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que c'était par l'exemple que l'instruction devait arriver jusqu'à cette classe, et que l'expérience, justifiée par le succès, était le seul moyen de la soustraire au funeste empire de la routine. Il s'attacha donc, ainsi que ses émules dans la carrière des améliorations utiles, à conseiller aux grands propriétaires ruraux toutes celles dont le succès ne pouvait être douteux et devait entraîner, par l'avantage des résultats, la ruine de quelques vieux préjugés. Si plus de cent mille arpens, dans la scule généralité de Paris, ont été alors enlevés aux jachères et convertis en prairies artificielles, M. Parmentier doit être compté au nombre des agronomes zélés à l'influence desquels on en a eu l'obligation. L'autorité se faisait, comme aujourd'hui, un devoir de favoriser cette impulsion. Dans l'un des domaines du Roi, avait été formée une ferme expérimentale. Tous les esprits étaient tournés vers l'agriculture. Concourir à la propagation des bonnes méthodes était l'objet de la noble ambition de notre habile correspondant. C'est cet esprit que portait M. Parmentier, et qu'il s'estimait heureux de trouver dans l'ancienne Société royale de Paris, esprit

qui se manifestait par nombre d'excellens écrits. Puisqu'il avait été long-temps utile par elle et avec elle, on concevra sans peine combien il dut être satisfait de la voir renaître et se réunir à la voix d'un ministre, ami de la charrue, passionné pour l'art agricole, et promoteur éloquent autant que protecteur éclairé de tout ce qui pouvait favoriser ses progrès.

Vous parlerais-je, Messieurs, de la part qu'a eue M. Parmentier à la nouvelle édition du Théâtre d'Agriculture d'Olivier de Serres, dont il avait conçu le projet, il y a plus de vingt ans. Sa place était par conséquent marquée parmi les savans coopérateurs de cette belle entreprise qui accommode à notre instruction actuelle un ouvrage si ancien et si utile, et nous force à la reconnaissance pour un siècle auquel le nôtre paraissait peu disposé à croire qu'il pouvait avoir des obligations dans les sciences natu→ relles. Le nom d'Olivier de Serres vient assez naturellement se placer à côté de celui de Montagne. Tous deux ont été de grands observateurs et des peintres fidèles, l'un de la nature physique, l'autre de la nature

morale. On voit que chacun d'eux a voulu composer un livre de bonne-foi. Tous deux ont été contemporains d'HENRI IV. Cette époque et la physionomie de leur style semblent consacrer et nous rendre plus chères les instructions qu'ils nous donnent.

On est étonné du nombre, ainsi que de la variété des objets dont M. Parmentier s'est occupé pendant son honorable carrière. Je me bornerai à en indiquer quelques-uns. Il a donné à l'ancienne Société d'Agriculture de la capitale un Mémoire sur la nature et la manière d'agir des engrais; un Mémoire sur les avantages du commerce des farines; un Mémoire sur la culture des pommes de terre, dans le terrein le plus ingrat des environs de Paris; un Mémoire sur les avantages qui qui résulteraient pour la France d'encourager la culture en grand des racines potagères. Lorsque cette Société suspendit ses travaux et ses séances pour obéir à un décret fatal rendu contre les Académies, en 1793, M. Parmentier venait de mettre la dernière main à un mémoire sur les Avantages d'économiser les grains dans l'ensemencement des terres ; des vues générales sur quelques végétaux

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exotiques, dont la culture introduite en France devait offrir de nouvelles branches de commerce; à une instruction sur la manière de conduire les moulins à bras propres à moudre les grains; à des observations concernant les effets du fanage du Mais, et de la fane de pommes de terre, sur des vaches nourries successivement avec ces deux plantes. Il avait déjà formé six volumes de ses principes d'économie rurale et domestique. Il avait commencé des recherches sur les moyens de perfectionner l'art des salaisons; sur les moyens d'améliorer l'engrais des bestiaux; sur les moyens de perfectionner l'art de préparer le sel, et de connaître, par des expériences comparatives, son effet sur les bestiaux, sur les plantes, sur les fumiers et sur les terres. Il avait ébauché plusieurs mémoires dont les titres font suffisamment connaître l'importance; mémoire sur une meilleure manipulation dans la fabrication du beurre et du fromage; mémoire pour perfectionner, étendre et multiplier la culture de tous les végétaux propres à faire de la toile; mémoire pour perfectionner, étendre et multiplier les végétaux dont on peut extraire de

l'huile; mémoire pour perfectionner, par la culture, les végétaux propres à la teinture; mémoire sur les moyens de prolonger l'usage du fourrage vert pour les bestiaux, par les racines potagères. C'est avant cette époque qu'il avait commencé à s'occuper d'une nouvelle édition du Théâtre d'Agriculture, avec des notes. Ses Collégues les plus zélés pour les progrès de la science avaient, à peu près au même temps, formé le même projet, dont l'exécution a été long-temps suspendue, parce que M. l'abbé Rozier avait aussi promis une nouvelle édition de cet intéressant ouvrage. Cette gloire était réservée à la nouvelle Société royale de Paris, et à M. Parmentier la satisfaction d'y avoir coopéré.

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Si l'on doit juger de la richesse par l'importance des tributs que l'on paye, quelle idée ne doit-on pas se former du fond si riche de connaissances d'observations et d'expériences que possédait M. Parmentier, lorsqu'on le voit fournir, à cette nouvelle Société, de savantes et utiles recherches sur l'art agronomique, et développer, dans une suite de mémoires très-instructifs, ses vues sur les moyens de préserver le froment de

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