Page images
PDF
EPUB

Élysées, fragment de la traduction en vers français de l'Énéïde de Virgile, par M. BECQUEY. Vous avez applaudi aux idées, aux sentimens, à la verve de M. CORDA dans son Épître aux mánes de M. Delille. Plusieurs de ces morceaux feront partie des lectures que vous allez entendre.

Après vous avoir entretenu des travaux de la Société pendant l'année académique qui vient d'expirer, je dois aussi rappeler les acquisitions et les pertes qu'elle a faites. Elle a admis au nombre de ses associés correspondans M. MANDEL, doyen de l'ancien Collége de pharmacie de Nancy, et membre de l'Académie de la même ville, auteur de la Dissertation jugée la meilleure au concours de l'an dernier, sur la manière de prévenir ou de guérir la maladie des vins, connue sous le nom de Graisse; M. VAUDELAUNAY, professeur de physique et de chimie au Lycée de Reims, et auteur d'un ouvrage sur l'électricité; M. Jacob KOLB, archéologue et biographe, dont nous avons rappelé les titres littéraires dans le cours de cette séance; M. SIRET, pharmacien à Provins, aussi recommandable par ses talens que par ses succès en

chimie, et M. MARTIN, maire de Noirlieu, agronome très-instruit, auquel vous devez des Observations précieuses sur une maladie des brebis.

pour

La Société a admis au nombre de ses mem bres résidans M. le baron ROUGIER DELABERGERIE, correspondant de l'Institut et de la Société royale d'agriculture de Paris, auteur d'un grand nombre d'ouvrages ou mémoires très-estimables, entre lesquels je dois particulièrement rappeler son opinion sur le récensement des bêtes à laine en France, un mémoire sur la culture, le commerce et l'emploi des chanvres et des lins la marine et pour les arts, deux objets d'un intérêt spécial pour ce Département et d'un intérêt général pour le royaume; un autre mémoire sur l'institution des Sociétés d'agriculture et sur les moyens d'utiliser leurs travaux. M. Delabergerie me pardonnera de révéler ici le secret de la grande et honorable tâche qu'il a depuis long-temps entreprise et déjà fort avancée, celle d'écrire l'histoire de l'agriculture. La plupart des arts et des sciences ont leurs histoires particulières; ce sont des élémens précieux pour

l'histoire de l'esprit humain. Il appartient à notre nouveau Collégue d'être le digne historien du premier des arts, de l'art qui se rattache de nombreux rapports à presque

par

tous les arts et à presque toutes les sciences.

[ocr errors]

Pourquoi faut-il que j'aye avec vous, Messieurs, et en votre nom, à déplorer la perte d'un de vos plus illustres correspondans, de M. PARMENTIER ce nestor de l'économie domestique et rurale, dont le nom se trouve uni à toutes les entreprises littéraires ou scientifiques qui ont eu, depuis un grand nombre d'années, pour objet cette. branche des connaissances humaines? Ai-je besoin, pour exciter ou pour exprimer vos regrets, de retracer tous ses droits à la renommée, tous ses titres à la reconnaissance publique ? Il me serait difficile même de les énumérer, et de vous présenter la nomenclature de toutes les matières sur lesquelles il a écrit. Les nombreux ouvrages qu'il a composés, les journaux dans lesquels il a fait insérer tant d'articles précieux, les recueils des compagnies savantes, qu'il a enrichis de mémoires et de rapports du plus grand intérêt, attestent l'étendue et la profondeur de

son savoir, ainsi que sa persévérance à com battre les erreurs de la routine et les préventions de l'ignorance. A l'exemple de la nature qui se plaît à prodiguer et à disséminer ses bienfaits, il s'est fait un devoir de répandre par-tout l'instruction sur la manière d'en jouir. La Feuille du Cultivateur le comptait au nombre de ses Rédacteurs. Il a composé pour la Bibliothèque des Dames, un traité succinct d'économie rurale, dans lequel il a exposé les vrais principes de la matière; c'était un précis de sa grande théorie.

La culture du maïs avait depuis long-tems excité son attention. Une Académie justement célèbre en avait fait l'objet d'un concours. Vous avez vu, dans ces derniers tems M. Parmentier compléter les idées que ce concours lui avait fait naître

pour en com

poser l'ouvrage dont il vous a fait hommage. Les autres ouvrages de sa composition, que vous avez également reçus, sur diverses préparations domestiques, chimiquement perfectionnées, ne sont que les théories développées dont il avait depuis long-tems posé les bases. M. Parmentier avait, en 1789, présenté à la Société royale d'Agriculture un

mémoire très-étendu sur la possibilité et les moyens d'acclimater en France les plantes exotiques les plus usuelles. Il commençait aussi alors à recueillir le prix de la persévérance qu'il avait mise à recommander la culture et l'usage, autrefois autrefois presque dédaigné, de la pomme de terre. Il avait fallu que la table du riche en donnât pendant plusieurs années l'exemple à la table du pauvre. On avait même eu recours à des stratagèmes pour rendre populaire et commune la consommation de cette racine. Si les succès de M. Parmentier n'ont pas toujours été aussi rapides que son zèle était vif et pur, et que ses vues étaient saines et justes, c'est qu'il faut souvent beaucoup d'efforts pour faire accepter aux hommes même des bienfaits.

Cette difficulté avait sa cause dans l'ignorance des classes ouvrières, et notamment de la classe agricole. Aveugle et craignant d'être trompée, cette classe restait attachée à des erreurs qu'elle embrassait comme des vérités, et repoussait des vérités qu'elle combattait comme des erreurs. L'instruire n'était point une tâche facile; c'est cependant ce qu'entreprit M. Parmentier. Il sentit toutefois

« PreviousContinue »