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L'homme naît ignorant de tout: mais cet être faible et chétif, qui ne présente d'abord que les phénomènes de l'animalité, porte en lui la capacité de l'intelligence et de l'amour. Qu'une parole vivante et virtuelle le pénètre, l'ame endormie se réveillera, et l'être spirituel, caché sous l'enveloppe grossière du corps, se manifestera par le développement graduel de ses facultés. Chaque degré, chaque période demande une nourriture differente; et la nourriture de l'esprit, c'est la parole de la doctrine, c'est l'instruction. Les divers objets d'étude sont donc indiqués par l'ordre de la manifestation des facultés. C'est donc le développement psychologique de l'homme, c'est la nature elle-même qui prescrit le plan le plus convenable pour son instruction.

La mère est le premier instituteur de l'enfant. C'est elle qui réveille son ame par la tendresse de son regard, et ce réveil de l'ame humaine est amour, manifestation de l'amour.... Le premier sourire de l'enfant, ses premières caresses sont les signes du développement spirituel commencé et qui s'effectue en lui.

La langue maternelle est l'étude de cet âge. L'enfant apprend à parler, parce qu'il a besoin de poser audehors ce qui est en lui, ce qu'il reçoit à tout instant; car il est comme un vase ouvert à toutes les influences de la nature, et sa mère l'excite continuellement par son regard et sa parole. Il est donc porté à réagir par tous ses organes vers elle de lå le langage spontané et naturel du regard, du mouvement, de la voix inarticulée, qui, plus tard, devient parole.

L'enfant parle il conçoit donc le sens de la parole; il reconnaît ce qu'il a vu, répète ce qu'il a entendu : il a donc mémoire; les images des objets extérieurs se fixent dans la sphère de son entendement, et ici

commence une nouvelle periode de son existence. I se détache de la nature dans laquelle il était confondu jusqu'alors; il se distingue des êtres qui l'entourent. L'objet qui lui échappe par son éloignement, ou le repousse par sa résistance, la parole de défense qui s'oppose à sa volonté, determinent en lui le sentiment du moi et du non moi; et l'opposition du dehors le refoulant sur lui-même, et le portant à réfléchir et à se réfléchir, il acquiert la conscience de sa personnalité.

....

Que de progrès dans l'enfant dès que la conscience de son existence est posée !.... Il établit des relations de lui aux objets, et des objets à lui et entre eux; et, pour les exprimer, il s'efforce de lier les mots que jusque là il prononçait isolément. Il conçoit, ou plutôt il pressent le sens du verbe ; . il sent qu'il est en face d'un monde d'objets, et qu'un monde d'objets eriste en face de lui. C'est alors qu'il devient capable de la lecture et de l'écriture; puis de l'enseignement de la grammaire, qui lui apprend à faire avec connaissance ce qu'il faisait d'abord par imitation; et enfin de l'étude des langues, qui devient plus étendue et plus approfondie à mesure que la mémoire se forme, que l'entendement s'élargit, que la raison devient plus active et plus forte.

L'enfant arrive à l'adolescence: autre période de sa vie. Des besoins nouveaux réclament une nourriture analogue, et de là de nouveaux objets d'étude et d'instruction.

Le corps approche du terme de sa croissance, le sang a plus de chaleur et de mouvement, les sens sont plus irritables; et l'homme qui sera bientôt apte à se reproduire, commence à sentir la surabondance de la vie.

L'esprit ne veut plus seulement des amusemens et des distractions ;.sa curiosité est moins superficielle;

les sensations grossières des appétits ne lui suffisent plus.... un sens nouveau se réveille : c'est le goût de la beauté, qui lui promet des jouissances plus pures et plus délicates. Les études de memoire lui paraissent alors sèches et mortes; il lui faut des tableaux vivants, du mouvement, du sentiment, de la vie. Le règne de l'imagination commence.

Comment decrire l'exaltation de l'adolescence, cet état romantique que tout homme éprouve plus ou moins, suivant la pureté de son ame? c'est la fleur de la vie; et, comme toutes les fleurs, elle ne dure qu'un moment; mais sa douce odeur se conserve dans le souvenir, et elle réjouit encore de son parfum la saison glacée de la vie.

