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trueux, dispersés sur la surface de la terre, vont bâtir des villes, creuser des canaux, fertiliser la terre, créer des manufactures qui pourvoient aux besoins et aux agréments de la vie, couvrir les mers de vaisseaux, graver les tables de lois, et forger le fer des combats. Qui ne connaît ou plutôt qui n'a entendu parler des merveilles des arts en Egypte, sous les Pharaon, en Judéc, en Judéc, sous Salomon? Des savants n'ont-ils pas trouvé dans les livres des Chinois et des Indiens, et dans les débris de leurs vieux monuments, des preuves de leurs progrès étonnants dans toutes les sciences, et particulièrement dans celle d'observer le cours des astres?

Que de témoignages à jamais regrettables de l'éternelle et puissante fécondité de l'esprit humain n'ont pas été engloutis par le torrent des âges, par les révolutions des empires, par ce fameux incendie de la bibliothèque d'Alexandrie! Les orateurs, les poëtes, les historiens de l'âge présent ont atteint la plus haute renommée, lorsqu'ils ont mérité d'ètre comparés aux orateurs, aux poëtes, aux historiens des beaux temps de la Grèce çt de Rome; et ceux-ci avaient sans doute,

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dans les temps plus reculés, des modèles qu'ils s'honoraient d'imiter et de surpasser. Quand le ciseau des Phidias, quand le pinceau des Praxitèle animaient le marbre et la toilé ces grands artistes ne faisaient que relever l'honneur de la sculpture et de la peinture connues bien long-temps avant eux, mais tombées dans la barbarie en même temps que la civilisation des peuples qui avaient cultivé ces arts avec gloire; et si l'inquiet et jaloux despotisme des rois d'Egypte, visant apparemment à l'abrutissement de leurs sujets, n'eût concentré dans l'intérieur des temples de leurs dieux le dépôt des connaissances humaines, n'en permettant la rare manifestation au dehors que sous des formes emblématiques et dans un langage mystérieux, on saurait mieux aujourd'hui jusqu'où s'étendaient alors les progrès des lumières; et peutêtre aurait-on la preuve que, sous d'autres noms, et avec d'autres formules, les Egyptiens opéraient toutes les transformations et tous les phénomènes que la chimie et la physique produisent aujourd'hui à nos yeux étonnés. Peut-on au surplus douter de l'excellence de ces arts dans un temps et chez un peuple

dont l'histoire n'est qu'une suite de tableaux merveilleux de la puissance et de la richesse?

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Nous citons avec orgueil les noms de plusieurs de nos publicistes, de nos médecins, de nos guerriers; mais l'antiquité avait les siens aussi dont elle a légué les souvenirs à notre respect et à notre admiration; et, marque trop certaine de l'imperfectibilité de l'esprit humain, la science des lois ne paraît pas encore avoir fait de grands progrès, à en juger par l'instabilité de celles qui régissent les peuples contemporains. Le meilleur code de médecine repose peut-être dans l'observation la plus stricte des règles tracées par Hippocrate; et la stratégie moderne, en substituant l'artillerie volante aux chars armés de faulx, n'a rendu les guerres ni moins fréquentes, ni moins longues, ni moins sanglantes.

Si les anciens élevaient des'autels à la Pitié, ils ne pratiquaient pas les lois de cette divinité dans des enceintes consacrées, comme chez nous, au soulagement des infirmités dont étaient attaqués les malheureux privés des dons de la fortune; nos hôpitaux seraient

donc une heureuse invention due aux progrès de la civilisation, et dont tout le mérite appartiendrait aux siècles modernes ; mais les anciens connaissaient et pratiquaient l'hospitalité, et peut-être l'histoire ne noust a-t-elle pas transmis, dans tous ses détails, la manière à la fois noble, généreuse et prudente avec laquelle ils exerçaient la vertu hospitalière. Le voyageur que son extérieur recommandait à des égards particuliers, était admis à la table du maître de la maison mais peut-être un endroit retiré était-il réservé exclusivement aux malheureux qui ne se présentaient que sous les tristes auspices de l'indigence et de la maladie. Au surplus, si nos hôpitaux sont grands et multipliés,' le nombre des infortunés pour qui ils sont créés est encore plus grand, ce qui atteste peut-être l'imperfection de nos institutions charitables.

Il est une branche essentielle de l'industrie humaine, la plus utile, la plus noble, la plus ancienne, qui seule a donné naissance à toutes autres, à laquelle le siècle actuel peut avec raison se vanter d'avoir fait pren

dre un nouvel et rapide essor: je veux parler de l'agriculture. Qui nierait son état florissant en France, avancerait une erreur manifeste, capable tout au plus de tromper des aveugles. Mais l'art de féconder la terre, d'en varier les produits, de les élever en proportion du nombre des consommateurs, est-il un art nouveau? Cette aisance, cette prospérité qui brille dans les campagnes, n'ont-elles jamais été autrefois le partage des agriculteurs? N'est-ce que de nos jours que les Gouvernements ont honoré l'Agriculture? Cette science, la première cultivée par les hommes, est la première aussi dont les progrès ont été rapides. Ceux-ci ont grandi avec les besoins; et nulle part on lit l'abandon du sol nourricier ait produit la famine chez aucun peuple. Son sein a toujours fourni abondamment aux hommes leur nourriture, aux arts leurs matières premières. Sans doute d'immenses terrains sont demeurés long-temps incultes; mais leur défrichement et leur culture devaient suivre la progression des sociétés humaines; et aujourd'hui encore la charrue et la bêche ne sont-elles pas inconnues à de grandes parties du globe. Au surplus, on peut aisément

que

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