Page images
PDF
EPUB

est simple; c'est une émanation de l'ame, qui parle à l'ame. Mais ses principaux caractères ne se refusent pas aux recherches de l'analyse. Le premier caractère de l'éloquence est l'universalité, par ce que l'ame étant partout et toujours la même, est partout et toujours émue de ce qui est vraiment éloquent.

L'éloquence! nous la retrouvons dans ces ruines, ces restes des anciens monumens qui reportent l'immagination à ce moyen âge, mélange de servitude et de grandeur, de rudesse et de galanterie, de licence et d'esclavage, qui n'apparaît enfin que revêtu du casque chevaleresque orné de l'écharpe amoureuse et chargé des fers de la féodalité; aussi les recherches archéologiques ont-elles un attrait puissant qui partout les fait suivre avec ardeur.

Au nombre des notices intéressantes qui vous ont été communiquées à ce sujet, vous devez compter celles de vos membres correspondans, MM. DHERBEZ., PoVILLON-PIERRARD et JACOB-KOLB

M. D'HERBEZ entreprend un grand travail sur les étymologies des noms de lieux, à l'aide desquelles il espère découvrir des renseignemens précieux pour T'histoire générale et particulière: on ne peut trop encourager un travail aussi conjectural que pénible.

M. POVILLON-PIERRARD Vous a communiqué la Des-cription d'un tombeau, découvert à Brimont près Reims, sur lequel les savans ont discuté longtemps, et sur lequel il présente de nouvelles conjectures.

Je vous ai fait un rapport sur diverses notes archéologiques de M. JACOB-KOLB, et notamment sur Bibrax, ancienne ville de la Gaule, qui a l'honneur de figurer, avec son nom gaulois, dans les Commentaires de César, et que quelques antiquaires pensent être la ville de Laon.

M. JACOB-KOLB, par une délicatesse que vous savez

apprécier, et qui du moins ne nuira en rien au públic, réserve le fruit de ses recherches sur les antiquités de Reims, pour en enrichir les Essais historiques sur cette ville, qui se publient maintenant sous la protection éclairée de M. le Maire, et qui ne peuvent manquer d'obtenir un grand succès, puisqu'ils en réunissent tous les élémens, des matériaux d'un haut intérêt, et d'habiles architectes pour les mettre en œuvre.

Au nombre des ouvrages imprimés dont vous avez reçu l'hommage, se place honorablement la Théorie du Paysage et l'Histoire de l'Art du paysage, par M. DEPERTHES, notre compatriote; vous sentez, Messieurs, que ces deux traités, ouvrages d'un homme de goût, qui a fait une étude particulière du sujet qu'il développe ; que ces deux traités qui ont reçu l'approbation de l'Académie royale des Beaux-Arts et les éloges mérités de l'Institut, n'ont pas besoin d'éloges nou¬ veaux. Vous vous êtes empressés d'associer leur auteur à vos travaux, en lui décernant le titre de membre correspondant.

La Poësie est aussi venue se mêler à vos occupa¬ tions; elle ne vient que comme un accessoire aimable que l'on ne cherche pas, mais aussi que l'on rencontre avec plaisir,

M. DEFERAUDY vous a fait hommage d'un recueil de Fables, et les a, de votre agrément, dédiées à cette Société, qui déjà l'avait admis au nombre de ses mem~ bres correspondans, et lui avait décerné une mention honorable au dernier concours sur l'Emploi des Loisirs du Soldat français.

M. PEIN nous a donné lecture d'une jolie comédie en un acte et en vers, reçue au théâtre de l'Odéon, intitulée le Déménagement de La Fontaine, dont vous entendrez des fragmens dans cette séance,

Nous avons, cette année, Messieurs, à déplorer la perte de deux de nos collégues, M. CORBINEAU, meni bre titulaire, M. HARMAND DE MONTGARNY, membre correspondant.

Le Baron Marie-Louis-Hercule-Hubert CORBINEAU, officier de la Légion d'honneur, receveur général des finances du département de la Marne, fut porté, jeune encore, par la révolution, au milieu des camps, où sa bravoure lui fit obtenir un avancement rapide. A la bataille de Wagram il eut la cuisse droite amputée sur le champ de bataille, à la tête du premier régiment des Chasseurs de la garde, dont il était colonel-major; là dut se borner sa carrière militaire, une nouvelle carrière s'ouvrit pour lui, celle des finances. Nommé receveur général à Rouen, puis à Châlons, il avait l'intention de se fixer dans notre département, et de s'y livrer plus particulièrement à l'éducation des che→ vaux, lorsqu'une mort prématurée est venue l'enlever, le 5 avril dernier, à l'âge de quarante-trois ans.

