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rité, fut précipitée dans un abîme de maux, par un bras invisible, ministre des profonds secrets de la Providence.

Après avoir tracé avec sévérité, d'une main ferme et hardie, les devoirs des peuples et les devoirs des rois, il ajoute, en parlant de la France: Pour faire l'éloge de cette contrée aimée du ciel, il me suffira de citer le proverbe vulgaire Y a-t-il un plus beau pays que la France ! »

Ah! sans doute, Messieurs, croyons-en le proverbe vulgaire; il n'y a pas un plus beau pays que la France: voilà ce que disent les étrangers voilà ce qui est dans le cœur de tous les Français !

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SUR L'ÉTAT

COMPARE

DES SCIENCES ET DES ARTS,

ET PARTICULIÈREMENT DE L'AGRICULTURE

CHEZ LES ANCIENS ET CHEZ LES MODERNES

PAR M. VANZUT.

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil: Cet adage est bien vieux, et cependant il n'a rien perdu de sa justesse. Il ne doit pas être rangé dans la classe des paradoxes dont l'audace s'évanouit au jour d'une saine critique, ni dans celle des préjugés qu'affaiblissent insensiblement les progrès de la philosophie. Ainsi les mêmes phénomènes se représentent sans cesse sur la terre, sur les mers et dans les cieux. Ainsi l'esprit humain semble tourner éternelle. ment dans un cercle dont les différents degrés sont marqués par des vérités, des erreurs, des vertus, des vices, par la force et par la faiblesse.

L'homme est disposé à admirer le travail ingénieux de certaines espèces d'animaux ou d'insectes; mais ces travaux sont toujours les mêmes; l'instinct qui les produit est resserré dans d'étroites limites: il lui est interdit de varier l'objet de son application, et cette remarque vient arrêter l'essor de notre admiration. Cependant s'il existait, au-dessus de nous, une classe d'êtres favorisés du ciel par une intelligence supérieure, par des sens plus exquis, par des organes plus souples et plus vigoureux; quel jugement, à leur tour, portéraient-ils de cette pauvre espèce humaine éternel jouet des élements, des maladies des dissentions et de la misère, auxquels elle n'est encore parvenue à opposer que de faibles et impuissants abris, que de vains palliatifs, que de trompeuses réconciliations que la révolte enfin ou la plus lâche résignation ?

Partisans de la perfectibilité humaine vous vous plaisez à exalter la gloire de ces génies heureux qui ont illustré leurs siècles par de grandes actions, par des écrits où la raison est parée des charmes de l'éloquence, par d'utiles inventions dans les sciences et

dans les arts, par les prodiges de la peinture, de la sculpture, de l'architecture; et moi aussi je paie à ces mortels privilégiés les tributs de mon admiration et de ma reconnaissance; mais ces sentiments qu'il est à la fois doux et honorable de concevoir et d'entretenir, ne subjuguent pas tellement ma raison qu'ils ne me laissent apercevoir au-delà de cette immensité d'efforts glorieux, des bornes que l'homme ne peut pas plus dépasser qu'il n'est permis à la mer de franchir ses rivages. Ainsi les antiques monuments des peuples attestent, à diverses époques, les mêmes efforts et presque les mêmes succès de l'esprit humain. Les Egyptiens, les Chinois, les Indiens eux-mêmes ont, dans la plus haute antiquité, cultivé ces sciences et ces arts qui font aujourd'hui l'illustration des peuples modernes. Les guerres, les révolutions, les pestes, tous ces fléaux qui luttent sans cesse contre le bonheur de l'homme et la stabilité de ses institutions, ont trop souvent arrêté le développement de son génie, et l'ont étouffé lui-même sous les débris de ses créations. Mais semblable aux eaux d'un fleuve agité qui tendent toujours à reprendre leur niveau, on

a vu,

à de grands intervalles, le génie de l'homme soulever les masses de ces débris

accumulés des siècles de trouble et d'ipar

gnorance, faire briller de nouveau sa flamme, et s'élancer vers les hautes régions des sciences et des arts d'où il avait été précipité, et réparer ainsi ses pertes. Chacune de ces régénérations a pu être appelée, au gré de l'amourpropre des peuples, invention, progrès, perfectibilité, tandis que l'intelligence humaine, obéissant aux lois du mouvement qui. lui sont propres, ne faisait qu'atteindre un des degrés de la sphère qui la contient.

En effet, quels sont les titres des peuples modernes à la gloire exclusive de briller dans les sciences et dans les arts? Quels moyens ont-ils découverts pour conserver, défendre et embellir leur existence, qui n'aient été connus des anciens? A peine le premier homme est-il sorti des mains du créateur que déjà sont découverts les instruments qui servent à cultiver la terre. Bientôt Noë construit cette arche immense où se réfugient sa famille et un couple de chacune des innombrables espèces d'animaux. La tour de Babel s'élève; et les ouvriers de cet édifice mous

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