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SÉANCE PUBLIQUE

DE LA

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE

COMMERCE, SCIENCES ET ARTS

DU DÉPARTEMENT DE LA MARNE, Tenue à Châlons le 26 août 1816.

DISCOURS

Prononcé à l'ouverture de la Séance, pav M. le Baron DE JESSAINT, Commandeur de l'Ordre royal de la Légion d'honneur, Préfet du département de la Marne, Président-né de la Société.

MESSIEURS,

LA FRANCE depuis long-temps agitée par des crises politiques qui avaient épuisé une partie de ses ressources et de sa population, commençait à peine à voir renaître, sous le

règne du meilleur des Rois, des jours a es pérance et de bonheur, que la plus funeste et la plus imprévue des catastrophes vînt détruire les bases naissantes de sa régénération, anéantir tout le bien que la sagesse avait opéré dans le cours d'un règne de onze mois, arracher l'appareil bienfaisant mis sur les plaies causées par une première invasion, y replonger de nouveau le fer, et enfin frapper tous les esprits d'un tel sentiment de terreur et de consternation, qu'on pût douter si ce beau Royaume pourrait encore revoir son Roi, et avec lui les jours de bonheur dont nous avions entrevu l'aurore.

La Providence qui maîtrise les événemens nous a encore une fois tiré de cet affreux abîme; LOUIS XVIII est venu de nouveau s'asseoir sur le trône de ses ayeux, et recevoir les hommages de la joie publique qu'inspirait son retour. Ces témoignages de dévouement seront invariables, la douloureuse expérience du passé resserre encore les liens qui unissent le Peuple français à un Monarque si digne d'être aimé.

Mais à ce doux sentiment se mêle malgré nous le pénible souvenir des maux que deux

invasions ont fait peser sur la France, et particulièrement sur ce département, devenu par sa position le théâtre de la guerre : en proie à tous ses fléaux, il n'a pu y opposer que sa constance, son dévouement et des efforts extraordinaires qui l'ont réduit à un état d'épuisement dont il est inutile de retracer le tableau déchirant, parce que vous avez été vous-mêmes, Messieurs, spectateurs et victimes de ces désastres publics.

Mais, sous la protection tutélaire du plus sage et du plus éclairé des Monarques, quels que grands que soient les maux dont la France a été accablée, nous verrons renaître tous les beaux jours de la Monarchie, l'énergie de ses habitans, et nous trouverons dans notre sol et notre industrie, des ressources suffisantes pour soutenir la dignité du Trône et nous montrer fidèles à nos engagemens.

Les Sociétés savantes sont plus que jamais appelées à concourir par tous leurs moyens et leurs efforts à rouvrir les sources vivifiantes de la France. Vous répondrez, Messieurs, à cet appel honorable.

Rien dans le domaine si vaste des connaissances humaines n'est étranger à vos travaux;

plusieurs de vous cultivent avec honneur les sciences mathématiques et physiques si satisfaisantes pour l'esprit, en même temps qu'elles procurent tant de résultats utiles pour l'industrie, le commerce et les divers usages de la vie; d'autres se livrent avec ardeur à l'étude de la nature, aussi variée dans ses productions qu'elle est infinie, et ajoutent par leurs recherches aux découvertes des savans qui les ont précédés ou de ceux qui concourent avec eux aux progrès de la science. Les lettres et les beaux-arts qui embellissent la vie, réunissent aussi dans cette enceinte des hommes qui déjà ont obtenu de glorieux succès; enfin un grand nombre travaillent à perfectionner le premier, le plus utile des arts; ils savent que l'agriculture compose la plus grande comme la plus solide richesse de tous les Etats. C'est en effet dans son sol que la France trouve ses immenses ressources; elles sont inépuisables parce que la nature ne se lasse jamais de produire; mais l'art de cultiver les augmente, et cet art s'agrandit chaque jour par l'observation, par l'expérience.

Continuez donc, Messieurs, vos recherches sur les améliorations que peut recevoir

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