, on l'y recherchait. Il fut nommé commandant de la Garde nationale de Châlons, membre du Conseil d'arrondissement et du Con

seil municipal. Par-tout, s'écrie M. Turpin, où l'on avait besoin de zèle, de dévouement, on réclamait M. de Nazelle.

L'orateur arrive au 4 février 1814, jour douloureusement mémorable pour la ville de Châlons. Cette cité, à qui la circonférence et la faiblesse de son enceinte ôte toute possibilité d'une résistance militaire, est cependant opiniâtrément défendue par une division française qui se trouve aux prises avec des forces dix fois supérieures. Tous les postes environnans sont enlevés; l'étranger est sous les remparts, la ville est impitoyable

ment bombardée.

Douze incendies, qu'un froid de dix degrés ne permet pas qu'on essaie même d'éteindre, éclatent simultanément et déploient leurs immenses ravages. Châlons touche à sa ruine; il va subir au milieu des flammes toutes les horreurs d'un assaut de nuit.

Dans cette extrémité, plusieurs Magistrats municipaux et quelques citoyens oublient leurs dangers personnels, s'arrachent à leurs familles, s'élancent à travers le feu des assiégeans et des assiégés, et d'accord avec les généraux Français, obtiennent une sorte de capitulation qui, sans finir nos misères, met du moins un terme à d'effroyables désastres. Il est presque superflu de dire, ajoute

M. Turpin, que le Comte de Nazelle faisait partie de ces courageux citoyens. Tel que nous l'avons connu, il était impossible qu'on ne le vit pas à leur tête ou au milieu d'eux.

celle

La journée du 2 juillet 1815 se présente plus périlleuse, plus sinistre encore que du 4 février 1814.

Par un mal-entendu, dont les commandans militaires sont les auteurs et les citoyens les victimes, la ville est prise et reprise trois fois dans la même matinée. Enfin, après une résistance aussi opiniàtre qu'inconsidérée, elle est emportée d'assaut; cet assaut est suivi du pillage.

Le Conseil municipal réuni à l'Hôtel-deville fait tous ses efforts pour arrêter cet épouvantable désordre. Là, M. le Comte de Nazelle déploie la plus grande énergie ; il s'expose à mille dangers. Plusieurs fois les sabres étrangers et même français sont levés sur sa tête. On dirait qu'il cherche la mort; il la brave du moins; il ne peut l'éviter.

Ce généreux citoyen donnait sur le perron de l'Hôtel-de-ville des ordres pour faire disparaître le drapeau tricolore dont l'aspect

exaltait encore la fureur des étrangers, lorsqu'un soldat russe qui cherchait, machinalement sans doute, une victime à sa colère, le perce d'un coup de lance.

Il n'a survécu que quelques heures à sa blessure. Ses collégues l'ont rapporté tout sanglant, et il est presque expiré, dans cette même enceinte, qui depuis a retenti de son éloge accueilli par les applaudissemens et les larmes de ses parens, de ses amis, de ses concitoyens.

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BOUTADE

A la vue d'une BRASSERIE qu'on ose établir sur les bords de la Marne, dans un lieu dit la CUVE, au pied des riches coteaux d'Ay et de Mareuil , par M. CORDA, associé correspondant.

COMME

OMME dans ces beaux lieux la Marne sinueuse Promène mollement son onde paresseuse !

Cet aspect la ravit... et ses flots amoureux
Avec plus de lenteur baignent des bords heureux.
Elle quitte à regret une riche campagne,

Et les rians coteaux, honneur de la Champagne,
Orgueilleux de produire un jus délicieux,

Ce nectar des mortels.... qui charmerait les Dieux;
Mais dans la même cuve où fermentait sa sève
Quel ignoble atelier insolemment s'élève !
Quel profane, outrageant le Dieu de ce canton,
S'efforce de flétrir son antique renom,

De malignes vapeurs ose obscurcir sa gloire,
Sur ce Dieu conquérant se promet la victoire,
Et des ris et des jeux veut débaucher l'essaim,
pense les fixer près d'un triste brassin ?
Le voilà construisant sa fabrique nouvelle,

Et

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