Le jeune homme éprouve des émotions toutes nouvelles, des désirs dont il ne connaît ni la source ni l'objet. Un besoin vague de quelque chose plus vague encore l'agite; ses pensées prennent une direction mystérieuse, et je ne sais quelle teinte indécise et melancolique. Les plaisirs bruyans ne l'attirent plus comme autrefois; il aime à rentrer en lui-même, à se recueillir; il réfléchit, imagine, rêve; et, surpris dans sa rêverie, interrogé sur ce qui l'occupe, il ne sait que répondre il s'ignore lui-même, et ce qui se passe en lui. Plus d'une fois il fait effort pour se retirer d'un état qui l'étonne et lui parait un état de langueur. Il veut retourner à ses jeux, à ses études accoutumées; mais il n'y retrouve plus le même charme, et les uns et les autres lui paraissent fades et arides. Que faire ?.... Le sait-il ?.... Il se laisse aller sans goût ni intérêt au cours ordinaire de la vie qui lui semble monotone et vulgaire; mais quand il peut trouver la solitude et le silence, il retombe bientôt dans le monde qu'il s'est créé lui-même ou qu'il imagine. La nature surtout l'attire avec force: il aime à être seul en face d'elle, au milieu d'elle,

commence une nouvelle période de son existence. Il se détache de la nature dans laquelle il était confondu jusqu'alors; il se distingue des êtres qui l'entourent. L'objet qui lui échappe par son éloignement, ou le repousse par sa résistance, la parole de défense qui s'oppose à sa volonté, déterminent en lui le sentiment du moi et du non moi; et l'opposition du dehors le refoulant sur lui-même, et le portant à réfléchir et à se réfléchir, il acquiert la conscience de sa personnalité.

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Que de progrès dans l'enfant dès que la conscience de son existence est posée !.... Il établit des relations de lui aux objets, et des objets à lui et entre eux; et, pour les exprimer, il s'efforce de lier les mots que jusque là il prononçait isolément. Il conçoit, ou plutôt il presse le sens du verbe ; il sent qu'il est en face d'un monde d'objets, et qu'un monde d'objets eriste en face de lui. C'est alors qu'il devient capable de la lecture et de l'écriture; puis de l'enseignement de la grammaire, qui lui apprend à faire avec connaissance ce qu'il faisait d'abord par imitation; et enfin de l'étude des langues, qui devient plus étendue et plus approfondie à mesure que la mémoire se forme, que l'entendement s'élargit, que la raison devient plus active et plus forte.

L'enfant arrive à l'adolescence: autre période de sa vie. Des besoins nouveaux réclament une nourriture analogue, et de là de nouveaux objets d'étude et d'instruction.

Le corps approche du terme de sa croissance, le sang a plus de chaleur et de mouvement, les sens sont plus irritables; et l'homme qui sera bientôt apte à se reproduire, commence à sentir la surabondance de la vie.

L'esprit ne veut plus seulement des amusemens et des distractions; sa curiosité est moins superficielle ;

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les sensations grossières des appétits ne lui suffisent plus.... un sens nouveau se réveille : c'est le goût de la beauté, qui lui promet des jouissances plus pures et plus délicates. Les études de mémoire lui paraissent alors sèches et mortes; il lui faut des tableaux vivants, du mouvement, du sentiment, de la vie. Le règne de l'imagination commence.

Comment décrire l'exaltation de l'adolescence, cet état romantique que tout homme éprouve plus ou moins, suivant la pureté de son ame? c'est la fleur de la vie; et, comme toutes les fleurs, elle ne dure qu'un moment; mais sa douce odeur se conserve dans le souvenir, et elle réjouit encore de son parfum la saison glacée de la vie.

Le jeune homme éprouve des émotions toutes nouvelles, des désirs dont il ne connaît ni la source ni l'objet. Un besoin vague de quelque chose plus vague encore l'agite; ses pensées prennent une direction mystérieuse, et je ne sais quelle teinte indécise et mélancolique. Les plaisirs bruyans ne l'attirent plus comme autrefois; il aime à rentrer en lui-même, à se recueillir; il réfléchit, imagine, rêve; et, surpris dans sa rêverie, interrogé sur ce qui l'occupe, il ne sait que répondre il s'ignore lui-même, et ce qui se passe en lui. Plus d'une fois il fait effort pour se retirer d'un état qui l'étonne et lui parait un état de langueur. Il veut retourner à ses jeux, à ses études accoutumées; mais il n'y retrouve plus le même. charme, et les uns et les autres lui paraissent fades et arides. Que faire ?.... Le sait-il ?.... Il se laisse aller sans goût ni. intérêt au cours ordinaire de la vie qui lui semble monotone et vulgaire; mais quand il peut trouver la solitude et le silence, il retombe bientôt dans le monde qu'il s'est créé lui-même on qu'il imagine. La nature surtout l'attire avec force: il aime à être seul en face d'elle, au milieu d'elle,

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