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CHAPITRE IV.

Continuation du même fujet.

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ÉSAR dit (a) que « quand un des princes déclaroit à l'affemblée » qu'il avoit formé le projet de quelque » expédition, & demandoit qu'on le fuivît, ceux qui approuvoient le chef » & l'entreprife fe levoient & offroient » leur fecours. Ils étoient loués par » multitude. Mais s'ils ne rempliffoient » pas leurs engagemens, ils perdoient la » confiance publique, & on les regardoit » comme des déferteurs & des traîtres ».

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Ce que dit ici Céfar, & ce que nous avons dit dans le chapitre précédent après Tacite, eft le germe de l'hiftoire de la premiere race.

Il ne faut pas être étonné que les rois ayent toujours eu à chaque expédition de nouvelles armées à refaire, d'autres troupes à perfuader, de nouvelles gens à engager; qu'il ait fallu, pour acquérir beaucoup, qu'ils répandiffent beaucoup; qu'ils acquiffent fans ceffe par le partage des terres & des dépouilles, &

(e) De bello Gallico, liv. VI.

qu'ils donnaffent fans ceffe ces terres & ces dépouilles; que leur domaine. grofsît continuellement, & qu'il diminuât fans ceffe; qu'un pere qui donnoit à un de fes enfans un royaume (a), y joignît toujours un tréfor; que le tréfor du roi fût regardé comme nécessaire à la monarchie; & qu'un roi (b) ne pût même, pour la dot de fa fille, en faire. part aux étrangers, fans le confentement des autres rois. La monarchie avoit fon allure, par des refforts qu'il falloit toujours remonter.

I

CHAPITRE V.

De la conquête des Francs.

que

L n'eft pas vrai les Francs, entrant dans la Gaule, ayent occupé toutes les terres du pays pour en faire des fiefs. Quelques gens ont penfé ainfi, parce qu'ils ont ont vu, fur la fin de la

(a) Voyez la vie de Dagobert.

(b) Voyez Grégoire de Tours, liv. VI, fur le mariage de la fille de Chilpéric. Childebert lui envoie des ambaffadeurs, pour lui dire qu'il n'ait point à donner des villes du royaume de fon pere à fa fille ni de fes tréfors, ni des ferfs, ni des chevaux, ni des attelages de bœufs, &c.

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feconde race, prefque toutes les terres devenues des fiefs, des arriere- fiefs, ou des dépendances de l'un ou de l'autre mais cela a eu des caufes particulieres qu'on expliquera dans la suite.

La conféquence qu'on en voudroit tirer, que les Barbares firent un réglement général pour établir par-tout la fervitude de la glebe, n'eft pas moins fauffe que le principe. Si dans un temps où les fiefs étoient amovibles, toutes les terres du royaume avoient été des fiefs ou des dépendances de fiefs, & tous les hommes du royaume des vaffaux ou des ferfs qui dépendoient d'eux; comme celui qui a les biens a toujours auffi la puiffance, le roi, qui auroit dif pofé continuellement des fiefs, c'est-àdire de l'unique propriété, auroit eu une puiffance auffi arbitraire que celle du fultan l'eft en Turquie; ce qui renverse toute l'histoire.

CHAPITRE VI.

Des Goths, des Bourguignons & des

Francs.

Latious Germaines. Les Wingoths

Es Gaules furent envahies par les

occuperent la Narbonnoife & presque tout le Midi; les Bourguignons s'établirent dans la partie qui regarde l'Orient; & les Francs conquirent à peu près le refte.

Il ne faut pas douter que ces ba bares n'ayent confervé dans leurs conquêtes les mœurs, les inclinations & les ufages qu'ils avoient dans leur pays; parce qu'une nation ne change pas dans un inftant de maniere de penfer & d'agir. Ces peuples, dans la Germanie, cultivoient peu les terres. Il paroît, par Tacite & Céfar, qu'ils s'appliquoient beaucoup à la vie paftorale; auffi les difpofitions des codes des lois des Barbares roulent-elles prefque toutes fur les troupeaux. Roricon, qui écrivoit l'histoire chez les Francs, étoit pasteur.

CHAPITRE VII.

Différentes manieres de partager les

L

terres.

ES Goths & les Bourguignons ayant pénétré, fous divers prétextes, dans l'intérieur de l'empire, les Romains, pour arrêter leurs dévaftations furent obligés de pourvoir à leur fubfiftance. D'abord ils leur donnoient du blé (a); dans la fuite, ils aimerent mieux leur donner des terres. Les empereurs, ou fous leur nom les magiftrats Romains (b), firent des conventions avec eux fur le partage du pays, comme on le voit dans les chroniques & dans les codes des Wifigoths (c) & des Bourguignons (d).

Les Francs ne fuivirent pas le même

(a) Voyez Zozime, liv. V, fur la diftribution du blé demandée par Alaric.

(b) Burgundiones partem Gallie occupaverunt, ter rafque cum Gallicis fenatoribus diviferunt. Chronique de Marius, fur l'an 456.

(c) Livre X, tit. 1, §. 8, 9 & 16.

(4) Chapitre LIV, S. 1 & 2; & ce partage fubfiftoit du temps de Louis le Débonnaire, comme il paroît par fon capitulaire de l'an 829, qui a été in féré dans la loi des Bourguignons, tit. 79, §. L

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