Page images
PDF
EPUB

Votre correspondant, M. CHALETTE, vous a aussi remis une note, dans laquelle il vous apprend que M. Witas, lieutenant-colonel en retraite, a semé dans sa propriété de La Chappelle, quelques grains de seigle qu'il avait rapportés de Pologne ou de Russie. Il en est résulté des épis nombreux, pleins de sève et bien nourris. Vous avez pu remarquer, par les échan tillons qui vous ont été présentés, que la force des tiges est en rapport avec le poids qu'elles ont à supporter; vous ne pouvez qu'engager M. Witas à vouloir bien se livrer à de nouveaux essais, et à vous en faire parvenir les résultats.

M. CHALETTE, dans la persuasion où il est que l'ajonc ou jonc marin réussirait et prospérerait dans les limons du canton de Montmort et dans les terrains analogues, a engagé M. Witas à cultiver cette plante, qui, dans ces contrées où les fourrages sont assez rares, deviendrait une ressource pour la nourriture des boeufs et des vaches. Vous espérez que M. Chalette et M. Witas vous feront connaître jusqu'à quel point, dans cette entreprise, on peut compter sur le succès et quel a été le résultat de cette tentative.

Un pays dont la principale richesse consiste dans le produit de ses vignobles, doit apporter les plus grands soins, non-seulement dans la culture de la vigne, mais aussi rechercher et adopter avec empressement la méthode la plus avantageuse pour la manipulation et la confection des vins.

Déjà, dans votre séance publique de 1822, j'ai eu l'honneur de vous entretenir de l'appareil Gervais, et de vous annoncer qu'il n'améliorait pas plus les vins que tout autre couvercle adapté aux cuves, où se passe la fermentation vineuse. Quoique des négocians et des

propriétaires lui contestent une partie de l'utilité que son auteur lui attribue, plusieurs de nos correspon dans et divers œnologistes de ce département, qui ont fait usage de cet appareil, lui accordent de grands nombre est M. Moreau, propriétaire avantages; de ce et pharmacien à Ay. L'habitude que son art lui donne de préparer et de manier toutes sortes d'appareils, l'a mis à même de réduire à sa juste valeur celui de M.le Gervais. Remarquant que son prix élevé et sa complication en rendent l'usage moins familier, dans un mémoire qu'il vous a adressé, il propose un appa reil plus simple.

La Commission que vous aviez chargée de vous faire connaître ce mémoire, et particulièrement l'appareil qui consiste en un tuyau de sept à huit pieds de longueur, adapté par une de ses extrémités au couvercle bien luté de la cuve, où se passe la fermentation vineuse, et venant aboutir dans un vase rempli d'eau, votre Commission, dis-je, a jugé que cet appareil moins dispendieux, d'un usage plus facile, et dégagé d'un entourage scientifique inutile, méritait la préférence, puisqu'il remplit le même but et produit les mêmes effets. Comme l'appareil Gervais, il ôte aux raisins renfermés dans la cuve toute communication avec l'air extérieur; il conserve l'acide carbonique, qui ne peut se dégager qu'après avoir vaincu la résistance que lui oppose la colonne d'air qui le comprime de tout son poids; en un mot, il concentre et conserve tous les produits fixes et volatils de la fermentation vineuse, qui, réagissant perpétuellement les uns sur les autres, se combinent plus intimement avec le moût, lui communiquent au plus haut degré les qualités du raisin sur lequel on opère, et lui donnent plus d'arôme, plus de parties colorantes, plus d'alcool, plus de vinosité, qualités précieuses à conserver,

particulièrement dans les contrées qui produisent des vins légers.

En se livrant à l'examen de l'appareil MOREAU, vos Commissaires ont pensé que peut-être on pourrait le simplifier lui-même, en remplaçant le tuyau par une soupape ou clapet qui seraient fixés par une force suffisante pour inlercepter la communication de l'air extérieur, concentrer les produits de la fermentation, et cependant susceptibles de se soulever pour donner issue à l'excès de gaz acide carbonique, et prévenir ainsi la rupture des vaisseaux employés à la fabrication des vins.

