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et un sujet de méditations aux hommes qui se plaisent aux pensées graves et profondes. Dans cet exposé rapide, nous venons d'esquisser le plan du monument départemental que la Société se propose d'élever aux sciences naturelles. Nous en jetterons les premiers fondemens, et nous laisserons à nos successeurs le soin de le continuer et d'en poser le faîte. Nous trouvons un puissant encouragement dans la protection éclairée du premier Magistrat de ce département et dans la bienveillance et l'appui des autorités locales. Nous comptons avec une entière confiance, non-seulement sur le concours de nos associés correspondans, mais sur celui de tous les hommes éclairés qui pourront nous fournir des indications et des lumières, et qui croiront faire un sacrifice à l'avantage public en mettant quelques matériaux à notre disposition. Nous avons pour garant du succès de notre entreprise ce goût des choses utiles auquel ce pays doit déjà depuis trente ans d'importantes améliorations, et qui doit faire aujourd'hui de nouveaux progrès. C'est en effet aux arts de la paix et aux recherches qui s'y rallient, que les Français appliqueront

désormais cet esprit d'activité et d'émulation qu'ils ont montré avec tant d'éclat, mais trop long-tems, dans les arts de la guerre ; c'est ainsi que secondant les vues sages de notre Roi, nous cicatriserons les plaies encore saignantes de notre patrie, et que nous remplacerons une gloire trop périlleuse par des triomphes plus purs, plus utiles et plus durables.

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EXTRAIT DE LA NOTICE

SUR M.PHILIPPE-LOUIS-HÉRARD DUCAUZĖ, COMTE DE NAZEllb,

Ancien Capitaine au régiment du Roi-infanterie, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de SaintLouis, de l'Ordre royal de la Légion d'honneur, Commandant de la Garde nationale de Châlons, membre du Conseil municipal, de celui d'arrondissement, de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences, Arts, etc., du département de la Marne,

Lue par M. TURPIN.

LA ville de Châlons-sur-Marne a été exposée aux dangers les plus imminens, pendant les invasions de 1814 et 1815.

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Après la Providence, elle doit son salut au bon esprit de ses habitans. Ils ont su, dans ces momens terribles, se rallier avec la confiance la plus touchante autour de leurs Magistrats qui se sont adjoint plusieurs citoyens dévoués. Ces hommes chargés de con

jurer tant de périls, ont été dignes de leur mission. C'est par eux que la ville a été préservée de sa ruine. Aux premiers rangs de ces estimables citoyens, la reconnaissance place M. le Comte de Nazelle.

En 1814, on l'a vu, pendant tout le temps de l'invasion, multiplier ses services, réclamer les missions les plus difficiles, ainsi que les postes les plus périlleux.

En 1815, son dévouement lui a coûté la vie. Une mort aussi glorieuse donne au Comte de Nazelle une place à jamais mémorable dans les annales de notre cité, Il avait aussi d'autres titres bien respectables aux regrets de ses contemporains.

Né dans Châlons qu'il n'a quitté que pour entrer, comme ses ancêtres, dans la carrière des armes; issu d'une famille distinguée depuis plusieurs siècles par des actions d'éclat dans les fastes de la Monarchie; homme instruit; citoyen honorable; militaire décoré des croix de Saint-Louis et de la Légion d'honneur; le sentiment de sa perte s'est accru de ces motifs intéressans qui l'ont rendue plus amère encore.

La Société, dont M. de Nazelle était mem

bre, a chargé M. Turpin d'être l'interprète de ses regrets; elle ne pouvait mieux choisir. Condisciple, ami, voisin de M. de Nazelle, M. Turpin s'est aussi montré, aux jours de nos malheurs, le généreux émule de son dévouement. Il a puisé dans son propre cœur, les couleurs dont il a retracé la vie et la mort de son collégue.

M. Turpin raconte sommairement les belles actions qui, dès 1480, avaient honoré les ancêtres du Comte de Nazelle. La plupart ont péri au service de nos Rois. Il le peint appliqué lui-même dès son jeune âge, à l'étude des sciences, surtout de l'art militaire.

Nommé à treize ans sous-lieutenant au régiment du Roi-Infanterie, il s'y fait remarquer par les qualités les plus aimables et par son exactitude à remplir tous ses devoirs.

La France, dit M. Turpin, jouissait alors d'une paix profonde; les momens d'épreuve

allaient arriver. Une insurrection éclate en 1790 dans les troupes qui composent la garnison de Nancy. Le corps des officiers du régiment du Roi se trouve dans la position la plus critique. Le Comte, alors Chevalier de Nazelle, se distingue tellement par la

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