Le D.' Jean-Baptiste-Tite HARWAND DE MONTGARNY, d'abord élève distingué au collège de Châlons, pharmacien habile à l'armée d'Espagne, fut, à la paix, et lors de l'organisation des hôpitaux militaires d'instruc tion, placé, en qualité de pharmacien de 3. classe, au Val-de-Grâce à Paris. Là il se fit distinguer par son zèle et par son ardeur pour l'étude; il obtinț un premier prix au concours, se livra ensuite dans cet établissement à l'étude de la médecine, et présenta, en 1818, à la Faculté de médecine de Paris, pour y obte nir le grade de docteur, un Essai de Toxicologie, con sidérée dans ses rapports avec la Physiologie hygiénique et pathologique, et avec la jurisprudence médicale. Cet ouvrage a été analysé par plusieurs journaux de mé decine qui en ont fait l'éloge. Depuis, le jeune docteur était devenu un des collaborateurs du journal universel

[ocr errors]

des sciences médicales, et faisait à Paris des cours publics de physique at de chimie médicale. La science fait en lui une perte bien sensible.

Vous aviez une place de membre titulaire non résidant, vacante dans l'arrondissement de Reims ; M. RuiNART DE BRIMONT, maire de Reims, a réuni tous vos suffrages sous le triple rapport de négociant, de magistrat et d'ancien député de la Marne.

Vous avez admis au nombre de vos membres correspondans,

M. PAGEZY DE BOURDELIAC, capitaine au Corps royal d'Etat-major, chevalier de Légion d'honneur;

M. le docteur BEGIN, médecin à Paris,

Auteurs des Mémoires qui ont partagé la médaille au concours ouvert sur la question de l'Emploi des Loisirs du Soldat français en temps de paix;

M. DEVERE, capitaine d'Etat-Major, mentionné honorablement au même concours. Il vous a fait hommage d'une Notice sur la Croatie militaire, pleine d'intérêt, et de faits dignes d'être recueillis ;

M. DEFERAUDY, ancien officier supérieur au Corps. royal du Génie, chevalier de Saint-Louis, etc., mentionné honorablement au même concours; il est aussi auteur de Fables ingénieuses où l'on trouve une morale pure, une douce philosophie, et des vers heureux.

MM. les docteurs DELEAU, BOISSEAU et JOURDAN, MM. RADOUAN, BARROIS de Bouët, DEPERTHES et L. GIBON, des travaux desquels j'ai déjà eu l'honneur de Vous entretenir.

Au nombre de vos travaux annuels il faut compter la tâche si douce que vous vous êtes imposée en ouvrant des concours, de juger les divers mémoires qui vous sont adressés en réponse à votre appel.

Une Statistique du canton de Fismes, modestement intitulée Essai, a surtout fixé votre attention, par l'étendue des recherches qu'elle ́ suppose, le nombre varié des renseignemens qui s'y trouvent, les détails de localité qui l'enrichissent. Il n'est pas toujours facile de mettre un ordre bien régulier, un ensemble bien suivi dans cette sorte de travail; aussi faut-il être indulgent si, par fois, on trouve quelque confusion dans cet ouvrage. Vous lui avez décerné une médaille de première classe.

Vous aviez mis au concours la question suivante : « La Société, au nom de laquelle une accusation est ⚫ intentée, ne devrait-elle pas une indemnité à l'accusé que la justice absout? En cas d'affirmative, examiner <«<les motifs qui ont fait maintenir en France une législation contraire, et indiquer les dispositions qui pourraient modifier cette législation en conciliant « l'intérêt de la société avec l'intérêt des accusés. >>

[ocr errors]
[ocr errors]

Parmi les mémoires qui vous sont arrivés, vous avez regretté de ne point trouver d'ouvrage assez marquant pour décerner la couronne. Trois cependant ont attiré plus particulièrement votre attention, un soutient la négative, c'est le n.o 1.er, deux l'affirmative, ce sont les n.os 4 et 5. Vous avez décerné à chacun d'eux une mention honorable (*). Ces trois

(*) A M. Auguste VIVIEN, avocat à la Cour royale d'Amiens, auteur du mémoire coté sous le n.o 5, et portant pour épigraphe : Instituée pour la réparation des torts, la justice voudrait-elle que les siens fussent privilégiés? J. BENTHAM.

2.0 A M. L. A. de S.-J. DE COLMONT, de Paris, auteur du mémoire n.o 1.er, portant pour épigraphe :

[blocks in formation]

3.o A M. BOUCHENÉ-LEFER, avocat à la Cour royale de Paris, au Leur du mémoire coté n.° 4, ayant pour épigraphe :

Les progrès de la Philosophie sont lents mais infaillibles.

SERVAN.

« PreviousContinue »