Le Comice agricole de l'arrondissement de Châlons, avec lequel vos relations deviennent de jour en jour plus intimes, vous a fait, cette année, plusieurs propositions également importantes et pour notre agriculture et pour notre industrie. Notre collègue, M. GODART, vous a adressé, au nom de l'association dont il est vice-président, un rapport sur la double tonte des moutons. A ce rapport était joint un mémoire explicatif des résultats de son opération. Vous vous êtes demandé dès-lors, si la double tonte des moutons dans ce département n'altérerait pas la santé des animaux ? si par cette pratique, on pourrait espérer procurer à nos laines les qualités de celles de Saxe (qui proviennent de deux tontes) si recherchées par nos manufacturiers pour la fabrication des draps et des étoffes, tels que notre industrie est obligée de les faire pour pouvoir soutenir avec quelqu'avantage la concurrence des produits des fabriques anglaises ? si enfin le prix de ces laines dédommagerait le proprié taire des soins et de l'excédant des dépenses auxquelles il se pourrait qu'il fût engagé, si par suite de l'intempérie des saisons, il était obligé de nourrir à l'étable. Ici, comme en toutes choses, le temps et

l'expérience peuvent seuls donner la solution de ces questions. Cependant, dans une semblable matière, on peut, au moins vous l'avez pensé, se livrer à quelques réflexions, établir quelques principes propres à encourager les propriétaires de troupeaux à tenter cette opération. Dans l'intérêt de l'agriculture, il ne faut pas la rejeter; au contraire, il faut l'étudier et s'y livrer. Elle ne pourra être définitivement jugée que par les résultats de nombreuses expériences comparatives faites avec soin et intelligence sur des animaux de diverses races, mais aussi de l'emploi également comparé des laines d'un an ou de six mois, pour la fabrication des étoffes. On ne peut vraiment pas conclure, de quelques essais malheureux ou incomplets, que cette pratique soit plus nuisible qu'avantageuse. En effet, ne pourrait-on pas donner comme très-probable que des laines de six mois seront moins chargées de suint et de surge; qu'ainsi, à l'avantage de pouvoir être lavées plus facilement, elles en joindront un bien plus grand encore, celui d'un déchet peu marqué après le lavage. Peut-être aussi que, s'il était reconnu que ces laines continssent moins de matières étrangères, la Chimie découvrirait-elle un procédé plus simple et moins dispendieux, qui permettrait aux propriétaires de laver et de vendre leurs laines en blanc, tandis que, jusqu'à présent, ils sont dans une ignorance complète sur le véritable poids des laines après le lavage, et demeurent ainsi à la discrétion du fabricant.

Déjà des expériences consignées dans les Annales d'agriculture d'Indre-et-Loire, annoncent que les laines de six mois ont la même force et la même élasticité que les laines d'un an.

Dans cet état de choses, Messieurs, il vous a paru sage et même nécessaire de faire un appel à vos

[ocr errors]

correspondans dont le zèle, pour tout ce qui peut concourir à la prospérité de ce Département, a été plus d'une fois mis à l'épreuve.

Vous avez reçu, du plus grand nombre, des réponses dans lesquelles ils vous annoncent que l'opération de la double tonte leur parait trop hasardeuse pour être tentée; mais quelques-uns devant se livrer à cette pratique, vous avez pensé que vous ne pourriez résoudre ce problème important que lorsque ceux de nos Collègues, qui doivent tenter l'expérience, vous en auront fait connaître les résultats.

Notre collègue, M. GODART, vous a promis aussi de vous donner, à ce sujet, tous les renseignemens qu'il attend de la générosité et du patriotisme d'un des plus honorables manufacturiers de la France.

Consultés par le Comice agricole de l'arrondissement de Châlons, sur l'emploi des cendres sulfureuses des montagnes de Reims et d'Épernay, vous avez pensé, avec la Commission spéciale que vous aviez nommée pour éclairer cette question, qu'il fallait vérifier, 1.° si réellement les plantes dont la végétation a été trop rapide par l'effet de ce stimulant, contiennent une moins grande quantité de principes nutritifs que celles qui ont végété sous l'influence des engrais ordinaires ; 2.o si ces mêmes plantes peuvent absorber et conserver jusqu'à parfaite dessication les principes excitans et irritans qui pourraient leur être communiqués par les cendres; 3.o enfin, si les vapeurs sulfureuses qu'exhale cet engrais, en se conservant long-temps sur les prairies, sont assez fortes pour tuer les abeilles, et si c'est à cette cause qu'on doit attribuer la grande diminution de ce précieux insecte, diminution qu'on remarque être encore plus considérable depuis quelques

années.

« PreviousContinue »